Urvoas : "La justice est à bout de souffle" financièrement
Un peu plus de deux mois après sa nomination, le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, dresse un état des lieux très appauvri financièrement du système judiciaire français, qui est d'après lui "sinistré, en état d'urgence absolue".
Les postes ne suffisent pas
Dans le JDD de ce dimanche, le garde des Sceaux estime que "la justice est à bout de souffle" . "Le ministère n'a plus les moyens de payer ses factures" ajoute Jean-Jacques Urvoas. D'où vient cet appauvrissement ? Le successeur de Christiane Taubira prend la précaution de doser ses remarques sur les décisions de ces dernières années. Il assure qu'"énormément d'efforts" ont été faits depuis 2012 "sur les créations de postes" , de magistrats notamment. Mais, dit-il, "les budgets de fonctionnement n'ont pas suivi" .
Des jugements en attente d'impression faute de papier
Le ministre de la Justice donne des chiffres et décrit des situations précises. "La direction de l'administration pénitentiaire a 36 millions d'euros de factures impayées pour des hospitalisations de détenus " avance-t-il. Le ministre évoque aussi une dette de l'Etat "de 170 millions d'euros" en frais d'interprètes, de laboratoires d'analyses ADN, d'experts, d'écoutes téléphoniques. "Je connais même un tribunal où on n'imprime plus les jugements, parce qu'il n'y a plus d'argent pour les ramettes de papier", ajoute-t-il.
Que peut donner cette situation d’un ministère sans finances ? "Le risque existe que (la justice) se grippe", d'après le garde des Sceaux.
Dans cet entretien au Journal du Dimanche , le ministre fait aussi la part des choses avec les projets à venir. Il maintient sa volonté de mener à bien le projet de réforme constitutionnelle sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), destiné à renforcer l'indépendance des magistrats.
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