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Sarkozy à l'hôpital : pas de problème de moyens

Après les drames qui ont frappé l'hôpital depuis un mois, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy était à Strasbourg pour présenter ses vœux aux personnels de santé. Face aux organisations syndicales qui réclament des moyens supplémentaires, il a plaidé pour la loi "hôpital, patients, santé et territoire qui veut" réorganiser le système hospitalier.
Article rédigé par franceinfo
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Ce matin, à son arrivée au tout nouvel hôpital civil de Strasbourg, un comité d'accueil plutôt inhabituel pour une inauguration attendait Nicolas Sarkozy. Une manifestation syndicale. En pleine polémique sur les moyens accordés aux hôpitaux et après les drames qui ont frappé plusieurs établissements, les personnels de santé venaient réclamer une rallonge budgétaire au chef de l'Etat.

Dans son discours de vœux, il a certes rendu à plusieurs reprises un hommage appuyé à leur dévouement, mais il a clairement signifié que de son point de vue, les problèmes de l'hôpital ne venaient pas d'un manque de moyens.
_ Il a par ailleurs estimé une nouvelle fois que les polémiques lancées après les décès qui ont marqué la fin du mois de décembre étaient parfaitement déplacées.

Et les sherpas présidentiels se sont plongés dans les archives, permettant à leur patron de ressortir le chiffre des dépenses consacrées à l'hôpital, via l'Assurance maladie. Il affirme ainsi qu'en dix ans, de 1998 à 2008, elles ont bondi de 50%, soit 23 milliards d'euros supplémentaires : “quel autre budget de la nation a augmenté de 23 milliards en dix ans”, se demande ingénument Nicolas Sarkozy. Il insiste toutefois sur le fait que le plan investissement hôpital 2012 comporte 10 milliards d'euros de plus.

Traduction, il n'y a pas vraiment besoin de moyens supplémentaires, mais de réorganisation. Il faut que “l'argent soit plus efficace”, explique-t-il.
_ D'où un plaidoyer pour le projet de loi hôpital, patient, santé et territoire, que la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, doit porter sur les fonds baptismaux parlementaires.

Au cœur de cette réorganisation sarkozienne de l'hôpital, il y a le renforcement du poids du directeur : “toute structure a besoin d'un animateur... d'un patron... je prend des risques, là”, ironise le chef de l'Etat en jouant sur sa propre réputation de se couler en permanence dans ce costume. Il estime que ce super-directeur n'aura plus à appliquer une organisation imposée depuis Paris, mais pourra modeler son hôpital en fonction des impératifs locaux. Il aura en particuliers plus d'autonomie dans les recrutements. Nicolas Sarkozy appelle à la création d'un outil d'évaluation des hôpitaux, sur des critères communs.

Autre grand axe de la loi, la mise en réseau des hôpitaux, qui permettra de “supprimer les doublons” : “tous les hôpitaux n'ont pas la même taille, ils ne font pas les mêmes choses. Il faut mettre en réseau pour partager les compétences”.
_ Plus question de doter tous les centres hospitaliers de tous les équipements, ou du moins de tenter de le faire. Nicolas Sarkozy plaide pour une organisation territoriale entre de grands centres très complets et des centres secondaires. En renforçant les moyens de faire circuler les hommes et les informations entre chacun : plus de liaisons par hélicoptères, plus d'outils de télémédecine, surtout en zone rurale.

Il souligne par contre un renforcement des structures capables de prendre en charge les accidents vasculaires cérébraux (AVC), pour lesquels le temps d'intervention est une donnée vitale : il y aura 20 unités de plus.

Les urgences seront confiées à des structures régionales, les futures Agences régionales de santé, qui les gèreront pour “une action plus efficace sur le terrain”.

Autre réforme à venir, celle des Centres hospitaliers universitaires (CHU), qui ont eu cinquante ans. Le professeur Jacques Marescaux, fondateur de l'IRCAD (Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif), va présider un comité de sages pour réformer ces structures, jugées peu performantes sur le plan de la recherche par le chef de l'Etat. Et de ressortir des chiffres : l'Allemagne et le Royaume-Uni auraient effectué presque deux fois plus de découvertes médicales que la France ces dernières années. Et citant Robert Debré lui-même, le fondateur des CHU, qui s'exprimait en 1973, il appelle à une “révolution”.

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