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Pour la plupart des candidats, une seconde campagne présidentielle commence

A 40 jours du premier tour de la présidentielle, l'Ifop donne, pour la première fois depuis le début de la campagne, plus d'intentions de vote pour Nicolas Sarkozy que pour François Hollande. Le candidat socialiste demeure devant au second tour.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Quelles sont les principales mesures proposées par les candidats ? (© DSK / AFP)

A 40 jours du premier tour de la présidentielle, l'Ifop donne, pour la première fois depuis le début de la campagne, plus d'intentions de vote pour Nicolas Sarkozy que pour François Hollande. Le candidat socialiste demeure devant au second tour.

A J - 40, les cartes seraient-elles rebattues ?

Pour la première fois depuis le début de la campagne présidentielle, un sondage Ifop pour Paris Match, Europe 1 et Public Sénat publié mardi 13 mars fait passer Nicolas Sarkozy devant François Hollande en intentions de vote au premier tour. Le président-candidat obtiendrait 28,5% (+ 1,5 point) contre 27% (- 1,5) pour le candidat socialiste.

Même si au second tour, le même sondage - comme ceux de tous les autres instituts avant lui - confirme l'énorme avance de M. Hollande sur M. Sarkozy (54,5% contre 45,5%), cette enquête est quand même de nature à susciter l'espoir ou l'inquiétude dans chacun des camps. Ou à tout le moins des questions.

Nicolas Sarkozy : une "divine surprise" qui tombe à point

Faussement naïf, le président sortant fait mine de ne pas se réjouir de cette enquête d'opinion salvatrice. Une partie de son électorat, voire de son entourage, commençait sérieusement à douter de sa capacité à prendre, au moins une fois, l'avantage dans l'opinion. A coups de confidences, ses conseillers n'avaient-ils pas promis un croisement de ces courbes... en janvier.

M. Sarkozy, qui a considérablement fait pencher sa campagne à droite, peut considérer que cette stratégie commence à payer. Dans un sondage tournant pour Paris Match, l'Ifop fait apparaître qu'entre le 5 mars et le 12 mars les intentions de vote en faveur du candidat de l'UMP sont passées de 26% à 28% (+ 2 points) alors celles pour Marine Le Pen sont tombées de 18,5% à 16,5% (- 2).

Toutefois, cette radicalisation à ses propres limites. D'une part, elle lui ferme, pour l'instant, l'électorat centriste pro-européen et, d'autre part, elle ne modifie pas significativement le rapport des forces au second tour, tant M. Sarkozy bénéficie d'un report médiocre des voix des candidats éliminés au tour précédent.

A contrario, ce sondage, que Patrick Buisson, conseiller au "Chateau" issu de l'extrême droite pourrait qualifier de "divine surprise", arrive au bon moment pour galvaniser les militants et les électeurs de l'UMP. A ce titre, il permet au chef de l'Etat de donner un second souffle à sa campagne.

François Hollande : remobilisation pour le challenger

Donné en tête par tous les instituts depuis des mois, le candidat socialiste devait bien se douter que la multiplication du retrait de "petites" candidatures de droite - Hervé Morin, Christine Boutin et Frédéric Nihous - ajoutée à la mise en route d'une machine sarkozyste puissante et bien huilée allait produire des effets négatifs pour lui.

Lui peut se dire qu'une seule enquête ne fait pas forcément le printemps électoral de son principal concurrent. A l'évidence d'autres sondages devront confirmer - ou infirmer - cette inversion de tendance pour permettre de faire une analyse plus sérieuse de la situation peut-on se dire au PS. Il n'empêche qu'il passe de leader à challenger et s'ouvre ainsi une nouvelle campagne.

Le résultat donné par l'Ifop va inciter l'équipe de M. Hollande à développer le thème du "vote utile" afin de provoquer une remobilisation de l'électorat de gauche. Le but est d'empêcher une déperdition accentuée de voix en direction de Jean-Luc Mélenchon qui flirte désormais avec un score à deux chiffres.

Pour le moment, le candidat socialiste joue, publiquement, la carte de la sérénité, en invitant son électorat à ne pas se laisser impressionner. Lui table sur l'écart du second tour pour rasséréner ses troupes malgré le sort que lui promet M. Buisson dans Le Monde publié le 13 mars. "Hollande rassemblera moins de voix que Royal", prédit-il.

Marine Le Pen : vraiment candidate

Hasard ou calcul, la candidate du Front national a annoncé officiellement qu'elle détenait le nombre requis de parrainages le jour même où était publié le sondage Ifop favorable à M. Sarkozy. Il est vrai que depuis une semaine ce dernier siphonne, avec succès, le réservoir électoral de l'extrême droite.

Mme Le Pen et ses conseillers font probablement l'analyse que les doutes qui entouraient sa participation à la joute présidentielle - la bataille incertaines des 500 signatures - devaient "plomber" sa candidature et détourner, voire épuiser, une partie de son électorat. Inversement, les mêmes peuvent imaginer que sa présence confirmée va provoquer un appel d'air en sa faveur.

Et tout cas, c'est ce phénomène que Mme Le Pen, rayonnante, a tenté d'enclencher en solennisant cette seconde entrée en campagne à Hénin-Beaumont. "A partir d'aujourd'hui des millions de citoyens vont reprendre espoir", a déclaré la président du Front national dans son fief du Pas-de-Calais, en faisant une seconde déclaration de candidature qui voulait ratisser très large.

Jean-Luc Mélenchon : surfer sur une séquence porteuse

Pour le candidat du Front de gauche, le souci va être de ne pas casser une séquence porteuse qui, depuis une huitaine de jours, le cale sur la ligne des 10% d'intentions de vote. M. Mélenchon se félicite, du reste, de voir les deux leaders de la course reprendre des thèmes fiscaux qu'il martèle depuis le début de sa campagne.

Si l'ancien sénateur socialiste a réussi à marginaliser les deux candidats de l'extrème gauche trotskystes, dont il fut lui-même dans sa jeunesse lambertiste, son but est surtout de puiser dans l'électorat "hollandais" pour parvenir à dépasser François Bayrou.

Pour peser sur M. Hollande et écarter l'hypothèse d'un rapprochement du candidat socialiste avec le seul champion des centriste restant en lice, M. Mélenchon se fixe certainement l'objectif secret d'une quatrième place au premier tour. Voire d'une troisième tant il met de coeur à l'ouvrage pour attirer l'électorat populaire dont Mme Le Pen s'affirme la représentante.

Dans ce tableau, M. Bayrou, justement, qui semble faire du sur-place autour de 12% à 13% depuis un moment, est peut-être celui qui a le plus à perdre. Certes, il a solidifié son socle électoral mais tout donne à penser la prochaine séquence va se jouer au tour de lui. Ou sans lui.

Les autres candidats, plutôt en spectateurs

Quid des autres candidates et candidats ? Comme M. Bayrou, et à un niveau électoral très inférieur, Eva Joly se trouve observatrice de la seconde campagne qui s'engage. Face à une candidature écologiste qui n'a pas, jusqu'ici réussi à s'imposer dans le débat, il est même possible que des voix critiques ne tardent à se faire entendre. A nouveau.

Si Nathalie Arthaud, pour Lutte ouvrière, Philippe Poutou, pour le Nouveau rassemblement anticapitaliste, Nicolas Dupont-Aignan, pour Debout la République, et Jacques Cheminade, pour Solidarité et Progrès, sont assurés d'être présents le 22 avril, il n'en va pas du tout de même pour l'écologiste Corinne Lepage (Cap21) et Dominique de Villepin, fondateur de République solidaire.

A moins que l'ancien Premier ministre réédite le "coup" de son annonce de candidature ! A coup sûr, M. de Villepin aura à coeur, jusqu'au bout, de ne pas lâcher M. Sarkozy.

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