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Primaire de la gauche : Manuel Valls va devoir "se justifier" et convaincre pour "rassembler les gauches"

Manuel Valls pourrait se lancer dans la course à l'Élysée prochainement, selon ses proches, suite au renoncement de François Hollande. Pour le politologue Olivier Rouquan, Manuel Valls peut espérer faire mieux que ses 5 % à la précédente primaire socialiste, mais il doit affronter des obstacles.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, Manuel Valls, lors d'un discours à la préfecture de Meurthe-et-Moselle, le 2 décembre 2016. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Alors que Manuel Valls devrait se lancer prochainement dans la course à l'Élysée, selon ses proches, suite au renoncement de François Hollande jeudi 1er décembre, le politologue Olivier Rouquan a estimé samedi 3 décembre sur franceinfo que le Premier ministre pouvait espérer faire mieux que son score (un peu plus de 5%) lors de la précédente primaire socialiste. Mais Manuel Valls a plusieurs obstacles à surmonter, selon l'enseignant et chercheur du centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques (CERSA).

franceinfo : Manuel Valls avait recueilli un peu plus de 5% des voix lors de la primaire socialiste de 2011, pourquoi peut-il espérer faire mieux aujourd'hui ?

Olivier Rouquan : Il y a plusieurs raisons. D'abord, il rencontre un succès d'estime dans l'opinion publique, il aurait une base sondagière assez conséquente et ça c'est le résultat de l'expérience gouvernementale qu'il a accumulé. Ça c'est le deuxième point : il semble qu'il dispose d'une crédibilité d'image qui est fondée sur l'autorité, ses choix politiques et sa capacité à tenir l'administration. Enfin, troisième point, il représente une tendance au parti socialiste qui a légèrement progressé, puisqu'on peut penser qu'elle représente aujourd'hui un peu plus que ses 5% de 2011. Cette tendance est marquée au coin à la fois de l'autorité et d'un certain libéralisme, une ouverture à l'évolution économique actuelle.

Quelles sont les faiblesses de Manuel Valls ? Le bilan du quinquennat ne risque-t-il pas d'être un boulet pour lui ?

Le bilan, il ne pourra pas s'en démarquer parce que d'abord, il compte le défendre, mais aussi parce qu'il n'a pas quitté le pouvoir assez tôt, donc il ne pourra pas faire un droit d'inventaire. Ensuite, on sait très bien qu'il a été le moteur d'un certain nombre de réformes très discutées, ou qui ne sont pas passées, comme la déchéance de nationalité, et il risque d'être interrogé sur ces points. Manuel Valls a les faiblesses liées à ses forces : aujourd'hui la tendance relativement libérale et autoritaire, elle ne rencontre pas l'adhésion de la plus grande partie des militants voire des sympathisants socialistes. Donc il va devoir convaincre, et la primaire, de ce point de vue, offrira à Manuel Valls l'occasion d'essayer de convaincre plus de monde.

Manuel Valls avait parlé de deux gauches "irréconciliables", comment peut-il espérer les rassembler ?

C'est un autre problème, Manuel Valls assume une posture un peu clivante. Il a prononcé cette phrase lui-même alors qu'il était le chef de la majorité parlementaire, une phrase qui est un peu surprenante, et un candidat à la présidentielle doit avant tout essayer de rassembler les gauches. Là encore, il va devoir se justifier par rapport à cette phrase, y compris au sein du parti socialiste. Et puis sur les politiques sociales, quel est l'apport de Manuel Valls sur ces questions, quelle est sa vision des choses? On ne le sait pas très bien, on le sait encore moins pour Emmanuel Macron, mais il va falloir là encore que Manuel Valls convainque sur ces questions, car pour l'instant il n'a pas dit grand-chose.

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