Sarkozy met l'armée au régime sec
Une grand-messe devant un parterre de quelque 3.000 militaires, gendarmes, policiers et responsables de la sécurité civile, Porte de Versailles à Paris : Nicolas Sarkozy présente aujourd'hui aux premiers concernés les grandes lignes de la réforme des armées pour les prochaines décennies.
Ce Livre blanc de la défense, annonciateur de réductions d’effectifs, rompt avec les relents de guerre froide de son prédécesseur, publié en 1994. Exit les menaces du Pacte de Varsovie et l’invasion de la Tchécoslovaquie en cas d’attaque soviétique contre l’Ouest. Place aux cyber-attaques, au terrorisme de masse, aux pandémies, crises sanitaires et catastrophes climatiques.
54.000 postes supprimés dans les armées
Mais ce document, aussi attendu que redouté, tire également des conclusions sur le format des armées qui doivent s’attendre à une cure d’amaigrissement sans précédent depuis la fin de la conscription : 54.000 suppressions de postes sur six à sept ans, sur les 320.000 militaires qu'emploie la Défense nationale. Les trois armes seront concernées : armée de l'air (-24%), armée de terre (-17%) et marine (-11%).
Toutes ces mesures seront précisées début juillet avec l’annonce par Hervé Morin de la nouvelle "carte militaire", dont l’essentiel des arbitrages est déjà arrêté. Sur le terrain, une cinquantaine des 450 communes qui comptent une implantation liée à la défense, pourraient voir disparaître toute présence militaire sur leur territoire. Le président Sarkozy a déjà annoncé la fermeture d’une "quinzaine de bases aériennes".
Les élus locaux organisent la résistance, entre lobbying malin et soulèvements populaires, comme à Bourg-Saint-Maurice (Savoie) dimanche, où 300 manifestants ont défilé pour sauver le 7ème bataillon de chasseurs alpins (BCA) menacé de regroupement à Grenoble (Isère).
Sur le plan budgétaire, le Livre blanc fixe à 377 milliards d'euros le budget total qui sera consacré à la défense sur 12 ans. Dans un premier temps, pour tenir compte de l'objectif de retour à l'équilibre des finances publiques en 2012, ces crédits seront simplement maintenus en volume (inflation comprise). Ils augmenteront ensuite de 1% par an.
Enfin, ce Livre blanc préconise de doubler d'ici 2020 les crédits alloués au renseignement spatial. Nouvelle priorité stratégique, le renseignement militaire fera globalement l'objet d'un effort accru : achat de nouveaux équipements, en particulier des drones de surveillance, et nomination d'un "Monsieur renseignement" auprès du chef de l'Etat.
Gilles Halais avec agences
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