Pierre Charon n'amuse plus Nicolas Sarkozy
Dissident UMP, Pierre Charon, 60 ans, ancien conseiller de l'Elysée,a été élu à Paris. L'initiative de celui qui était considéré comme l'"amuseur" de Nicolas Sarkozy, était désapprouvée à droite
Il a d'ores et déjà écopé d'une "suspension immédiate" de l'UMP. "On ne peut tolérer de listes dissidentes, y compris de gens qui osent se réclamer de moi. On ne peut pas tirer contre son camp", a récemment déclaré le chef de l'Etat à propos de lui, mais sans le citer, selon des propos rapportés par lemonde.fr. Pour la ministre des Sports, Chantal Jouanno, énarque ancienne championne de karaté, qui présente la liste officielle de la majorité, "il n'y a pas de légitimité politique, il n'y a pas de projet politique derrière" l'initiative de Pierre Charon.
La dernière sortie de cet homme jovial et rondouillard sur sa rivale a fini de le discréditer aux yeux de l'Elysée: "Qu'elle soit sur les tatamis ou au lit, elle est tête de liste, elle sera élue". "Je connais suffisamment Nicolas Sarkozy pour savoir qu'il est furieux" de cette sortie, assure l'une de ses proches qui parle de "cassure". A droite, beaucoup pensent que l'ex-amuseur a commis là "l'outrance de trop". Même si lui-même se défend de la moindre malice dans ses propos.
Pierre Charon a été très proche de Nicolas Sarkozy, longtemps "pilier du premier cercle avec Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre ou Franck Louvrier", le conseiller en communication du chef de l'Etat, rapporte un portrait de lui publié dans Libération. On l'y surnommait le "conseiller rire et chansons". "Sa marque de fabrique: l'humour. Depuis près de quarante ans, il est positionné sur ce créneau à risque", raconte Libé.
Un talent d'imitateur
Apparement, Nicolas Sarkozy raffolait de "son côté voyou"... Pendant des années, la langue acérée de son ami, combiné à un certain talent d'imitateur, a longtemps fait les délices de l'ancien maire de Neuilly. Pendant la campagne, il entraîne le candidat de l'UMP pour le débat de l'entre-deux tours avec Ségolène Royal. Il prend le rôle de la candidate socialiste en imitant sa gestuelle et sa voix haut perchée.
C'est aussi Pierre Charon qui aidera Nicolas Sarkozy à l'automne 2007 pendant son divorce avec Cécilia. Notamment en le détendant avec ses blagues. Cécilia avait tout fait pour l'éloigner du futur président, jugeant négative l'influence qu'il exerçait sur lui. Elle l'avait ainsi rayée de la liste des personnes invitées au Fouquet's sur les Champs-Elysées pour célébrer la victoire le 5 mai 2007. Le "conseiller rires et chansons" restera devant la porte sans pouvoir entrer...
Après le divorce, il retrouve les faveurs de Nicolas Sarkozy. Celui-ci le nomme au Conseil économique et social. Il obtient également la présidence du domaine national de Chambord où il organise "de sompteuses fêtes", rapporte Libération. Il va jouer la carte Carla Bruni, qui devient la nouvelle "first lady". Il guide ses premiers pas en politique. Mais il va se montrer maladroit pour défendre le couple présidentiel dans une affaire de rumeurs d'infidélités supposées au sein du couple présidentiel. Carla le défend: "Pierre a parlé avec l'emportement de l'amitié". Mais l'affaire lui est fatale: en novembre 2010, il doit quitter l'Elysée.
D'aucuns pensent que le Sénat, dont il rêve, est taillé pour lui. "Dans cet univers taillé pour l'embonpoint et la faconde, qu'il serait doux à Pierre Charon d'aller distiller ses bons mots et de remplir sa boîte à histoires", constate Libération.
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