Les quatre effets fracassants du rejet des comptes de campagne de Sarkozy
Crise financière à l'UMP, "démission" du Conseil constitutionnel de l'ex-président... La décision des Sages provoque une série de remous dans le parti de droite.
La décision du Conseil constitutionnel, jeudi 4 juillet, de rejeter les comptes de campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy, ébranle l'UMP. Le parti, déjà empêtré dans des difficultés financières, se voit privé d'une subvention de 11 millions d'euros. En réaction, Nicolas Sarkozy a décidé de démissionner du Conseil constitutionnel. L'UMP, elle, va lancer une campagne de dons.
Saisi par Nicolas Sarkozy lui-même, le Conseil constitutionnel a validé la décision de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) qui avait rejeté, en décembre, les comptes du candidat. Il a estimé que ses dépenses électorales excédaient le plafond autorisé "de 466 118 euros, soit 2,1%". LeCNCCFP avait pointé du doigt huit événements auxquels avait participé le président Nicolas Sarkozy, et qui auraient dû figurer dans ses comptes de campagne. Le Conseil n'en a retenu qu'une, celle de Toulon, en raison de son "caractère électoral". Mais le résultat est le même : les comptes sont rejetés.
L'UMP se retrouve lourdement endettée
La campagne de Nicolas Sarkozy avait coûté près de 23 millions d'euros. Ses comptes ayant été rejetés, il se voit privé du remboursement prévu par la loi de 47,5% des dépenses engagées. En clair, l'UMP peut dire au revoir à près de 11 millions d'euros. C'est une très mauvaise nouvelle pour un parti qui était déjà au bord du gouffre financier.
Endetté à plus de 30 millions d'euros, "le parti se trouve aujourd'hui dans une situation financière très difficile", expliquait en effet sa trésorière, Catherine Vautrin, interrogée début mai par Le Monde. En raison de sa défaite aux dernières élections législatives, l'UMP touchera environ vingt millions d'euros de subventions en 2013, contre environ trente millions en 2012.
Sarkozy veut quitter le Conseil constitutionnel
La décision a probablement énervé Nicolas Sarkozy, mais il est dans l'impossibilité de l'exprimer, car il est soumis au devoir de réserve en tant que membre du Conseil constitutionnel (les anciens présidents n'ont néanmoins pas participé à la décision du 4 juillet). Souhaitant retrouver "sa liberté de parole", il a annoncé qu'il démissionnait de l'institution. Sauf que, comme l'expliquent les constitutionnalistes interrogés par francetv info, étant donné qu'il en est membre de droit, la loi ne lui permet pas de démissionner.
Des élus UMP dénoncent une atteinte à la démocratie
"Tout le monde s'acharne, je constate que tous les jours, il y a une nouvelle affaire [le concernant]. Il y a un climat de chasse au Sarkozy qui (...) saute aux yeux", s'est indigné le député UMP Henri Guaino sur BFMTV. Philippe Briand, trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, a dénoncé une décision "injuste". "On muselle et on empêche l'opposition d'avoir des moyens de communication, d'expression et de soutien. Je trouve que c'est très grave pour la démocratie", a-t-il dénoncé sur RTL. Brice Hortefeux s'est dit "ulcéré" et Nadine Morano a réagi sur Twitter.
La décision du Conseil Constitutionnel est grave pour la démocratie. Ne lâchons rien adhérez et soutenez par vos dons http://t.co/V5f63aLnNI
— Nadine Morano (@nadine__morano) July 4, 2013
Jean-François Copé lance un appel aux dons
Pour renflouer les caisses de l'UMP, Jean-François Copé a annoncé, jeudi soir, le lancement d'"une grande souscription nationale". Il a appelé "les militants", "sympathisants" et tous les Français à répondre à cette campagne de dons "afin de barrer la route" à ceux qui rêvent de "voir l'espace politique français monopolisé par la gauche et par les partis extrémistes". "La voix de l'UMP ne s'éteindra pas", a-t-il promis, dans une déclaration au siège de l'UMP, à Paris.
Dès jeudi soir, le parti a mis en ligne un appel aux dons sur son site internet, accompagné de la déclaration vidéo de Jean-François Copé. Pour couvrir la totalité des quelque 11 millions d'euros qui manqueront à l'UMP après le rejet des comptes du candidat Sarkozy, Catherine Vautrin, trésorière de l'UMP, a calculé que chaque adhérent devrait "verser 35 euros".
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