Tollé après les propos de Jean-Marie Le Pen, sauf au FN
Depuis la tuerie en Norvège, la direction du Front national est à la manœuvre pour tenter de déminer le terrain, et se démarquer d'Anders Breivik, devenu le gênant symbole de l'influence des idées d'extrême-droite.
Le FN croyait s'être sorti des eaux troubles en catapultant vers la commission de discipline un obscur petit candidat aux élections cantonales de mars dernier, qui avait sur son site internet tenu des propos élogieux envers Anders Breivik. Quelque jours avant, c'est Laurent Ozon, membre du bureau politique du Front, qui avait été rappelé à l'ordre pour des messages sur Twitter expliquant que l'immigration est à l'origine du drame. Rappel à l'ordre assorti d'un communiqué condamnant fermement le massacre. Mais c'est alors que le sol s'est dérobé sous les pieds de la direction frontiste.
Silence gêné au FN
Que faire en effet quand c'est le créateur du parti, son président d'honneur et père de sa présidente actuelle, celui que les militants appellent affectueusement et respectueusement “le chef”, qui tient des propos semblant justifier le geste d'Anders Breivik ? Propos tenus vendredi soir dans une vidéo en bonne place sur la page d'accueil sur site officiel du FN.
“La situation me paraît grave non pas par cet accident d'un individu qui sous l'effet d'une folie, fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens. Ce qui me paraît plus grave c'est la naïveté et l'inaction du gouvernement norvégien qui n'a pas pris la mesure du danger mondial que représente l'immigration massive”, déclare Jean-Marie Le Pen dans la vidéo.
Une position qui rejoint finalement celle de Laurent Ozon. Mais cette fois, pas de communiqué, ni d'ostracisation de la direction du FN. Après un week-end de silence, du moins officiel, Marine Le Pen se contente de rappeler que son parti a condamné “de manière très claire” l'attaque qui a fait 77 morts et dénonce en revanche une “récupération politicienne” de ses adversaires.
Car les propos de Jean-Marie Le Pen ont suscité de nombreuses réactions à gauche et à droite. Martine Aubry dénonce des mots qui “salissent la mémoire des victimes et des blessés d'Oslo et d'Utoya”. Plus tard, Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l'UMP a estimé que “les Français doivent pouvoir connaître la réalité des fondements idéologiques du FN, cette réalité étant clairement incarnée par son fondateur”. Ce matin, la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a qualifié d'indécents les déclarations de Jean-Marie Le Pen qui tentent de “justifier l'injustifiable”. Et elle dénonce le “silence assourdissant” de Marine Le Pen.
Grégoire Lecalot, avec agences
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