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Aux côtés des frondeurs, Martine Aubry s'en prend à Hollande

Dans une interview au "Journal du Dimanche", la maire de Lille critique la politique du tandem Hollande - Valls. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Martine Aubry lors d'une conférence de presse, le 8 septembre 2014 à Lille (Nord). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Promis juré, elle n'est "candidate" à rien d'autre qu'au "débat d'idées". Cependant, dans une interview au Journal du Dimanche (pour abonnés), dimanche 19 octobre, Martine Aubry se pose tant en chef de file des frondeurs qu'en alternative à gauche. Au moment de publier sa contribution aux Etats généraux du PS, la maire PS de Lille, plutôt discrète depuis le début du quinquennat, y éreinte la politique de l'exécutif. 

Compte rendu d'une interview coup de poing. 

Une salve de critiques 

"Je ne me résigne pas (...) à la victoire de la droite en 2017", lâche la maire de Lille. Dressant un bilan d'étape de la présidence de François Hollande, elle prévient le Président ainsi que son Premier ministre, Manuel Valls : "Je demande qu'on réoriente la politique économique (...) [Il faut] emprunter le bon chemin dans les deux ans qui viennent" faute de quoi la gauche va "échouer", lance-t-elle. 

Si elle admet que l'exécutif a accompli quelques "bonnes choses", comme "le retour de la France sur la scène internationale, les moyens complémentaires donnés à la police, à la justice, à l'éducation, la retraite à 60 ans pour les longues carrières", elle plaide pour un changement de cap et met l'exécutif face à ses objectifs : "Nous avions prévu qu'à mi-mandat, la croissance serait revenue, le chômage en repli et les déficits réduits en deçà de 3 %. Ce n'est pas le cas. Il nous faut trouver au plus vite le bon réglage des politiques économiques qui permettra de sortir la France de la crise", assène-t-elle dans le JDD à la veille du vote en première lecture de la partie recettes du budget 2015.

Il faut "refaire de la politique", "donner la destination du voyage", "on n'a pas fixé le cap", déplore entre autres l'ancienne ministre du gouvernement Jospin.

Un ralliement aux frondeurs

"Regardons la vérité en face. La politique menée depuis deux ans, en France, comme presque partout ailleurs en Europe, s'est faite au détriment de la croissance", relève encore Martine Aubry, avant de préciser sa position. Une position clairement du côté des frondeurs (un qualificatif qu'elle rejette) : "Il n'y a pas d'un côté les sérieux et de l'autre les laxistes. Mais je demande une inflexion de la politique entre la réduction des déficits et la croissance". Et de plaider pour une "prise de conscience". "En tout cas, plus on sera nombreux à le dire à gauche -élus nationaux ou locaux, mais aussi dans la société civile- plus on aura une chance d'être entendus", lance-t-elle en guise d'avertissement. 

A l'unisson de ces frondeurs, elle juge d'ailleurs que "20 milliards d'euros peuvent et doivent être libérés sur les 41 milliards d'euros" d'aides aux entreprises.

Des propositions 

Martine Aubry ne prône "ni le libéralisme économique, ni le social-libéralisme" dans sa contribution aux Etats généraux du PS, publiée cette nuit. Elle dresse dans cette interview les contours de son projet. Tenante d'une "nouvelle social-démocratie", l'ex-ministre des Affaires sociales du gouvernement Jospin propose de "mieux cibler les aides aux entreprises sur celles qui sont exposées à la concurrence internationale et sur celles qui investissent et embauchent", un "plan de soutien à la croissance qui touche les ménages et les collectivités locales" ainsi qu'une "fusion" du crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice) avec le crédit d'impôt recherche.

Elle juge aussi qu'une grande réforme fiscale "est plus que jamais nécessaire pour réconcilier les Français avec l'impôt" et qu'elle est surtout "préférable à des mesures au fil de l'eau, aux allers-retours sur les mesures fiscales, aux baisses des prestations familiales ou au gel des retraites qui inquiètent les Français en situation difficile"

"Il faut en finir avec les vieilles recettes libérales. Ne perdons pas notre temps dans des débats du passé sans cesse remis sur la table par le Medef : le repos dominical, c'était il y a un siècle, l'assurance-chômage, soixante ans, les lois Auroux et les seuils sociaux, trente ans, les 35 heures, seize ans", ajoute-t-elle en visant encore à la fois le gouvernement Valls et le patronat.

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