Pourquoi polémiquer sur les vœux tardifs de Hollande est absurde
Le président a été accusé d'oublier les chrétiens, mercredi 25 décembre, car il n'avait pas adressé de vœux pour Noël. Ceux-ci ont été publiés en fin d'après-midi sur Twitter.
A Noël, certains sont très impatients de déballer leurs cadeaux. D'autres attendent encore plus... les vœux du président de la République. Plusieurs parlementaires UMP ont ainsi pris à partie François Hollande, mercredi 25 décembre, car celui-ci n'avait pas rédigé de message à cette occasion. La polémique a enflé sur les réseaux sociaux, jusqu'à ce que ce court texte de la présidence soit posté sur Twitter et Facebook, à 16h09 précisément.
A toutes et à tous, joyeuses fêtes de Noël ; le président a une pensée particulière pour ceux confrontés à la solitude ou à la maladie.
— Élysée (@Elysee) 25 Décembre 2013
Premières indignées, la candidate UMP aux européennes, Nadine Morano, qui a dénoncé une "bourde de Hollande", et Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, qui a fustigé un président "en décalage avec les Français". Quant à la sénatrice UMP des Français de l'étranger, Joëlle Garriaud-Maylam, elle a rappelé que François Hollande n'avait pas oublié de souhaiter une bonne fête de l'Aïd aux musulmans. Alors, les parlementaires UMP ont-ils eu raison de s'emporter ? Francetv info livre quelques éléments de réponse.
Les vœux de Noël, une tradition ?
En France, le président ne prononce pas de discours à cette occasion. Les vœux sont en effet adressés aux Français après le Nouvel An. En épluchant les discours présidentiels depuis 1959, dont les textes sont disponibles ici, Noël est d'ailleurs rarement mentionné. En 2001, Jacques Chirac précise toutefois que "les fêtes de Noël et du Nouvel An participent de ces rendez-vous du pays avec lui-même". L'arbre de Noël à l'Elysée, en revanche, est une grande tradition française. Vieille de plus d'un siècle, elle a toujours été respectée par les présidents successifs, y compris François Hollande, le 18 décembre.
Libre ensuite aux chefs d'Etat de prendre des initiatives. L'actuel président a, par exemple, rendu visite à des enfants malades de l'hôpital Robert-Debré, à Paris, le 24. Un déplacement qui ne figurait pas à l'agenda de l'Elysée, et qui a finalement été révélé par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. En 2007, la veille de Noël, Nicolas Sarkozy avait choisi de se rendre à l'hôpital Necker-Enfants malades. En 2011, c'était aux Restos du cœur.
Quid de Nicolas Sarkozy ?
Sous sa présidence, Nicolas Sarkozy a souvent privilégié ses pages personnelles pour adresser ses vœux. Certes, en 2011, le compte de l'Elysée publie un laconique "joyeux Noël !". Mais l'année précédente, c'est son propre compte Facebook qui est retenu pour lancer un "joyeux Noël à tous !". Une approche plus personnelle que présidentielle.
Depuis sa défaite électorale, Nicolas Sarkozy se fend toujours d'un petit mot. "Très belles fêtes à chacun d’entre vous !", a-t-il écrit le 24 décembre, sur Facebook, son mode de communication privilégié. L'année précédente, déjà, l'ancien président avait souhaité "de très belles fêtes de fin d'année" aux Français, sur sa page personnelle.
Et lorsque Joëlle Garriaud-Maylam reproche à François Hollande d'avoir souhaité un bon Aïd aux musulmans, elle semble oublier que Nicolas Sarkozy en avait fait de même en 2009, comme le relève le site de L'Express. Il avait alors salué "tous les musulmans de France", sans créer de controverse. Avant de célébrer Noël, quelques mois plus tard, alors qu'il était en vacances à Marrakech (Maroc). Il espérait alors que cette fête "soit l’occasion pour chacun de retrouver ses proches, famille et amis".
Et des autres dirigeants étrangers ?
Certes, les vœux de François Hollande font pale figure comparés à ceux du président américain Barack Obama (en anglais), diffusés sur le compte YouTube de la Maison Blanche. Sur Twitter, ces vœux sont même agrémentés d'une photo de Sunny, le petit chien du couple présidentiel. Mais cette tradition est davantage ancrée outre-Atlantique. Là-bas, chaque année depuis près de 90 ans, les présidents illuminent "l'arbre de Noël national" au début du mois de décembre.
"Contrairement à la plupart des dirigeants européens, Hollande ne souhaite pas un heureux Noël aux Français", avait tweeté Joëlle Garriaud-Maylam, avant la diffusion du message de l'Elysée. Grand absent de la liste, le Premier ministre de la pieuse Italie, Enrico Letta, n'a pas rédigé de message particulier sur son compte. Mais il est vrai que cette pratique est commune, à l'image du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, du Britannique David Cameron ou du Belge Elio di Rupo. Le président de l'Union européenne, Herman Von Rompuy, a lui aussi souhaité un "joyeux Noël" à ses followers.
Point commun de ces messages : tous ont été adressés le 24 décembre. Une date également choisie par de nombreuses figures politiques françaises, telle François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Anne Hidalgo ou Christine Boutin. Marine Le Pen a été la plus précoce, dès le 23. En matière de communication, mieux vaut partir à point.
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