Passe d’arme Kouchner-Juppé sur le Rwanda
La visite était hautement symbolique : c’était la première fois qu’un responsable politique français se rendait au Rwanda depuis la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali il y a 11 ans, conséquence des vives tensions entre les deux capitales depuis le génocide de 1994 au Rwanda.
Interrogé par la presse sur le rôle de la France en 1994, Bernard Kouchner a répondu qu’il s’agissait "certainement (d’)une faute politique", écartant un peu plus tard toute "responsabilité militaire". "Les responsables des erreurs étaient, à mon avis, politiques", a poursuivi le ministre des Affaires étrangères.
Directement mis en cause, Alain Juppé (ministre des Affaires étrangères d’avril 1993 à mai 1995) répond au locataire du Quai d’Orsay sur son blog. "Je comprends que bien que la France veuille se réconcilier avec le Rwanda. Le réalisme politique le commande. C’est l’intérêt de notre pays. Mais de là à tomber dans les amalgames de la repentance ou les compromissions de la realpolitik, il y a un fossé", précise Alain Juppé, invité de France Info ce soir : ECOUTER SON INTERVIEW CI-DESSOUS.
L’ancien chef de la diplomatie française dénonce une à une les "contre-vérités" avancées, selon lui, par Bernard Kouchner. "Nous assistons depuis plusieurs années à une tentative insidieuse de réécriture de l’histoire", qui vise à "transformer la France d’acteur engagé en complice du génocide". Evoquant une "falsification inacceptable", le maire de Bordeaux juge que "la diplomatie française ne devrait pas s’écarter de la voie de la vérité et de la dignité".
Depuis des années, Kigali dénonce le rôle de l’armée française lors de l’opération militaro-humanitaire Turquoise, organisée pendant le génocide au Rwanda. Le pouvoir en place accuse les soldats français d’avoir permis la fuite des auteurs du génocide, ce que Paris a toujours nié.
Le génocide au Rwanda en 1994 a fait, selon les Nations Unies, quelque 800.000 morts.
Gilles Halais avec agences
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