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Quel poste vise Martine Aubry ?

Avec sa tribune dans le "Journal du dimanche", la maire de Lille se positionne à l'entame de la seconde partie du quinquennat de François Hollande. Mais dans quel but ?

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Martine Aubry et François Hollande, le 6 juin 2012, à l'Elysée. (  MAXPPP)

Elle n'est candidate à rien, si ce n'est "au débat d'idées". Voilà pour la version officielle. Mais, en disant, dimanche 19 octobre, tout le mal qu'elle pense de la politique économique du gouvernement, Martine Aubry s'est positionnée comme la chef de file de l'opposition socialiste à François Hollande et Manuel Valls. En attendant mieux ? La sortie de la maire de Lille, discrète depuis le début du quinquennat, relance supputations et hypothèses sur son avenir.

Francetv info examine les trois postes que pourrait viser l'ancienne rivale de François Hollande. 

Première secrétaire du Parti socialiste ?

Dans la foulée de la publication d'une interview accordée au Journal du dimanche, Martine Aubry a mis en ligne, sur un site dédié, ensemble-reussir.fr, sa contribution aux états généraux du Parti socialiste, organisés par le parti jusqu'en décembre. Un texte qui ressemble à un premier pas vers le prochain congrès du Parti socialise et le poste de premier secrétaire, qu'elle a déjà occupé de 2008 à 2012.

En effet, à chaque congrès, les différentes écuries du PS proposent au vote des militants leur motion, leur projet soutenu par tous les élus et membres du courant. Le premier signataire du texte qui remporte le plus de suffrages devient le premier secrétaire du PS. Comme une motion, cette contribution, intitulée "Pour réussir", est signée par d'autres élus socialistes, proches d'Aubry, comme le député frondeur Jean-Marc Germain et les anciens ministres Philippe Martin et François Lamy.

Martine Aubry "prend clairement position en vue du futur Congrès", estime la députée Karine Berger, citée par 20minutes. Un autre élu juge, dans les mêmes colonnes, qu'elle "veut reprendre le parti pour bloquer Hollande", qu'elle déteste. "C'est pour cela qu'au PS, ils mettront le congrès le plus tard possible, en 2016", poursuit cet élu. Pour le moment, aucune date n'a été fixée. La gauche du PS, en désaccord avec la ligne du gouvernement, aimerait que les militants votent en 2015. Or, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, préférerait éviter cette délicate échéance en pleine année électorale (régionales et cantonales). 

Premier ministre ?

Un autre scénario mène Martine Aubry à Matignon. Candidate malheureuse face à Jean-Marc Ayrault en 2012, la maire de Lille répétait à l'époque que le poste de Premier ministre était le seul qui l'intéressait au gouvernement. Alors que de nouvelles débâcles électorales sont à prévoir pour le Parti socialiste en 2015 avec les régionales et les cantonales, François Hollande pourrait être contraint de se séparer de Manuel Valls.

Dans ce scénario, la nomination de Martine Aubry, populaire à gauche, permettrait au président de la République de remobiliser ses troupes avant la présidentielle de 2017. Pour le moment, Martine Aubry assure qu'elle n'est pas intéressée. "Je ne suis pas dans cette logique-là. Manuel Valls est aujourd'hui au gouvernement", a-t-elle déclaré lundi sur France Inter, refusant d'"être un recours".

Candidate du PS en 2017 ?

Sondage après sondage, la candidature de François Hollande à la prochaine présidentielle est de plus en plus menacée. Selon une enquête Opinion Way pour Le Figaro, 86% des Français ne souhaitent pas qu'il se représente. Dans ce contexte, la maire de Lille figure, avec Manuel Valls et Arnaud Montebourg, parmi les prétendants crédibles. Toujours selon le sondage Opinion Way, elle figure en deuxième position (14%) derrière le Premier ministre (21%) quand on demande aux sondés qui ils aimeraient voir se présenter en 2017 si Hollande passait la main.

Si son fidèle soutien, le député Christian Paul, estime dans les colonnes du Figaro qu'il est "beaucoup trop tôt" pour envisager une candidature, les aubrystes s'y préparent tout de même. Le Nouvel Obs rapporte que sa contribution aux états généraux du PS sera envoyée par mail aux militants qui l'ont soutenue pendant la primaire pour la dernière présidentielle. Une demande d'adhésion à une association sur le point d'être créée - "pour retrouver les 43% [obtenus au second tour] de la primaire et mobiliser les déçus de Hollande", dixit un proche - accompagne cette missive. "On ne revient pas avec l'objectif de disputer à un congrès quelques places dans la direction du parti", confie un autre aubryste à l'hebdomadaire. A gauche aussi, la bataille pour 2017 est lancée.

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