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"Tu me tues Rachida et Fillon" : trois choses à savoir sur le système Squarcini

"Le Monde" révèle l'étendue du système de renseignement parallèle mis en place par ce proche de Nicolas Sarkozy, surnommé le "Squale", après son départ forcé de la Direction centrale du renseignement intérieur.

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bernard Squarcini a été mis en examen pour "trafic d'influence". Ici, le 17 janvier 2012 à Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

Un espion ne prend jamais sa retraite. C'est le cas de Bernard Squarcini, dit le "Squale", qui a continué à s'activer dans l'ombre pour aider ses amis, après son départ forcé de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), au printemps 2012.

Le 28 septembre 2016, les juges du pôle financier l’ont mis en examen, pour, notamment, "trafic d’influence" et "détournement de fonds publics". Le Monde a eu accès à leur enquête et aux écoutes judiciaires pratiquées en mars et avril 2013 sur le téléphone portable de Bernard Squarcini.

Elles révèlent l'étendue du système de renseignement parallèle mis en place par l'ex-espion au service de ses amis politiques, hommes d'affaires et policiers.

Une note sur Cahuzac pour Sarkozy

En avril 2013, l'affaire Cahuzac éclate. Nicolas Sarkozy y aurait vu l'opportunité de déstabiliser le pouvoir socialiste en prouvant que François Hollande était au courant des comptes secrets de son ministre.

Le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy demande alors à Bernard Squarcini de lui fournir une note confidentielle à ce sujet. Cette dernière, datée du 15 avril 2013, a été retrouvée dans un coffre de l'ancien espion. "Il est question que M. Hollande aurait été mis au courant des problèmes de M. Cahuzac et qu’il aurait refusé sa démission avant les aveux officiels" rapportent les enquêteurs, selon Le Monde.

Squarcini à NKM : "Tu me tues Rachida et Fillon"

Depuis son départ de la DCRI, Bernard Squarcini s'est reconverti dans la sécurité privée, s'occupant notamment de la protection de la famille de Bernard Arnault, patron de LVMH. Mais il continue à s'intéresser de près à la politique française. C'est le cas au moment des élections municipales à Paris, pendant lesquelles il va essayer de ménager les intérêts du couple Tibéri aux dépens de Rachida Dati et François Fillon, deux ennemis.

Au téléphone avec la candidate de droite Nathalie Kosciusko-Morizet, qui doit constituer les listes municipales, il lance : "Bon, allez, tu me tues Rachida et Fillon." Elle lui répond alors : "Je vais te dire, le meilleur moyen de la tuer, c’est d’éteindre (…). Et Fillon, c’est pareil, faut pas le tuer publiquement, faut l’éteindre."

Suivra un échange moqueur sur l’identité du père de la fillette de Rachida Dati, sur laquelle avait enquêté la DCRI de Squarcini.

Quand Squarcini efface un fiché "S"

Les enquêteurs ont découvert que Bernard Squarcini avait conservé des liens très étroits avec certains services de la Direction centrale du renseignement intérieur, devenue Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Parmi les services rendus à leur ancien patron, Le Monde a listé : "Un officier qui, à ses heures perdues, traduit en anglais des documents pour M. Squarcini, un major qui interroge tous les fichiers confidentiels possibles pour identifier les profils de dizaines de noms donnés par M. Squarcini."

Bernard Squarcini a même obtenu la suppression d'une inscription au fameux fichier "S" pour un milliardaire russe.

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