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Pourquoi l'électorat populaire est-il de plus en plus tenté par le vote FN?

Parce qu'à ses yeux, le parti de Marine Le Pen est seul à répondre à sa triple demande de protection, physique, économique et nationale.
Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen devant l'Assemblée nationale (AFP)

Parce qu'à ses yeux, le parti de Marine Le Pen est seul à répondre à sa triple demande de protection, physique, économique et nationale.

C'est la thèse centrale de "Point de rupture : Enquête sur les ressorts du vote FN en milieu populaire", document publié fin août par la Fondation Jean Jaurès et signé du sociologue Alain Mergier et du directeur adjoint du département Opinion et Stratégie d'entreprise de l'Ifop, Jérôme Fourquet.

Pourquoi, se sont-ils demandés, des électeurs populaires (gagnant moins de 1250 euros par mois) ayant voté Royal ou Sarkozy en 2007 envisagent-ils désormais de voter Marine Le Pen en 2011 ? Pourquoi le vote Front national a-t-il enregistré des scores record aux dernières cantonales ? Pourquoi devient-il moins un vote de refus qu'un vote d'adhésion ?

Réponse ? Dans un contexte de crise et de précarité, le parti de Marine Le Pen a ajouté à ses thématiques traditionnelles (anti-immigration...), des thématiques sociales "presque aussi déterminantes". Car "les électeurs que nous avons rencontrés", écrivent les auteurs du rapport, "jugent les hommes politiques de gauche trop tièdes face à la mondialisation et ceux de droite trop impliqués dans ses intérêts".

Les classes populaires, qui paient plein pot l'addition de la crise -augmentation des loyers, de l'essence, de l'alimentation...- ne croient plus en une sortie de la crise, ni pour elles-mêmes, ni pour leurs enfants. Se sentant victimes d'injustice à la fois par rapport à une frange supposée d'assistés (volontiers perçus comme immigrés) et par rapport à une oligarchie financière priviégiée, elles réclament des solutions politiques, que le FN se prétend seul prêt à leur offrir.

Lutter contre la mondialisation apparaît "plus cohérent à droite qu'à gauche"
Pourquoi, avons-nous demandé à l'un des auteurs de l'étude, Jérôme Fourquet, le Front national leur semble-t-il plus crédible que la gauche "démondialisatrice" d'un Montebourg ou d'un Mélenchon ?

"Parce que lutter contre la mondialisation, c'est plus cohérent à droite qu'à gauche", nous-a-t-il expliqué. "La gauche a une tradition internationaliste. Elle va expliquer qu'il faut voter l'aide à la Grèce, ou aider les révolutions arabes. Au Front national, on dit 'la France d'abord'. C'est plus simple à comprendre."

Mais, estime-t-il aussi, " l'ostracisme ne fonctionne plus. Cet électorat veut des réponses à l'insécurité, à la délinquance, à la mondialisation qui menace ses emplois. Le FN se nourrit de l'impuissance publique. Si, à cette demande, ne répond qu'une seule offre, qui est celle de Marine Le Pen, il ne faut pas s'étonner du succès de cette dernière".

-> Téléchargez ici "Point de rupture : Enquête sur les ressorts du vote FN en milieu populaire" de la Fondation Jean Jaurès

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