Petites phrases : "contre la bêtise, même les dieux ne peuvent rien", a dit le poète allemand Schiller
Les semaines passent et les petites phrases assassines se multiplient malgré les promesses de calmer le jeu. Dernière sortie en date, Gérard Longuet a comparé François Hollande au capitaine du bateau qui a coulé au large de l'Italie. Il a regretté.
"Il y a des capitaines qui frôlent trop les côtes et qui conduisent leur bateau sur les récifs et je trouve que François Hollande côtoie et tutoie les déficits publics avec beaucoup de complaisance", a cru bon d'affirmer lundi le ministre UMP de la défense Gérard Longuet.
La "mauvaise saillie" de Longuet
Cette attaque lui a valu une réponse "poétique" de Laurent Fabius qui a dénoncé la "mauvaise saillie" du ministre, en citant un poête romantique allemand. "C'est une comparaison totalement déplacée et si je voulais être plus sévère, j'aurais à l'esprit ces mots de Schiller : contre la bêtise, même les dieux ne peuvent rien", a répliqué l'ancien premier ministre socialiste.
Nicolas Sarkozy et Martine Aubry s'étaient pourtant mutuellement promis jeudi 12 janvier, en marge des voeux du chef de l'Etat aux fonctionnaires, à Lille, d'éviter les déparages dans la campagne à moins de trois mois de la présidentielle.
L'échange à fleuret moucheté entre la maire de Lille, première secrétaire du P, et M. Sarkozy s'était conclu par une condamnation des propos polémiques du président de l'Assemblée nationale par le président de la Répubique.
"Les conséquences de la guerre", version Accoyer
Bernard Accoyer, président de l'Assemblée, avait en effet comparé lors de ses voeux les conséquences d'une alternance politique en 2012 "à celles provoquées par une guerre".
De son côté, Nadine Morano, la ministre de l'apprentissage avait lancé mercredi 11 janvier : "François Hollande, par ses propositions qui s'attaquent à ce qui marche le mieux alors qu'il devrait faire des propositions sur l'emploi, est un homme dangereux pour la France".
Elle s'était attirée la réplique de Delphine Batho, membre de l'équipe de François Hollande. "Avec son sens habituel de la mesure et de la nuance, Madame Morano a franchi le rubicon", avait répondu la député PS des deux-Sèvres.
"Un ministre, ça doit bosser"
"La droite est en train de perdre la tête", avait lancé le député socialiste Pierre Moscovici sur France 2, en commentant la sortie de Nadine Morano sur Hollande "homme dangereux", la menace de Bernard Accoyer sur la "guerre" et le trait de Jean-François Copé sur la promesse d'un "massacre à la tronçonneuse".
"Je me dit qu'ils sont absurdes, indécents et indignes. Un ministre, ça doit bosser, ça ne doit pas passer son temps à tweeter et à raconter des bêtises", avait-t-il lancé faisant allusion à Mme Morano.
La "tronçonneuse" de Copé
"Chez nous, c'est massacre à la tronçonneuse", s'était félicité, en petit comité, Jean-François Copé, secretaire général de l'UMP, en soulignant la rapidité des réactions des dirigeants du parti présidentiel pour contrer les positions socialistes.
Pour Bertrand Delanoë, "Nicolas Sarkozy est un adepte du double langage, car il lâche ses chiens, il est en train de tendre, de donner un climat détestable à la campagne, et puis de temps en temps, rarement, il fait le président de la République qui devrait calmer les choses dans la démocratie française".
"Sale mec"
La première vraie escarmouche avait eu lieu à la suite de propos mal attribués à François Hollande par un journal. Selon "Le Parisien", le candidat socialiste avait traité Nicolas Sarkozy de "sale mec" pendant un repas. Toute la droite s'était immédiatement emparé de l'affaire avant qu'elle ne se dégonfle quelques heures plus tard, une fois la réalité des propos révélée.
Pour les éditorialistes, cette campagne qui rappellerait "le terrorisme verbal de l'Action française" (Philippe Waucampt du Républicain lorrain), maintient pourtant MM. Sarkozy et Hollande dans une "bataille à distance" qui les "arrange, car elle leur évite de parler programme" (Patrick Fluckiger dans L'Alsace).
La présentation des programmes - dans les prochains jours par le candidat socialiste - et l'officialisation d'une candidature du chef de l'Etat sortant pourrait, peut-être, désamorcer la guerre des petites phrases dans les prochaines semaines.
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