"Il m'a dit 'je vais te détruire'", confie le député Pascal Terrasse agressé en Ardèche
Un homme a asséné un coup de tête au député socialiste de l'Ardèche alors qu'il se rendait à une réunion publique, jeudi soir.
Il s'en est tiré avec "la lèvre enflée et un œil au beurre noir". Le député PS de l'Ardèche Pascal Terrasse a été victime d'une agression, jeudi 12 mars, alors qu'il se rendait à une réunion publique dans sa commune de Saint-Montan (Ardèche), dans le cadre de la campagne pour les élections départementales. Un homme l'a giflé avant de lui asséner un coup de tête, menaçant le député de le "crever" et formulant des propos confus sur un "complot judéo-maçonnique". Des termes démentis, sur son blog, par un homme se présentant comme l'auteur du coup de tête.
Une agression unanimement condamnée, vendredi, par la classe politique. "Quand un élu de la République, un député, est agressé, quelles que soient les circonstances, c'est intolérable", a réagi le Premier ministre Manuel Valls, en visite à Soissons (Aisne), tandis que l'Elysée a apporté "tout son soutien" au député. Contacté par francetv info, Pascal Terrasse témoigne.
Francetv info : Comment s'est déroulée l'agression dont vous avez été victime ?
Pascal Terrasse : J'animais, jeudi, une réunion publique à la mairie pour les départementales dans ma commune. J'avais été averti par un collaborateur que quelqu'un était assez agité à l'entrée, je lui ai demandé de ne pas le laisser entrer. Et quand j'arrive, seul, à l'entrée de la mairie, trois ou quatre personnes se trouvent devant, et je vois cet homme qui me regarde. Je le salue et il me dit quelque chose comme "je vais te détruire". Je lui réponds : "Ça ne va pas ?" Et là, il commence à me gifler. Des gens ont essayé de l'attraper, mais il est parvenu à se jeter sur moi pour m'asséner un coup de tête. La scène s'est passée très vite et je n'ai pas tout vu. J'ai quand même pris un bon coup.
Cet homme a-t-il expliqué son geste ?
Il tenait des propos totalement incohérents sur la franc-maçonnerie. Quand les gendarmes sont arrivés, il a reconnu que son acte était prémédité, qu'il était là pour me "crever". Les gendarmes m'ont dit qu'il a continué à parler de francs-maçons durant sa garde à vue.
Votre agresseur vit dans votre commune. Le connaissiez-vous ?
Bien sûr. A l'occasion des élections européennes, il avait placardé des affiches évoquant le complot maçonnique sur les murs d'un bureau de vote. Quand je suis venu les retirer, il m'avait filmé, et j'avais jeté son appareil photo à terre. C'est quelqu'un qui est connu dans le village pour être un casse-pieds. Il voit des francs-maçons partout : il a accusé un gendarme d'en être un pendant sa garde à vue, et l'ancien préfet de l'Ardèche m'a expliqué qu'il recevait régulièrement des lettres de sa part. Moi, il m'insulte depuis des mois. Mais c'est la première fois qu'il est violent, en tout cas à mon égard.
Vous avez reçu de nombreux messages de soutien de la part de politiques, dont plusieurs, comme celui du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, dénonçaient une atteinte au débat démocratique. Pour vous, cette agression est-elle politique ?
Pour moi, c'est clairement l'acte d'un type complètement déséquilibré. Ce n'est pas de prison dont il a besoin, c'est d'un hôpital psychiatrique. Ensuite, s'il m'avait agressé alors que j'allais faire mes courses, ça n'aurait pas eu le même sens que lors d'une réunion publique. On ne peut pas nier que cet acte est lié à ma fonction d'élu. Mais je ne vois pas une organisation politique être derrière ça. Un journaliste m'a dit qu'il pourrait être lié à un mouvement d'extrême droite connu en Ardèche. Moi, je n'en sais rien, je n'en avais jamais entendu parler. Si ça s'avère exact, peut-être qu'on pourra parler d'un acte politique.
Comptez-vous continuer votre campagne ?
Oui. J'ai la lèvre enflée, un œil au beurre noir, mais ce n'est pas un problème pour poursuivre les réunions publiques, c'est comme si j'avais pris une grosse porte dans la figure. En faisant de la politique, on sait que ce genre de choses peuvent arriver, on est un peu armé psychologiquement. Je ne me suis pas non plus fait tirer dessus, ce n'est pas une affaire d'Etat.
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