Nouvel incident à l'Assemblée nationale
Le ton est monté cet après-midi entre le gouvernement et l'opposition après des questions sur la soirée de lundi du Président de la République et du ministre du Budget. Nicolas Sarkozy et Eric Woerth ont honoré de leur présence une soirée des gros donateurs de l'UMP au très chic hôtel Bristol, à Paris.
Eric Woerth cumulant les casquettes de trésorier de l'UMP et de ministre du Budget, donc responsable de la mise en musique des mesures fiscales orchestrées par Nicolas Sarkozy, notamment du fameux “bouclier fiscal”, les députés PS ont ironisé sur le thème de la confusion des genres. “Les neuf millions d'euros collectés par le trésorier de l'UMP sont le meilleur placement du monde”, a ainsi lancé le député de Meurthe-et-Moselle Christian Eckert. “Ils rapportent les 13 milliards du bouclier fiscal, les 20 milliards de réductions d'impôts”.
QUESTION "STUPIDE"
Harangue qui a fait sortir le gouvernement de ses gonds. “Vous confondez tout”, s'est emporté Eric Woerth, inaugurant un échange dont la postérité dans le grand livre de l'éloquence parlementaire demeure incertaine. “Je ne sais pas ce que vous essayez de démontrer au travers de votre question stupide, mais j'aurais du mal à y répondre autrement que comme cela”. A ce mot de “stupide”, le PS réclame des excuses, estimant qu'il s'agissait d'une “vraie question”.
Le Premier ministre François Fillon se lève alors et prend la parole : “Quand vous allumez le feu, quand vous organisez la polémique, il ne faut pas vous étonner que le gouvernement vous réponde”, tonne-t-il.“ Très souvent, ici au banc, je reste silencieux en entendant les insultes qui fusent des bancs de l'opposition”. Et de fermer le ban en affirmant que de toutes façons, “il n'y a évidemment aucune incompatibilité entre la fonction de trésorier d'un parti politique et la fonction de membre du gouvernement”. Tout l'échange se déroulant sur fond de cris et de claquements de pupitres.
Les députés socialistes ont alors pris cette version rhétorique du “circulez, y'a rien à voir” au pied de la lettre et sont sortis de l'hémicycle pour aller lisser leur honneur froissé devant les micros et les caméras. Un après-midi ordinaire à l'Assemblée nationale ?
La question a tout lieu d'être posée avec la multiplication des incidents de séance cette année. Le plus spectaculaire a été celui de la semaine dernière, avec l'intrusion de Greenpeace. D'autres ont émaillé les débats autour du thème de l'“identité nationale”. En janvier, les socialistes entamaient une Marseillaise pour protester contre le nouveau règlement.
Et c'est ce nouveau règlement que certains pointent du doigt. En reléguant les débats de fond dans les commissions, il est accusé d'avoir dépouillé les séances publiques de leur intérêt. Quand un sujet y arrive, l'essentiel est déjà arbitré. Et les députés n'ont plus grand chose à discuter. A défaut de fond, les députés donnent dans le spectaculaire et les coups médiatiques pour faire passer des messages repris dans les médias.
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