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Sénatoriales : explosion de joie à gauche, l’Elysée prend acte

Ce n’était jamais arrivé sous la Vème République. Le Sénat, historiquement à droite, bascule à gauche. Avant même les résultats officiels, l'annonce de la victoire par le président du groupe PS Jean-Pierre Bel a déclenché dimanche soir une explosion de joie dans les rangs de l’opposition. Du bout des lèvres, la droite prend acte de sa défaite et tente de minimiser l'impact de ce scrutin sur l'élection présidentielle de 2012.
Article rédigé par franceinfo
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La victoire est belle pour la gauche et elle est historique. "Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le Sénat va connaître l'alternance", s'est réjoui en milieu de soirée le président du groupe socialiste au Sénat, Jean-Pierre Bel, qui n’a pas attendu la publication des résultats définitifs pour annoncer la victoire de son camp.

Le PS rêve déjà d’une sénatoriale "bis" en 2012

Le favori des sondages pour la primaire socialiste, François Hollande, qui était arrivé un peu après 19h au Palais du Luxembourg, a qualifié sur France info l’échec de Nicolas Sarkozy de "traumatisme". "Nicolas Sarkozy sera le président de la République de droite qui aura perdu la majorité au Sénat", a-t-il ajouté le député de Corrèze devant la presse. François Hollande pour qui cette victoire de la gauche est "d'une certaine façon prémonitoire de ce qui va se passer en 2012".

Un rêve partagé par Harlem Désir. Ce qui s'est exprimé aujourd'hui, c'est une sanction à l'égard de l'UMP. (...) C'est un signe encourageant pour 2012", a réagi le Premier secrétaire par intérim du PS.

Victoire historique et vote sanction, selon l'opposition

Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste : ce résultat est une "sanction d'une sévérité extrême de la politique de la droite". Il "marque un très profond rejet par les élus locaux - qui sont ainsi au diapason des Français - de la politique injuste et inefficace du système sarkozyste qui plonge le pays dans l'une des pires crises économiques et morales qu'il ait connue".

Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à l'élection
présidentielle, dans un communiqué: "Ce soir, la Ve République vit un tournant historique. Les grands électeurs de toute la France ont choisis de mettre fin à 'l'anomalie démocratique'."

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, dans un
communiqué: "La citadelle de la droite est tombée !" "C'est une sanction sans appel de la politique gouvernementale."

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, dans un communiqué : "C'est une véritable gifle que les grands électeurs ont envoyée à ceux qui ont écorné la solidarité territoriale, principe fondamental de notre République."

Hervé Morin, président du Nouveau centre, dans l’émission Radio France Politique : les grands électeurs ont "sanctionné le parti du président".

L’UMP s’y attendait…

Pour le chef de file de l’UMP Jean-François Copé, "la défaite" de la droite au Sénat est "une déception mais pas une surprise" aux vues "des défaites locales successives" depuis 2004. De son côté, François Fillon préfère parler de "forte poussée de la gauche", "accentuée par les divisions de la majorité".

"Nous n'aurions pas eu autant de divisions, nous aurions encore la majorité aujourd'hui au Sénat", déplore sans détour l’UMP Jean-Claude Gaudin qui s’attendait dimanche soir à ce que la victoire de la gauche se joue à une ou deux voix près.

… mais s’accroche à la Présidence

"C'est au troisième tour que se dessinera vraiment la majorité sénatoriale" avec l'élection du président du Sénat, le 1er octobre, a cependant nuancé Jean-François Copé.

Et Gérard Larcher ne compte pas céder son fauteuil aussi facilement. "La poussée de l'opposition est réelle et plus ample que je ne l'avais estimée", a reconnu le président (UMP) sortant du Sénat, qui s’est dit déterminé à être candidat malgré tout.

Le sénateur UMP Jean-Pierre Raffarin veut croire que "rien" n'est "joué" pour cette dernière partie.

Objectif 2012

L'Elysée a très rapidement pris "acte" du résultat des sénatoriales, "conséquence" des succès locaux de la gauche, mais dans le camp de la majorité, pas de défaitisme affiché.

"Les vrais rendez-vous, c'est l'année prochaine", avec la présidentielle et les législatives, a dit Jean-François Copé, tandis que François Fillon lançait un appel au ressaisissement de ses troupes. "Le moment de vérité aura lieu au printemps prochain. Ce soir, la bataille commence", a prévenu le Premier ministre dans un communiqué.

Si sur un plan purement politique, la bascule du Sénat à gauche devrait avoir un impact limité sur l'action du gouvernement, le dernier mot
revenant à l'Assemblée nationale, à sept mois de la présidentielle, le revers reste sévère sur le plan symbolique.

Cécile Mimaut, avec agences

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