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Sondage : Nicolas Sarkozy dispose d'une modeste réserve de voix pour le second tour

Le dernier sondage BVA publié mercredi 7 décembre dans Le Parisien-Aujourd'hui en France montre un arrêt du recul des intentions de vote en faveur de François Hollande. Avec un score de 35%, le candidat du PS a 10 points d'avance sur Nicolas Sarkozy.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Hollande et Nicolas Sarkozy en discussion dans la zone d'activité de Tra-le-Bos - Egletons (Corrèze) en avril 2011 (PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP)

Le dernier sondage BVA publié mercredi 7 décembre dans Le Parisien-Aujourd'hui en France montre un arrêt du recul des intentions de vote en faveur de François Hollande. Avec un score de 35%, le candidat du PS a 10 points d'avance sur Nicolas Sarkozy.

François Hollande a-t-il achevé un cycle de recul dans les sondages ? Le candidat du PS à l'élection présidentielle est-il calé à un palier dans les intentions de vote ? Nicolas Sarkozy, de son côté, se trouve-t-il en fâcheuse position ? Ces questions peuvent se poser à la lecture du dernier sondage BVA publié mercredi par Le Parisien-Aujourd'hui en France.

Cette enquête permet de faire une double constatation : le recul enregistré par François Hollande depuis la mi-octobre et l'ascension concomittante de Nicolas Sarkozy marquent un coup d'arrêt.

Avec 35 % d'intentions de vote, le candidat socialiste gagne 3 point par rapport à la mi-novembre - 39 % à la mi-octobre à la sortie de la primaire PS, 36 % début novembre et 32 % à la mi-novembre - alors que le président de la République, à 24,5 %, en perd 2,5 - 23 % à la mi-octobre, 25 % début novembre et 27 % à la mi-novembre - avec une forte activité sur la scène nationale et européenne relayée par l'UMP.

M. Hollande dispose donc de plus de 10 points d'avance sur le président sortant dans les intentions de vote au premier tour. Ce "gap" s'accroit considérablement au second tour - au point d'être irréaliste - pour atteindre 18 points : 59 % contre 41 %.

En dehors du second tour atypique de la présidentielle de 2002 - Jaques Chirac contre Jean-Marie Le Pen -, tous les autres ont été plus serrés depuis le début de la Ve République.

Bayrou et Mélenchon amorcent une percée

Candidate du Front national, Marine Le Pen reste en troisième position avec 17 % des intentions de vote (-1 point par rapport à la mi-novembre). Elle devance deux candidats qui semblent amorcer une percée dans les enquêtes d'opinion : François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon.

Le candidat centriste, qui a annoncé officiellement sa candidature mercredi 7 décembre, décroche 9 % des intentions de vote (+ 2 points par rapport à la mi-novembre) et celui du Front de gauche 7 % (+2 aussi). Ils commencent réellement à structurer leur électorat dans les sondages.

Si Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, semble sur une pente savonneuse avec 3% des intentions - elle était à 5 % début novembre, puis à 4 % mi-novembre -, elle surnage cependant devant les "petits candidats".

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), Jean-Pierre Chevènement (Mouvement républicain et citoyen), Corinne Lepage (Cap 21), Hervé Morin (Nouveau centre), Dominique de Villepin (République solidaire), Christine Boutin (Parti chrétien-démocrate), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) et Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et traditions) font chacun entre 0 % et 1 %.

Ces dix candidat obtiendraient, tous ensemble, moins de 5% des intentions de vote si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain.

Le double handicap de Sarkozy

Cette étude de BVA, comme celles d'autres instituts de sondage ces derniers jours, montre que le chef de l'Etat - il n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature tout en menant une campagne officieuse -, souffre d'un double handicap à moins de cinq mois du scrutin : il ne parvient pas à enclencher une dynamique de premier tour et il est guetté par une absence de désistements conséquents au second.

En 2007, le candidat Sarkozy avait bâti sa victoire dès le premier tour en réalisant un vaste rassemblement. Celui-ci mordait sur le centre-gauche et s'enhardissait dans les terres d'extrême droite. Il lui avait permis de franchir le seuil de 30 % des suffrages exprimés. Il avait obtenu 31,18 %, soit un score sensiblement identique à ce que lui promettaient les sondages en... octobre 2006.

Le score actuel de Marine Le Pen - son père n'a jamais été crédité d'un tel pourcentage à une date aussi éloignée de la consultation - lui interdit, pour le moment, de réaliser le même rassemblement. D'où la campagne insistante des tenors de l'UMP sur le thème de "l'union nationale". Et la contre-offensive du parti d'extrême droite sur celui des "patriotes".

Encore du chemin à parcourir pour convaincre

Pire encore, Nicolas Sarkozy ne dispose que d'une modeste réserve de voix pour le second tour.

A droite d'abord. Le président sortant pourrait essentiellement compter sur un report de deux tiers des voix du premier tour de Marine Le Pen. Sept électeurs sur dix de François Bayrou iraient plutôt vers François Hollande et plus de la moitié des partisans de Dominique de Villepin et de Christine Boutin feraient le même choix.

A gauche, le palmarès n'est pas bien meilleur pour Nicolas Sarkozy. A l'exception des voix de Jean-Pierre Chevènement, selon ce sondage, le report des suffrages recueillis par les autres candidats de gauche et d'extrême gauche se fait massivement sur François Hollande.

Autant dire qu'à moins de 150 jours du premier tour, Nicolas Sarkozy a encore du chemin à parcourir pour convaincre. Mais il peut toujours se consoler en pensant au retour inattendu que Jacques Chirac avait effectué dans la campagne présidentielle de 1995. Il avait coiffé sur le fil Edouard Balladur, le champion de Nicolas Sarkozy à l'époque à qui on prédisait une élection royale... à cinq mois du scrutin.

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