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Rocard et Larrouturou : "Pourquoi les Etats doivent-ils payer 600 fois plus que les banques ?"

"Pourquoi faut-il que les Etats payent 600 fois plus que les banques ?", s'étonnent l'ex-Premier ministre Michel Rocard et l'économiste Pierre Larrouturou dans une tribune publiée dans Le Monde daté du mardi 3 janvier. Et de proposer des solutions.
Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Pierre Larrouturou, ici avec le député européen EELV Pascal Canfin (21 janvier 2010) (BORIS HORVAT / AFP)

"Pourquoi faut-il que les Etats payent 600 fois plus que les banques ?", s'étonnent l'ex-Premier ministre Michel Rocard et l'économiste Pierre Larrouturou dans une tribune publiée dans Le Monde daté du mardi 3 janvier. Et de proposer des solutions.

Les journalistes de Bloomberg ont montré, écrivent Michel Rocard et Pierre Larrouturou, qu'après la crise de 2008, "la Réserve fédérale (américaine) a secrètement prêté aux banques en difficulté la somme de 1200 milliards au taux incroyablement bas de 0;01%".

L'ancien premier ministre socialiste et l'économiste s'étonnent qu'au même moment, "dans de nombreux pays , les peuples souffrent des plans d'austérité imposés par le gouvernement auxquels les marchés financiers n'acceptent plus de prêter quelques milliards à des taux d'intérêt inférieurs à 6,7 ou 9%".

"Est-il normal", demandent-ils, " qu'en cas de crise, les banques privées, qui se financent habituellement à 1% auprès des banques centrales, puissent bénéficier de taux à 0,01%, mais que, en cas de crise, certains Etats soient obligés au contraire de payer des taux 600 à 800 fois plus élevés ?".

"La vieille dette" peut être financée "à des taux proches de 0%"

Les deux auteurs développent leurs solutions. Ils proposent que "la vieille dette" (celle accumulée depuis des années) "puisse être financée à des taux proches de 0%".

Point n'est besoin, selon eux, de modifier les traités européens : si la Banque centrale européenne "n'est pas autorisée à prêter aux Etats membres", elle "peut prêter sans limite aux organismes publics de crédit", comme la Banque européenne d'investissement ou la Caisse des dépôts. Celles-ci peuvent ensuite prêter à moindre coût aux Etats.

Ils rappellent enfin "que "le budget de l'Italie présente un excédent primaire. Il serait donc à l'équilibre si l'Italie ne devait pas payer des frais financiers de plus en plus élevés" dus au remboursement des dettes anciennes.

Une bouteille à la mer ?

L'article, à paraître également dans El Pais et La Repubblica selon Pierre Larrouturou, tient-il de la bouteille à la mer d'un ex- Premier ministre de 81 ans rangé des affaires et d'un politique en rupture de ban ?

Car, jugeant d'une "très grande médiocrité" l'accord de mandature EELV- PS, Pierre Larrouturou a claqué le 3 décembre dernier la porte d'Europe Ecologie -Les Verts." On n'a parlé que du nucléaire et rien obtenu", déplore-t-il. Il regrette que les pistes esquissées dans son ouvrage, "Pour en finir avec le krach ultime", n'aient pas été suivies. Un livre où il prône la séparation des banque de dépôts des banques d'affaires, l'investissement public dans le logement et un partage du travail plus équitable.

Après avoir quitté le parti socialiste en 2009 , EELV en 2011, ce Cassandre qui croit encore en des solutions européennes se tourne désormais vers les syndicats pour trouver à ses thèses écho et appui.

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