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Tubes des années 80, proverbe africain et brouhaha général : neuf choses vues et entendues au congrès du PS

Après trois jours de débats, les socialistes ont quitté Poitiers. Retour sur l'ambiance et les coulisses de ce grand rassemblement avec quelques anecdotes.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger - Envoyé spécial à Poitiers (Vienne),
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, et le Premier ministre, Manuel Valls, au congrès du PS à Poitiers (Vienne), le 7 juin 2015. (JEAN PIERRE MULLER / AFP)

L'événement devait être l'occasion d'afficher un PS "rassemblé", mais c'était compter sans la ténacité des frondeurs. Le 77e congrès du Parti socialiste a pris fin, dimanche 7 juin, dans une atmosphère plutôt morose et sans grande démonstration d'unité, malgré la volonté de la direction.

Francetv info vous fait revivre l'ambiance et les coulisses de ces trois jours de débats et de discours à Poitiers (Vienne), à travers neuf petites anecdotes.

1 Poitiers transformée en annexe de Solférino

Pendant ces trois jours de congrès, Poitiers a vécu un événement : la grande migration des éléphants du Parti socialiste. Impossible de les manquer. La rue Sadi Carnot, où sont installés plusieurs restaurants, s'est transformée, en soirée, en annexe de la rue de Solférino. L'occasion de croiser Najat Vallaud-Belkacem ou Claude Bartolone. D'avoir, pour un confrère journaliste, Jean-Paul Huchon pour voisin de chambre. De dîner à côté de l'ancienne ministre Michèle Delaunay.

Ou encore de prendre un verre sur une terrasse poitevine, encadré par des agents du SPHP, le service de protection des hautes personnalités, car à la table voisine peut se trouver un ministre. En l'occurrence Stéphane Le Foll, petit pull sur les épaules (la température s'étant considérablement rafraîchie samedi), échangeant tranquillement avec Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée, autour d'un digestif. Expérience déroutante pour les non-initiés, mais aussi, visiblement, pour la patronne de l'établissement, qui en fait part à l'un de ses interlocuteurs au téléphone.

Non mais tu te rends compte ? Là, j'ai quatre gardes du corps devant la porte.

La responsable d'un établissement poitevin

 

2 Une bande-son résolument vintage

Ambiance années 1980 au Parti socialiste. Non pas que les discours sentent la naphtaline, mais la playlist du congrès, elle, est résolument tournée vers le passé. En attendant les discours des différents intervenants de la journée, samedi, les congressistes ont pu notamment profiter de L'Aventurier d'Indochine, du tube d'Europe The Final Countdown ou, plus tard pour la journée, de Tombé pour la France d'Etienne Daho. Voici, reconstituée par francetv info, la bande-son du Parti socialiste.

3 La préférence de Valls pour la presse locale (grâce à Montebourg)

C'est l'un des grands absents du congrès et pourtant, il a trouvé le moyen de s'inviter à la grande réunion des socialistes. Arnaud Montebourg a réussi à perturber les débats de la dernière journée, en signant une tribune dans Le Journal du Dimanche, aux côtés du banquier Matthieu Pigasse, dans laquelle il égratigne sévèrement l'action de l'exécutif. "Hébétés, nous marchons droit vers le désastre", prédit l'ancien ministre.

Impossible pour Manuel Valls d'y échapper dimanche matin, car le journal est dans toutes les mains ou presque. Arrivé au kiosque du congrès, le Premier ministre s'est même vu offrir une copie du JDD, qu'il a refusée avec humour face aux caméras. "Il m'a répondu qu'il préférait l'actualité positive et il a posé un exemplaire de La Nouvelle république (le quotidien local qui titrait "Valls gagne sa bataille de Poitiers") par dessus", raconte la responsable à francetv info.

4 Le brouhaha des congressistes 

Le congrès PS, "ennuyeux" ? "Dissipé, c'est sûr", a raillé le frondeur Emmanuel Maurel. Car à la tribune, les représentants des différentes motions se sont souvent exprimés devant une assemblée clairsemée et, surtout, dans un incessant brouhaha. Au point de susciter la colère, samedi, d'une intervenante qui évoquait le sort des migrants en Europe.

Y a vraiment beaucoup de bruit dans la salle. Je ne sais pas si les histoires de migrations intéressent beaucoup de monde. Ça serait dommage. Bon, y a que 30 000 migrants qui sont morts, c'est pas grave.

Laure Pascarel, représentante de la motion B

Rebelote, dimanche, avec Florence Augier. Sur scène, la représentante de la motion C, celle des "militants", a d'abord refusé de s'exprimer : "On ne démarre pas tout de suite, parce qu'il y a beaucoup de bruit et que je veux que tout le monde m'entende." Finalement, le calme n'est jamais arrivé et l'oratrice a bien été obligée de commencer, dix secondes plus tard, dans l'indifférence quasi-générale.

5 La diversion de Manuel Valls

Manuel Valls sait comment s'y prendre pour détourner l'attention. Exemple dimanche matin quand un frondeur, Laurent Baumel, égratigne à nouveau, à la tribune, la politique du gouvernement. Plutôt que de rester sagement assis à sa place, le Premier ministre s'est dirigé vers les journalistes, pour improviser une petite conversation en "off".

Succès immédiat : un grand nombre de médias, dont francetv info, a déserté le discours des frondeurs pour s'attrouper autour de Manuel Valls qui n'a regagné sa place qu'une fois la prise de parole de Laurent Baumel terminée. Mission accomplie.

6 Le proverbe africain qui résume la situation

C'est peut-être le meilleur moyen de résumer l'ambiance au sein du PS, officiellement "apaisée" mais en réalité bien plus à couteaux tirés que la direction du parti ne veut bien le dire. Dimanche, un représentant de la motion C a eu l'idée de citer à la tribune "un proverbe africain" qui lui rappelle "la capacité d'oubli et de résilience des socialistes."

L'homme a deux grands bonheurs dans sa vie. Il a le sommeil qui lui permet de réparer ses forces. Et il a l'oubli qui lui permet de se lever le matin sans avoir envie de tuer son voisin.

Louis Mohamed Seye (d'après un proverbe africain)

7 Le membre du fan-club de Jean-Christophe Cambadélis

Soyons honnêtes : le discours de Jean-Christophe Cambadélis, à l'image du congrès, n'a pas déclenché une grande vague de ferveur socialiste. Le premier secrétaire n'a eu droit qu'à des applaudissements mollassons. Même en taclant longuement Nicolas Sarkozy, raillé avec le slogan "Fouquet's, Rolex, Kärcher". Même en citant Najat Vallaud-Belkacem, pourtant parmi les ministres les plus populaires dans les allées à Poitiers.

Heureusement, Jean-Christophe Cambadélis a pu compter sur un fan indéfectible, installé juste derrière les rangs réservés à la presse. L'homme, vêtu d'un polo rouge du Parti socialiste européen, n'a eu de cesse de soutenir le premier secrétaire, en applaudissant régulièrement, bruyamment... mais souvent seul. Rien à faire, même avec de la bonne volonté, pour ce chauffeur de salle improvisé.

8 La photo de famille ratée

Jean-Christophe Cambadélis s'est lancé un sacré défi durant son discours. "Moi, premier secrétaire, je serai garant de l'unité de tous", a-t-il affirmé. La promesse sera certainement difficile à tenir, car le congrès du PS se clôt plutôt sur une image de division. Roses à la main, les représentants des différentes motions sont montés sur scène pour prendre la pose, aux côtés de Manuel Valls. Absents remarqués, les frondeurs ont boudé ce petit rassemblement devant les photographes.

Les socialistes rassemblées, sans les frondeurs, lors de la clôture du congrès du PS à Poitiers (Vienne), le 7 juin 2015. (JEAN PIERRE MULLER / AFP)

Une question de "symbole", explique Laurent Baumel à la sortie de la salle plénière. "C'est une opération de communication politique, dénonce-t-il. Depuis le début du congrès, on essaye de faire croire que tout le monde est au garde-à-vous derrière le gouvernement, ce n'est pas vrai. Le débat au sein du PS n'est pas encore terminé." Pour la photo de la famille socialiste au grand complet, on attendra.

9 Le mot de la fin

Après trois jours de congrès, certains ne sont visiblement pas mécontents d'en terminer avec ce rassemblement plutôt ennuyeux et manquant cruellement de suspense (puisque le vote sur les motions avait déjà eu lieu). A la sortie de la salle plénière, le frondeur Christian Paul fait part de son soulagement.

Le congrès est fini... Heureusement qu'il est fini !

Christian Paul

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