Cet article date de plus de treize ans.

Pas de débat sur le nucléaire en France, interrogations à l'étranger

"Je ne crois pas qu'on puisse et qu'on doive se passer du nucléaire", explique Nathalie Kosciusko-Morizet. La ministre de l'Ecologie ferme ainsi la porte aux écologistes, qui réclament un référendum sur le sujet. _ Pas de débat en France, donc. Mais en Suisse, qui vient de décider de suspendre ses projets de renouvellement de centrales. Et en Allemagne, où le ministre des Affaires étrangères s'interroge sur l'opportunité de prolonger la vie des centrales.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

Y aura-t-il un débat sur le nucléaire en France ? Les écologistes l'aimeraient bien, qui demandent carrément un référendum sur une éventuelle sortie du nucléaire...
_ L'idée, lancée par Daniel Cohn-Bendit, a été reprise à son compte par la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts. Cécile Duflot dénonce au passage “une espèce d'anesthésie collective chez certains dirigeants politiques” français.

Car de débat, il n'y en a pas vraiment. Si le patron de l'UMP, Jean-François Copé, regrette publiquement la “manière assez indécente” dont les Verts se saisissent de la question, les autres politiques sont étonnamment silencieux. Sauf au sein du gouvernement.

Mais là, point de débat. Ce matin, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a bel et bien fermé la porte. En déclarant : “je ne crois pas qu'on puisse et qu'on doive se passer du nucléaire qui est une énergie décarbonée qui, quand on maîtrise, sa sûreté, reste une bonne énergie”.

D'ailleurs, “on ne peut pas fournir tout un pays en électricité uniquement avec des énergies renouvelables”, explique-t-elle. De toute façon, il serait “impossible de
faire la bascule du jour au lendemain”.

Histoire de terminer tout de même sur une note plus rassurante, la ministre a déclaré que les centrales françaises étaient préparées à faire face aux catastrophes naturelles.
_ Et qu'une mise à niveau était même effectuée tous les dix ans. Voilà pourquoi, conclut-elle, la centrale de Fessenheim, en Alsace, est en révision.

INTERROGATIONS EN ALLEMAGNE ET EN SUISSE

Le débat est donc mort-né en France. Alors qu'il commence à poindre en Allemagne, sur une question très pratique. On le sait, avec Gerhard Schröder, l'Allemagne avait décidé l'arrêt progressif des centrales nucléaires. Depuis Angela Merkel, leur durée de vie a été prolongée.
_ Les événements au Japon ont visiblement fait réfléchir la chancelière allemande : elle a décrété ce matin un moratoire de trois mois sur cette question de l'allongement de la durée de vie des réacteurs. Trois mois : le temps de voir comment évolue la situation à Fukushima, et de trouver un semblant de consensus sur ce sujet très sensible, outre-Rhin comme ailleurs.

Les 27 de l'Union européenne sont d'ailleurs sommés de vérifier leurs installations. Du moins, l'Autriche leur met la pression... C'était ce matin, lors d'une réunion à Bruxelles des ministres de l'Environnement. Pas étonnant, cela dit, de la part d'un pays qui a rejeté l'atome depuis... 1978.

La Suisse, elle, a décidé d'agir. Tout de suite. Elle vient de suspendre ses projets de renouvellement de centrales.
_ La ministre de l'Energie, Doris Leuthard, a “décidé de suspendre les procédures en cours concernant les demandes d'autorisation générale pour les centrales nucléaires de remplacement”.

Guillaume Gaven, avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.