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Sénat à gauche: un "séisme", juge la presse

"Une victoire historique de la gauche", répètent ce lundi les éditorialistes de la presse nationale et régionale après le changement de majorité à la Haute assemblée. Un changement qui est un "camouflet personnel" pour Nicolas Sarkozy, ajoutent-ils.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'hémicycle du Sénat (AFP - JOEL SAGET)

"Une victoire historique de la gauche", répètent ce lundi les éditorialistes de la presse nationale et régionale après le changement de majorité à la Haute assemblée. Un changement qui est un "camouflet personnel" pour Nicolas Sarkozy, ajoutent-ils.

"Le Sénat, cette chambre qu'on disait 'imprenable', qu'on disait éternellement 'conservatrice', en tout cas imperméable aux influences du 'pays réel', cette chambre de droite vient de tomber comme un fruit mûr", observe Jean-Claude Soulery dans La Dépêche du Midi". "L'événement est évidemment historique puisque la Haute assemblée était depuis cinquante-trois ans propriété du centre et de la droite", reconnaît Paul-Henri Limbert dans Le Figaro. "A sept mois du premier tour de l'élection présidentielle, ce basculement aura évidemment des conséquences sur la campagne électorale", ajoute l'éditorialiste du quotidien conservateur.

"Même si le terme peut sembler étrange accolé aux ors du Palais du Luxembourg et à la légendaire placidité des sénateurs, il s'agit bien d'un séisme", écrit Nicolas Demorand dans Libération. "Pour la droite, c'est d'ores et déjà une sanction électorale et surtout symbolique. Qu'un tel front s'ouvre dans le plus fortifié de ses bastions la prive, à l'orée de la présidentielle, d'une dynamique qui profite pleinement" à l'opposition, poursuit le patron du journal de gauche.

"Les défenses qui maintenaient jusqu'alors le Sénat hors d'atteinte des effets du mécontentement populaire ont cédé", analyse L'Humanité, sous la plume de Jean-Paul Piérot, Pour l'éditorialiste du quotidien communiste, "le désaveu est cinglant pour un chef de l'Etat en quête de réélection".

"Nicolas Sarkozy a sa large part dans cette déroute dont il voudrait se dédouaner", analyse lui aussi Jacques Camus dans La République du Centre. "L'automne est ensoleillé, mais décidément pluvieux sur l'Elysée. Comme si un micro climat de perturbations s'acharnait sur notre Président", constate Francis Brochet: mise en examen de "deux amis très proches", Thierry Gaubert et Nicolas Bazire; mise en cause d'un autre ami très proche, Brice Hortefeux; le Sénat tombe à gauche. "Pis, les troupes se débandent, le dissident Pierre Charon est élu, l'amie Isabelle Balkany est battue".

"Une sorte de jacquerie sénatoriale"
Alors, comment expliquer cette situation ? "L'étonnant est que la 'révolution' est venue de là où on l'attendait le moins. Elle est venue de ces fameux grands électeurs ruraux que l'on disait asservie à la droite. C'est une sorte de jacquerie sénatoriale, nourrie par les réformes inéquitables du pouvoir central, qui a alimenté une sourde insubordination", écrit Jacques Camus (La République du Centre). Une opinion que partage Xavier Panon dans La Montagne: "Les grands électeurs, les territoires, ont exprimé leur ras-le-bol de la manière dont le pouvoir les matraite avec ses réformes mal ficelées, territoriale, fiscale, la carte de l'intercommunalité à la hussarde, ou l'abaissement des services publics".

Dans le même temps, "ces votants ont traduit l'humeur des Français inquiets de l'avenir économique, indignés du manque d'équité dans la répartition des efforts face à la crise, troublés par les scandales politico-financiers qui percent au niveau judiciaire", analyse Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées. Pour Patrice Fluckiger, dans L'Alsace, "le plus grave", pour le chef de l'Etat, "n'est pas dans la perte du Sénat" mais dans "la grogne qui monte dans des couches traditionnellement acquises à la droite".

Le président de la République "vient ici de perdre toutes les élections intermédiaires depuis 2007: régionales, cantonales et sénatoriales. Avis de tempête pour 2012", observe de son côté Hervé Cannet dans La Nouvelle République. "Président-candidat, Nicolas Sarkozy peut-il se remettre de ce nouvel échec électoral, qui est aussi et surtout le sien ?", s'interroge ouvertement Emmanuel Caloyanni dans Le Courrier de l'Ouest.

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