Remaniement : le gouvernement Fillon III dévoilé

Comme aux beaux jours de la cour royale et de ses chapeaux à plumes, le tout-Paris bruissait de rumeurs de grâces et de disgrâces depuis plusieurs semaines. Rachida Dati va-t-elle chuter ? Xavier Darcos est-il déstabilisé ?
_ L'heure de vérité a donc sonné pour les spécialistes “es sarkozie”. Et c'est par un simple communiqué de presse que tombent les bonnes réponses.

Pan sur le bec de ceux qui voyaient les principales têtes ministérielles tomber. Un des refrains favoris de Nicolas Sarkozy est de juger les changements gouvernementaux à répétition “ridicules”. La valse des maroquins est donc qualifiée d'“ajustement technique”, afin de ne pas brouiller les messages anti-crise. “Le président ne veut pas que les Français interprètent cet ajustement comme une réponse politique à la crise”, explique un proche du dossier.

• Le ministre du Travail et des relations sociales Xavier Bertrand rend tout tablier ministériel pour récupérer un autre type de maroquin : celui de secrétaire général de l'UMP. Il remplace à ce poste Patrick Devedjian, chargé de la relance par Nicolas Sarkozy début décembre.
  _ Cette partie du jeu de chaises musicales constitue aussi des étrennes empoisonnées pour le patron des députés UMP, Jean-François Copé, car Xavier Bertrand, son meilleur ennemi, reprend son siège à l'Assemblée nationale. Les deux hommes, qui nourrissent les mêmes ambitions présidentielles pour l'après Sarkozy, se détestent cordialement. Le “château” soupçonnant Jean-François Copé de ne pas faire le maximum pour étouffer les frondes au sein du groupe, la présence d'un homme sûr au palais Bourbon n'est sans doute pas pour déplaire à Nicolas Sarkozy.

• Suite du coup à trois bandes qui résume ce mini-remaniement : Brice Hortefeux, ami intime de Nicolas Sarkozy, remplace Xavier Bertrand au ministère du Travail et des relations sociales. Il quitte le ministère de l'Immigration et de l'identité nationale. Après un an et demi aux commandes de ce ministère emblématique de l'ère Sarkozy, il avance un bilan qu'il juge positif, avec plus de 28.000 reconduites aux frontières, chiffre dépassant ses objectifs. Il prend les rennes d'un secteur appelé à se retrouver au cœur du cyclône, à l'heure où les conséquences de la crise économique commencent à se faire douloureusement sentir.

• Il est remplacé par un autre symbole de “l'administration” Sarkozy : Eric Besson. L'ex-responsable des questions économiques du parti socialiste achève sa mue en s'asseyant dans un fauteuil honni par ses anciens amis. Il assume crânement en répétant que la politique d'immigration menée par son “coach” élyséen est la “seule possible”. Il avait pourtant, avant l'élection présidentielle, piloté un livre qui accusait Nicolas Sarkozy de “fabriquer des sans-papiers” en prétendant lutter contre l'immigration clandestine. Mais à l'époque, il était encore au PS.

• Nathalie Kosciusko-Morizet, jusqu'ici secrétaire d'Etat à l'Ecologie, reprend le portefeuille laissé vacant par Eric Besson. Selon l'Elysée, le poste de secrétaire d'Etat à l'Ecologie sera pourvu “dans les meilleurs délais”. C'est la seule surprise. Cheville ouvrière du Grenelle de l'environnement, elle laisse des dossiers qui lui tenaient à cœur, même si des tensions avec Jean-Louis Borloo ont parfois rendu son passage difficile.

Natalie Kosciusko-Morizet - France Inter
envoyé par franceinter

• Christine Boutin devient ministre du logement. Quoi de neuf ? Christine Boutin est en fait délestée d'une secrétaire d'Etat et donc de tout un pan de ses attributions. Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la ville passe sous la houlette de Brice Hortefeux, avec son portefeuille. Là aussi, des tensions avaient éclaté à plusieurs reprises entre les deux femmes.

• Rappelons enfin la nomination de Martin Hirsch comme Haut commissaire à la jeunesse, en plus de ses attributions précédentes. Poste dont la création a été révélée lundi par le chef de l'Etat à l'occasion de sa présentation de vœux au monde de l'Education, à Saint-Lô. Conséquence, Bernard Laporte perd la compétence jeunesse pour se concentrer sur les sports.

  D'autres changements pourraient intervenir avant les élections européennes, pour remplacer les candidats. Christian Estrosi, le maire de Nice, pourrait revenir au gouvernement via l'agriculture, Michel Barnier étant tête de liste dans le Sud-Est.
  _ Les commentateurs et autres prélats élyséens estiment maintenant qu'un véritable remaniement politique pourrait avoir lieu après ce scrutin.

  Grégoire Lecalot