Présidentielle : la guérilla numérique est lancée
Si sur le terrain, les candidats à la présidentielle ne se font pas de cadeaux, sur le web aussi, les internautes ont entamé les hostilités.
La guerre est déclarée. A l’heure où la campagne présidentielle bat son plein, la bataille politique investit de plus en en plus Internet. Loin des dispositifs classiques de campagne web mis en place par les différents candidats, des espiègleries en tous genres fleurissent sur la toile. Plus ou moins subtiles, elles ont vocation à casser l’image d’un candidat ou à gonfler artificiellement la réputation d’un autre.
• Le "Google bombing" : arme de référencement massive
C'est une arme de choix pour les aficionados de la guerre en ligne. Son principe est simple : il s’agit d’une technique de référencement influençant le classement d’une page web dans les résultats du moteur de recherche.
C’est ce dont a été victime François Hollande le 16 février. En tapant "incapable de gouverner" sur Google, l'internaute se voyait proposer comme premier résultat le site de campagne du candidat PS. Valerio Motta, responsable de l’équipe web du Parti socialiste, relativise l'impact de ces actes, "qui ne touchent au final que les personnes qui commentent la campagne sur internet".
Lundi 20 février, une autre attaque de ce type a été lancée pour répondre à la première. La recherche "on va tuer la France" pointait alors directement sur le site de l’UMP, relate Rue89.
Les Google Bombing répondent aux Google Bombing google.fr/#sclient=psy-a… #OnVaTuerLafrance 1-1 Balle au centre
— Cédric (@CedriKP) February 20, 2012
Ce type de blague potache avait déjà touché Nicolas Sarkozy en 2007, alors transformé en "trou du cul du web", comme le rappelle Slate.fr.
• Sarkozy, Morano… font-ils tous de la gonflette sur Twitter ?
La popularité des politiques sur Twitter, qui se mesure en nombre de followers, semble également être un enjeu de communication pour les candidats. Au point de vouloir gonfler artificiellement le nombre d'abonnés ?
La polémique a déjà frappé plusieurs personnalités politiques récemment arrivées sur Twitter, au premier rang desquelles le président-candidat Nicolas Sarkozy. Quelques heures après son premier tweet, et le décollage tonitruant de son compte – après une semaine, il est suivi par plus de 90 000 personnes –, le site PC Inpact a relevé quelques étrangetés dans le profil de ses followers. Nombre d’entre eux étaient fraîchement inscrits sur Twitter, très peu actifs, et beaucoup ne suivaient que le compte de Nicolas Sarkozy, ou une poignée de comptes très souvent similaires.
Le site Reflets.info relaie aussi quelques anomalies du même ordre concernant les followers de la ministre chargée de l’Apprentissage, Nadine Morano. Ainsi, sur un échantillon de 2 174 comptes Twitter suivant depuis peu la ministre, 438 étaient des comptes avec 0 ou 1 tweet et 0 ou 1 follower et avaient été créés la veille, l’avant-veille et ainsi de suite de façon régulière.
Plusieurs procédés permettent d’augmenter ainsi artificiellement ses followers. Il est possible de les acheter directement sur internet ou, autre technique, d’utiliser des logiciels permettant de créer ou contrôler depuis un seul poste une armée de comptes.
C'est ce système de robots qui permet notamment à un parti d'envoyer simultanément le même message par une multiplicité de comptes différents. C'est ce que souligne sur Twitter le journaliste du Monde.fr Samuel Laurent au sujet d'un message identique envoyé en même temps par une batterie de comptes d'utilisateurs.
Une technique de communication qui a ses limites une fois la supercherie dévoilée.
• L’attaque XSS, ou comment s’inviter sur les sites des candidats
Une autre technique de déstabilisation est l’attaque XSS. Le principe : permettre à un utilisateur externe de modifier le contenu d'un site auquel il n'a normalement pas accès. C’est ce qui est arrivé dernièrement à deux candidats ayant jeté l'éponge, Hervé Morin et Christine Boutin.
Le site de François Hollande fait lui aussi régulièrement l’objet de tentatives d’intrusions, rapporte-t-on au PS. Avant d’ajouter que c’est devenu monnaie courante pour un site de personnalité publique.
• La fermeture de comptes Twitter gênants
La polémique a enflé lundi 20 février, après la suppression de plusieurs comptes Twitter parodiant Nicolas Sarkozy. Si l’UMP a effectivement reconnu avoir dénoncé des comptes qui utilisaient l’orthographe exacte du nom du président (comme @_NicolasSarkozy, depuis réapparu avec la mention "fake"), le parti nie toute implication concernant d'autres suppressions de comptes.
L'autre moyen pour supprimer un compte est de le "signaler comme spam". Mais la démarche doit être effectuée de façon massive pour qu'un utilisateur soit effectivement banni. Surtout, la démarche prend un temps non négligeable. Dans le cas de la suppression des comptes Twitter parodiant le président sortant, la réponse de Twitter a été rapide.
Un responsable de la campagne web de Nicolas Sarkozy tient à préciser "qu’il y a des choses qu’on maîtrise et d’autres qu’on ne maîtrise pas", indiquant par là que les initiatives individuelles, prises hors du parti, ne peuvent être contrôlées par le candidat.
Un impact limité sur l'image des candidats
"Ce sont des actes qui visent à influencer l'image médiatique des candidats", explique Guilhem Fouetillou, spécialiste des stratégies de communication sur internet. Il est très difficile de savoir d'où ils émanent, et "sont plus souvent le fait de sympathisants" que de réelles officines des partis politiques. Mais leur portée reste modeste, et "cela ne permet pas de mettre en danger ou d'influencer réellement l'image des candidats", ajoute-t-il.
Guilhem Fouetillou rappelle que ces affrontements sur internet avaient déjà cours lors de la précédente campagne présidentielle en 2007. Et que dans la plupart des cas, les internautes, en moquant les candidats, "ne font que réappliquer la vieille pratique de la satire politique".
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