Réforme des retraites : début de la concertation à Matignon
Un rendez-vous charnière pour François Hollande, et un traditionnel test pour le gouvernement. Ce jeudi s'ouvre officiellement la concertation sur la future réforme des retraites, après la remise du rapport Moreau à la mi-juin. Les discussions s'annoncent longues - elles devraient durer tout l'été - avant la présentation d'un projet de loi en conseil des ministres à la rentrée.
Et justement, ce calendrier déplaît fortement à la CGT, qui a déjà annoncé une mobilisation pour septembre prochain. Éric Aubin, membre de la direction du syndicat, craint une concertation menée au pas de charge.
À chacun ses propositions
Comme d'habitude, chacun va se présenter sur le seuil de Matignon, jeudi matin, avec sa propre idée de la future réforme des retraites.
D'abord concernant la durée de cotisation. Actuellement de 41,5 ans, elle pourrait très bien être allongée. Ce que refusent la plupart des syndicats, notamment Force ouvrière, qui entrouvre cependant la porte à une augmentation des cotisations.
Du côté du patronat, ces concertations marquent en quelque sorte le baptême du feu du nouveau patron du Medef, Pierre Gattaz, qui a remplacé Laurence Parisot mercredi. Il a déjà fait connaître ses positions : allongement de la durée de cotisation, relèvement de l'âge légal de départ en retraite (la réforme Woerth de 2010 prévoit un relèvement progressif de 60 à 62 ans dès 2017), mais justement pas de hausse des cotisations. Voici donc deux positions difficilement conciliables.
De son côté, Jean-François Roubaud, patron de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME), ne veut surtout pas que l'on alourdisse les charges sur les entreprises, tout en évoquant sans le nommer le statut des fonctionnaires.
Enfin, d'après les pistes envisagées, les retraités pourraient eux aussi être touchés : leurs avantages fiscaux seront-ils réduits ? Leur CSG augmentera-t-elle ? L'éventail des possibilités est large.
Pourquoi si vite ?
Avec cette concertation menée pendant deux mois, en plein été, le gouvernement peut donner l'impression de vouloir mener des discussions au pas de charge. Et dans les faits, le temps presse, en effet.
C'est en fait la Commission européenne qui a en quelque sorte forcé la France à lancer sa réforme des retraites au plus vite. Il s'agit d'une contrepartie accordée au fait de lui accorder un délai de deux ans pour ramener son déficit public sous les 3 % du PIB. Car pour le gouvernement, réformer les retraites, en déficit - et donc faire des économies - est devenu une obligation quasiment vitale.
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