Nucléaire : les écologistes et le PS campent sur leurs positions, l'UMP raille la cacophonie ambiante
Après qu'un passage concernant le combustible nucléaire MOX a été gommé du texte validé mardi soir par le bureau national du PS alors qu'il était présent dans l'accord signé entre Martine Aubry (PS) et Cécile Duflot (EELV), la confusion règne.
Malgré les interventions croisées de la secrétaire général d'EELV, Cécile Duflot et du candidat socialiste, François Hollande, aux JT de France 2 et TF1, le retrait par la direction du PS d'un passage du texte sur le nucléaire, sur fond de lobbying actif du groupe Areva continue de semer le trouble au sein des partis.
Le paragraphe de la discorde évoque la «reconversion à emploi constant» de la filière Mox (critiquée par les écologistes parce que contenant du plutonium hautement radioactif). Areva a fait savoir mercredi qu'il était intervenu auprès du PS, en appelant Bernard Cazeneuve, un des porte-parole fraîchement nommés de François Hollande. Cette partie du texte aurait ensuite été retirée à la demande de François Hollande en personne, a avancé Le Monde. Il était pourtant présent dans l'accord signé entre Mme Aubry et Mme Cécile Duflot.
D'un côté comme de l'autre, on campe sur ses positions, tandis que la droite fustige la "folie" de cet accord.
Imcompréhension
Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe des Verts au parlement européen, a accusé jeudi sur RMC le PS de s'être mis au "garde à vous" sur le combustible nucléaire MOX après un coup de fil d'Areva, fleuron de l'industrie nucléaire française, ironisant : "ce n'est pas très jojo."
Interrogé sur le retrait du paragraphe concernant le MOX après passage devant le bureau national du Parti socialiste, l'eurodéputé EELV s'est indigné : "Il suffit d'un coup de téléphone d'Areva pour que le grand PS, avec sa tradition et son histoire, se mette au garde à vous!"
Selon l'eurodéputé, la formulation du passage contesté avait pourtant été "proposée par le négociateur numéro un nommé par François Hollande, Michel Sapin. "C'est à devenir dingue, cette histoire", a résumé M. Cohn-Bendit.
Le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, l'un des négociateurs de l'accord, a quant à lui assuré jeudi sur Europe 1 qu'il y a, autour du candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, "un entourage très productiviste, pro-nucléaire", qui devient "arrogant".
Ce proche de Cécile Duflot a déclaré avoir lui-même rédigé, avec l'ex-ministre socialiste Michel Sapin, "un passage très précis qui est dans ce texte". Comme on lui faisait observer que la situation était confuse, le passage sur le Mox ayant disparu de l'accord, M. Placé a admis: "moi-même je ne comprends pas". "S'il y a des petits amis à lui qui mettent du 'blanco' sur des textes vus par la Première secrétaire du PS et la secrétaire nationale d'EELV, ce n'est pas un bon début. Ca peut même être le début de la fin", a-t-il averti.
Le PS se défend de toute ambiguïté
Jean-Marc Ayrault, conseiller spécial de François Hollande, a assuré jeudi sur Europe 1 que son parti avait "pris ses responsabilités" et "levé l'ambiguïté" sur la question du combustible nucléaire Mox. "La poursuite du Mox est cohérente avec celle du chantier de l'EPR de Flamanville, puisque ce sera le combustible de cette centrale de nouvelle génération," a-t-il expliqué.
A la question "qui a dit la vérité ?" entre François Hollande assurant sur TF1 qu'il n'y a pas de sortie du nucléaire et Cécile Duflot qui a déclaré sur France 2 qu'il y en a une, le député-maire de Nantes a tranché: "c'est François Hollande qui dit la vérité, c'est un engagement qu'il a pris déjà pendant les primaires".
Pour justifier la suppression du paragraphe, il a expliqué que le texte sorti de la négociation avec les écologistes, devait être "soumis à ratification des instances" des deux partis.
M. Ayrault a souligné la contradiction du camp écologiste : "Quand je lis les interprétations des écologistes, ils ont obtenu l'abandon du Mox ! Ça n'est pas possible ! On ne peut pas à la fois dire qu'on est pour Flamanville et dire qu'on abandonne le Mox."
Donc, a poursuivi M. Ayrault, "chacun doit prendre ses responsabilités, nous avons pris les nôtres. François Hollande ne peut pas partir en campagne sur une ambiguïté, un malentendu. Il est levé en ce qui nous concerne.
François Bayrou déplore cette cacophonie sur le nucléaire
"C'est un épisode très important, très significatif et, selon moi, très regrettable parce que ce n'est pas comme cela qu'on gouverne un grand pays", a expliqué François Bayrou sur France culture.
"Ce n'est pas par des accords sur des coins de table par des rédacteurs qui, visiblement, ne savaient pas de quoi ils parlaient" que l'on règle "l'un des plus grand sujets que nous avons à traiter, l'énergie", a-t-il fait valoir. "Tout cela n'est pas à la hauteur et ne correspond pas à la manière dont il faut gouverner la France et vivre la période dans laquelle nous allons entrer", a insisté le leader centriste.
Xavier Bertrand raille François Hollande
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a estimé jeudi sur France Info que l'accord entre le Parti socialiste et les Verts représentait une menace "insupportable", chiffrant à 400 000 le nombre d'emplois directs qui seraient supprimés.
Il en a profité pour se gausser de la confusion qui règne au PS : "François Hollande devrait être clair un jour. Il passe un accord le mardi matin. Le mardi après-midi on gomme en cachette cet accord, le mardi soir on dit oui, le mercredi on dit non. Vous imaginez un sommet européen ou un G20 qui se passerait comme ça ?"
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