Cet article date de plus de douze ans.

Un duel de chiffres et de styles

Lors du plus long débat jamais diffusé entre les deux tours de la présidentielle (2h50), François Hollande et Nicolas Sarkozy n'ont pas prononcé de formule culte. Mais les deux candidats se sont accrochés sur de nombreux sujets : le chômage, le commerce extérieur, le modèle allemand, la dette, l'éducation, l'immigration et l'intégration, le nucléaire et l'Afghanistan.
Article rédigé par Alexandre Chassignon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Le tirage au sort l'avait désigné. C'est François Hollande qui a commencé à parler, et s'est donc retrouvé en position d'interpeller Nicolas Sarkozy sur son bilan. Il a regretté les performances de l'économie françaises face à l'Allemagne. "Nous sommes aujourd'hui à 0,7% de croissance, quand les Allemands sont à un peu plus de 1% et les États-Unis à 2% ".

"Selon le BIT, lui a répondu Nicolas Sarkozy, le chômage a augmenté de 422.000 entre 2007 et 2011, soit
18,7%. Sur la même période, il a progressé de 39,6% dans la zone
euro. Donc nous avons un taux de chômage qui a augmenté deux fois moins
que celui de nos partenaires
".

"Dire que nous avons fait des cadeaux aux riches, c'est un mensonge, vous êtes un calomniateur" - Nicolas Sarkozy

Les chiffres ont volé, dans les deux sens, au cours de la première heure du débat, consacrée à l'économie. Chaque candidat a presque systématiquement nié la véracité des statistiques avancées par l'autre.

Les accrochages se sont aussi multipliés sur les grands dossiers, comme les impôts. "Aller dire qu'il n'y a plus d'impôt sur la fortune,
que nous avons fait des cadeaux aux riches, c'est une calomnie, c'est un
mensonge
, s'est indigné Nicolas Sarkozy. Vous êtes un petit calomniateur. "

"Vous n'êtes pas capable de tenir un raisonnement sans être désagréable
avec votre interlocuteur,
lui a répliqué François Hollande. Et vous dites que vous êtes un président
rassembleur ?
"

"Vous avez
toujours un bouc émissaire : les régions, la crise... Ce
n'est jamais de vote faute" - François Hollande

Nicolas Sarkozy a plusieurs fois confronté François Hollande aux critiques d'autres socialistes, prononcées au moment de la primaire. "Si la TVA anti-délocalisation est une si mauvaise idée, on se demande pourquoi Manuel Valls, votre propre porte-parole, en a fait son principal thème de campagne pendant la primaire socialiste ! "

Offensif, François Hollande n'a pas hésité à couper Nicolas Sarkozy pour le corriger ou recadrer des propos. Il a aussi attaqué sa stature en l'accusant de changer d'avis, par
exemple sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux
municipales : "Vous y étiez favorable en 2008. Vous changez de position : vous avez le droit ."

Stature contre stature

Chaque candidat a aussi contesté à l'autre toute stature présidentielle. François Hollande a choisi l'angle de la responsabilité : "Avec vous, c'est très simple, ce n'est jamais de votre faute. Vous avez
toujours un bouc émissaire : les régions, Pôle emploi, la crise... Ce
n'est jamais vous
."

Nicolas Sarkozy a choisi le thème de la normalité : "La fonction de président de la République n'est pas une fonction normale, et la situation n'est pas une fonction normale. Votre normalité n'est pas à la hauteur des enjeux ."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.