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"Ce n'est pas une révolution" : des associations écologistes sceptiques face au remplacement de Nicolas Hulot par François de Rugy

Dix associations écologistes ont appelé, dans une tribune publiée sur franceinfo la semaine dernière, à un "changement de cap" après la démission de Nicolas Hulot. Elles réagissent à la nomination de François de Rugy au ministère de la Transition écologique et solidaire.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François de Rugy préside une séance à l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 juillet 2018. (ERIC FEFERBERG / AFP)

On connaît désormais le successeur de Nicolas Hulot. Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a été nommé, mardi 4 septembre, au ministère de la Transition écologique et solidaire. Comment les dix associations écologistes qui avaient appelé à un "changement de cap" après la démission de Nicolas Hulot, dans une tribune publiée sur le site de franceinfo, réagissent-elles à cette annonce ? Fraîchement... Le Réseau sortir du nucléaire, qui figure parmi les signataires, "ne voit pas en quoi cette nomination est un changement de cap". "Le vrai changement aurait été qu'Emmanuel Macron prenne la mesure de cette démission, au lieu d'agir comme s'il s'agissait d'un problème personnel, comme si Nicolas Hulot n'avait pas les épaules pour être ministre", estime la porte-parole de l'ONG, Charlotte Mijeon, contactée par franceinfo.

De Rugy attendu "dès la semaine prochaine" sur certains dossiers

Le Réseau sortir du Nucléaire ne voit, en outre, "pas de révolution" dans la nomination du député de Loire-Atlantique à l'écologie. "François de Rugy est dans la ligne du gouvernement", affirme Charlotte Mijeon. "Sa position sur Notre-Dame-des-Landes était troublante", ajoute François Veillerette, directeur de Générations Futures. Les associations écologistes interrogées par franceinfo lui reconnaissent toutefois d'avoir "défendu ses convictions par le passé, notamment sur la sortie du nucléaire".

"Nous attendons François de Rugy dès la semaine prochaine sur la loi alimentation et sur l'interdiction éventuelle du glyphosate. Sur ce dossier, il s'était dit favorable à une interdiction d'ici trois ans", rappelle Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement. 

Nous espérons qu'il ne va pas oublier les promesses faites il y a quelques semaines. Il faut désormais attendre de voir ce que le nouveau ministre sera en mesure d'obtenir.

Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement

à franceinfo

"Qu'il nous prouve qu'il peut, en tant que ministre, défendre les mêmes convictions que lorsqu'il siégeait à l'Assemblée nationale", insiste Charlotte Mijeon, du Réseau sortir du nucléaire.

"Il n'y a pas d'homme providentiel"

Pour cette association, "indépendamment des convictions personnelles de François de Rugy, la question est de savoir si Emmanuel Macron a entendu le message des associations". "L'exemple de Nicolas Hulot nous a appris qu'il n'y a pas d'homme providentiel. La notoriété et l'engagement du précédent ministre ont été insuffisants pour influer sur les grands choix opérés par la France en terme d'écologie", complète Stéphen Kerckhove. Et de préciser : "Est-ce que, au sommet de l'État, on a renoncé au double discours sur l'écologie ? Est-ce qu'il y a la volonté d'être plus cohérents avec les grands discours écologiques ? Est-ce que le gouvernement est en mesure de répondre présent tant pour les grands rendez-vous internationaux que pour les décisions du quotidien ? Nous attendons de voir."

Nous allons savoir très rapidement quelle marge de manœuvre le gouvernement va laisser à François de Rugy et donc quelles sont les véritables convictions du président et du Premier ministre en matière d'écologie.

François Veillerette, directeur de Générations Futures

à franceinfo

"François de Rugy a une opportunité historique, liée à l'écho extrêmement fort qu'a eu la démission de Nicolas Hulot, assure le président de la Société nationale de la protection de la nature, Rémi Luglia, plus optimiste. Les Français ne comprendraient pas que les cadeaux faits aux chasseurs reste en vigueur, que le projet 'Montagne d'or' en Guyane ne soit pas abandonné, que les ours ne soient pas réintroduits dans les Pyrénées."

Les ONG réclament "des abritrages favorables à la nature"

L'association estime que "deux indicateurs" pourraient marquer un changement de cap au ministère. "Nous souhaitons que François de Rugy se positionne rapidement contre la fin des dérogations pour l'utilisation des néonicotinoïdes et qu'il obtienne une hausse du budget pour le Plan biodiversité, explique Rémi Luglia. Nous aimerions voir des arbitrages favorables à la nature. C'est ce que nous reprochions à Nicolas Hulot : d'avoir perdu ces arbitrages face aux intérêts économiques à court terme."

Au-delà de la nomination du nouveau ministre de la Transition écologique, Générations Futures estime, pour sa part, que l'inflexion de la politique en matière d'écologie est "aussi une affaire de rapport de force avec l'exécutif". "Si les associations et la société civile se mobilisent, le gouvernement et le président ne pourront plus seulement considérer l'écologie comme un élément de langage, assure Stéphen Kerckhove. Il leur faudra agir."

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