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UMP : un mois de crise et de psychodrame

L'accord trouvé lundi soir entre François Fillon et Jean-François Copé semble mettre un point final à la crise à l'UMP. En se mettant d'accord sur un nouveau vote à l'automne 2013 pour élire le président du parti, les deux hommes enterrent la hache de guerre. Les séquelles de cette crise de pouvoir seront toutefois "lourdes pour le parti" explique Jean-Pierre Raffarin. Retour sur ce bras de fer qui a débuté le 18 novembre dernier.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Gonzalo Fuentes Reuters)

Un vote contesté

Le dimanche 18 novembre , 300.000 adhérents sont appelés à
choisir le président de l'UMP. Ils ont le choix entre deux candidats,
Jean-François Copé et François Fillon. Les deux hommes se sont affrontés durant
une
campagne parfois dure
. Dès la fin des opérations de vote, le clan Copé
dénonce des irrégularités dans les Alpes-Maritimes puis
le secrétaire général du parti prend tout le monde de court en se déclarant
vainqueur
. Quelques minutes après, François Fillon revendique aussi la
victoire assurant qu'il ne "lâcherait rien ".

Deux camps déchirés

Le 19 novembre, la France découvre la Cocoe, la Commission
de contrôle des opérations électorales de l'UMP. Elle proclame Jean-François
Copé vainqueur avec 50,03% des voix. François Fillon prend alors acte de sa
défaite tout en dénonçant "une fracture morale et politique ". Le
député UMP Thierry Mariani prend le temps d'ironiser sur Twitter.

Le
21 novembre
, François Fillon se ravise et revendique à nouveau victoire. Il
y a eu, explique son entourage, des votes oubliés de trois fédérations
d'Outre-mer. Tout en expliquant qu'il renonce à la présidence de l'UMP, il
menace de saisir la justice. La tension entre les deux camps monte d'un cran.
Alain Juppé propose une médiation.

Le
22 novembre
, Jean-François Copé refuse la proposition d'Alain Juppé. Il
explique alors qu'il va saisir la Commission des recours alors que dans le même
temps, la Cocoe reconnaît son erreur sur les trois fédérations d'Outre-mer
conduisant à une inversion des résultats.

La médiation avortée d'Alain Juppé

Le
23 novembre
, François Fillon explique qu'un "parti politique, ce n'est
pas une mafia
". Jean-François Copé dénonce dans la foulée des propos
injurieux. Alain Juppé détaille ses propositions de médiation, acceptées par
François Fillon mais refusées par Jean-François Copé qui ne croit qu'en la
Commission nationale des recours. Des sondages commencent à montrer les dégâts
de cette crise sur l'image des deux hommes.

Le
25 novembre,
Alain Juppé – qui a rencontré les deux rivaux – explique qu'il
renonce à sa médiation. "Les conditions d'une médiation ne sont pas
réunies"
, affirme le maire de Bordeaux. François Fillon affirme alors
qu'il va saisir la justice sur le vote du 18 novembre. "Nos valeurs
sont plus fortes que les aigreurs d'un ancien Premier ministre"
,
rétorque La députée Valérie Rosso-Debord, proche de Jean-François Copé.

François Fillon lance le R-UMP

Le 26 novembre , la Commission des recours proclame la
victoire de Jean-François Copé avec 952 voix d'avance. La rupture entre les
deux camps est consommée.

Le 27 novembre, François Fillon annonce la
création d'un nouveau groupe parlementaire
, le R-UMP (Rassemblement-UMP).
Il explique que ce groupe s'auto-dissoudra si un nouveau scrutin est organisé
dans les trois mois. Dans le même temps, sous la discrète pression de Nicolas
Sarkozy, François
Fillon et Jean-François Copé se rencontrent
. Jean-François Copé propose un
référendum sur un nouveau vote.

Le
28 novembre
, une fois de plus, l'apaisement n'est que de courte durée
puisque Jean-François Copé annonce qu'il renonce à un référendum. Il avait
sommé François Fillon de dissoudre le R-UMP. L'ex-Premier ministre a refusé
l'ultimatum. "Les discussions sont terminées" , explique le
clan Copé.

Le 2 décembre , Jean-François
Copé propose un référendum en janvier
et un nouveau vote en mars 2014,
après les municipales. Trop lointain, lui rétorque François Fillon.

Le dialogue renoué

La semaine du 3 au 11 décembre est marquée par de multiples
rencontres (cinq en tout) entre les deux hommes qui ne parviennent
pas à s'accorder sur une date pour un nouveau vote
. Chacun campe sur ses
positions. Par ailleurs, les militants semblent déboussolés par cette crise, comme
en Alsace
.

Le 16 décembre , les discussions reprennent entre les deux
hommes
et un accord se profile. Jean-François Copé est prêt "dans un souci
d'apaisement"
à une nouvelle élection en septembre 2013. François Fillon
se félicite que son rival accepte un vote "dans un délai
raisonnable".

Le 17 décembre , l'accord
de sortie de crise en sept points est signé
. Il prévoit un accord comme
annoncé une nouvelle élection pour la présidence du parti en septembre 2013 et
un renoncement à toute action en justice sur le résultat de l'élection du 18
novembre.

Le 18 décembre , sur France Info, Henri Guaino salue la
fin "d'une lamentable affaire"
. Plusieurs parlementaires de
l'UMP et du R-UMP se
félicitent aussi de la fin de cette longue lutte
. Attention, prévient pour
sa part Jean-Pierre Raffarin, "les séquelles seront lourdes dans le
parti".
Bernard Accoyer, qui voulait faire voter les parlementaires,
pense que l'UMP doit maintenant "se réinventer".

 

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