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Rapport Gallois : espoir pour l'UMP et le patronat, rejet pour le FdG et le FN

Après la remise, lundi midi, du rapport sur la compétitivité au Premier ministre par Louis Gallois, les premières réactions ont fusé. Les uns, comme Jean-François Copé, pressent François Hollande de prendre les mesures préconisées par le rapport, tandis que d'autres expriment déjà leur défiance. Pierre Moscovici, le ministre des Finances, a assuré que le "pacte de compétitivité" présenté mardi par le gouvernement inclura un volet sur la baisse du coût du travail.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Maxppp)

Remis ce matin au Premier ministre, le rapport
Gallois a tant suscité des réactions de franches adhésion que de rejet
méfiant. A droite, tous exhortent François Hollande à suivre les
préconisations de Louis Gallois, l'ex-président d'EADS, auteur du
rapport.

Préserver le pouvoir d'achat

Notamment, la
proposition, très attendue par le patronat d'une baisse du coût du
travail. Les propositions retenues seront détaillées mardi par le
Premier ministre : le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a d'ores
et déjà assuré que le "pacte de compétitivité " présenté ce jour
là par le gouvernement inclura un volet sur la baisse du coût du
travail. "Il y aura des mesures qui porteront sur le coût du travail
car ce gouvernement ne nie pas la réalité de l'économie française, tout
en veillant à ce que le pouvoir d'achat soit préservé en 2013
",
affirmait-il dans la soirée de lundi. En précisant au passage que
l'exécutif avait, "au-delà des propositions de ce rapport, ses
propres positions, ses propres analyses, ses propres solutions
".

Un plan "cohérent " qui mérite le "soutien " (Bayrou)

Face
à la volonté affichée du gouvernement de se donner une prudente marge
de manoeuvre pour envisager les suites à donner au rapport, la droite
comme le centre appellent à suivre les préconisations de Louis Gallois
dans leur intégralité. François Bayrou, le président du MoDem, a ainsi
appelé le gouvernement à faire du rapport, qu'il estime être un "plan
cohérent qui mérite le soutien
", "l'axe principal de son action
pour le pays
".

Même son de cloche à l'UDI. "Nous
attendons de François Hollande qu'il mette en œuvre l'intégralité du
rapport
Gallois
", expliquait lundi en fin d'après-midi Jean-Christophe
Lagarde. Pour le numéro deux
du parti de Jean-Louis Borloo, il s'agit d'un "tournant pour
la réussite ou l'échec du quinquennat de François Hollande
".

Copé et la CGPME
appellent à une application rapide

A l'UMP, on ne dit
pas autre chose. "Les mesures préconisées par le rapport Gallois, moi
je les approuve totalement, elles correspondent exactement à ce que nous
souhaitons pour l'économie
", explique ainsi Jean-François

Copé .

Le secrétaire général de l'UMP a également
adressé une mise en garde à François Hollande sur les choix qu'il fera
mardi, date à laquelle le
président doit préciser quelles
mesures du rapport
il entend appliquer : "Soit
il a le courage de suivre les recommandations responsables de Louis
Gallois et
de les appliquer dès maintenant, (sans) les étaler sur cinq ans. Soit il
fait
le choix de les ignorer ou de n'en prendre que la partie la plus
consensuelle,
par exemple renforcer les filières d'exportation, et alors il va créer
non pas
un choc de compétitivité mais un choc de défiance et accélérer le
délitement de
notre économie
". 

Une urgence rappelée par Jean-François Roubaud, le patron de
la Confédération générale du patronat et
des petites et moyennes entreprises (CGPME). Pour ce dernier, favorable à
une
TVA sociale pour "pénaliser les importations " le gouvernement
doit agir " rapidement " pour faire baisser le coût du
travail
et ne pas attendre fin 2013.

"Le rapport Gallois
sonne la fin de la récréation pour la gauche"

Thierry
Mariani, lui, se satisfait que le rapport "sonne la fin de la
récréation pour la gauche
" : pour le député UMP, "Il faut enfin
que
François
Hollande prenne la mesure du retard économique que prend la France sur
la scène
internationale, et qu'il admette que, oui, il faut baisser le coût du
travail,
oui, il faut drastiquement diminuer les dépenses publiques, afin de
renforcer
notre compétitivité, seul moteur de notre croissance et de nos emplois
"

Tous n'ont pas accueilli le rapport avec autant d'enthousiasme.
Parmi eux, la députée PS des Hautes-Alpes, Karine Berger, qui a exprimé
lundi
ses réticences devant l'expression "choc de confiance " employée
par Louis Gallois. Elle y voit un langage "guerrier et viril ", " peu
propice à la croissance
", expliquant qu'à titre
personnel, elle serait hostile à une baisse des cotisations patronales
ou
salariales et compensée par une augmentation de la fiscalité sur les
ménages.

 

Matignon ne reprendra pas la proposition sur le gaz de
schiste

Autre
point sensible, celui de l'exploitation du gaz de schiste, notamment
chez les
élus Europe Ecologie- Les Verts. Arnaud Montebourg, le ministre du
redressement productif, a affirmé lundi dans la matinée vouloir "réfléchir "
à son exploitation, sujet qui "sera certainement sur la table ".

Même si l'exécutif s'oppose pour l'instant à la
fracturation hydraulique
, jugée
trop polluante, Alain Vidalies, le ministre des relations avec le
Parlement,
avait considéré lundi que le gaz de schiste ne devait pas être écarté
pour "l'éternité ".
Des propos "préoccupants " selon Jean-Vincent Placé, le
président du groupe écologiste au Sénat, pour qui un tel revirement du
gouvernement constituerait une "violation absolue " de
l'accord passé (entre) le PS et Europe Ecologie-Les Verts. Le député
EELV Noël Mamère, dans la foulée, a, à ce propos, entendu rappeler à
Louis Gallois que "ce n'est pas dans le gaz de schiste ni dans le
nucléaire qu'on trouvera des emplois
"...

Devant la levée de
boucliers, Matignon a tué le début de polémique dans l'œuf, en assurant
lundi
après-midi que le gouvernement ne reprendrait pas cette proposition.

FN
et PCF rejettent l'ensemble

L'extrême gauche comme l'extrême
droite ont fermement rejeté
le rapport dans son ensemble. Forian Philippot,  le vice-président du
Front national, y a vu "un
ramassé parfaitement indigent de poncifs ultralibéraux"
dont la
place
était à "la corbeille ", "aussi inutile que les
précédents rapports sur le même thème"
parce qu'il n'aborde pas les "deux
seuls
sujets qui comptent
", à savoir "celui de la monnaie "
et "celui du libre-échange intégral" .

Côté Parti communiste, on dénonce une "même vieille
rengaine qui nourrit les grands groupes sur le dos des salaires et
l'emploi
".
"Le rapport Gallois insisterait, après bien d'autres rapports écrits
sous la dictée du Medef, sur le besoin d'abaisser les cotisations
sociales
patronales. On connaît la chanson !
", a ironisé dans un communiqué
le PCF.

Le FMI pointe le  " problème de compétitivité *"  * de
la France

Le même jour,
le Fonds monétaire international, dirigé par Christine Lagarde, ancien
ministre
du gouvernement Fillon, a publié les conclusions de sa mission annuelle
sur l'économie
française, en soulignant que "La capacité de la France à rebondir est
aussi
contrainte par un problème de compétitivité
". Pour remédier au "problème
de compétitivité
" de la France, les experts du FMI préconisent
ainsi,
comme une partie de la droite,  une
baisse des charges financée par une hausse de la TVA, un assouplissement
du
marché du travail, et la baisse du smic...

 

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