Municipales : les cartes de l'enracinement du FN
Le Front national s'est fixé un objectif ambitieux au vu de
ses résultats aux dernières municipales : un millier d'élus dans les conseils
municipaux. Et pour y arriver, le parti de Marine Le Pen n'avait pas d'autre
choix que de multiplier le nombre de candidats. Pour l'instant, cette première
étape semble réussie : 597 listes déposées en préfecture pour ce scrutin contre
114 en 2008 (année compliquée sur la plan financier pour le FN) et 210 en 2001 (quelques mois avant la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle).Le record de 1995 avec ses 490 listes est battu.
►►► Les 210 listes FN en 2001
*Source : Ministère de l'Intérieur* **►►► Les 114 listes FN en 2008** **** *Source : Ministère de l'Intérieur* **►►► Les 597 listes FN en 2014** **** *Source : Front national* Neuf fois plus de listes dans le Gard ------------------------------------- La répartition de ces listes montre d'abord que le Front national a réussi à se mobiliser encore davantage dans ses traditionnelles zones d'influence. Dans le Gard, seul département où Marine Le Pen était arrivée devant l'UMP au premier tour de la présidentielle de 2012, le FN a multiplié par neuf son nombre de listes par rapport aux municipales de 2008. Un renforcement également présent dans le Nord et l'Est de la France. Mais le parti d'extrême droite semble également avoir réussi son implantation dans des terres jusqu'à présent plutôt hostiles sur le plan électoral. En Bretagne, il passe par exemple d'une seule liste en 2001 et 2008 à neuf pour ces municipales. En Creuse, il y aura pour la première fois une liste FN à Guéret, d'après [France bleu](https://www.francebleu.fr/municipales-2014/une-liste-front-national-gueret-1333820). D'autres départements comme la Haute-Saône, le Cantal, le Lot ou le Jura semblent toutefois rester hors de portée. Aucun candidat FN ou Rassemblement bleu marine n'y est inscrit. Des listes pour près d'un tiers de la population ------------------------------------------------ En tout, la population sera couverte à 31.8% par les listes du Front national. La majorité des candidatures concernent des villes de moins de 20.000 habitants (65%). Un maillage grâce auquel il espère multiplier les triangulaires au second tour et remporter entre 10 et 15 villes. Plusieurs sondages donnent le parti gagnant à Fréjus et Brignoles (Var), Saint-Gilles (Gard), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Forbach (Moselle) ou Cavaillon (Vaucluse). L'un des objectifs est de pouvoir peser sur les élections sénatoriales en septembre prochain avant de se lancer vers les régionales de 2015... et la présidentielle de 2017 pour Marine Le Pen. Des candidats FN malgré eux ? ----------------------------- Mais ce record du nombre de listes déposées est terni par plusieurs cas d'abus présumés dans la phase de recrutement. D'après Nicolas Bay, chargé de la campagne au FN, les listes sont constituées d'"*environ 20% d'adhérents* ". Il a donc fallu trouver des centaines de volontaires. Ou pas. A Orléans, une nonagénaire souffrant d'Alzheimer et son époux ont été inscrits sur la liste du FN. A Elbeuf, [six candidats qui affirment avoir été inscrits malgré eux ont décidé de porter plainte](http://www.franceinfo.fr/actu/municipales-a-elbeuf-des-habitants-candidats-pour-fn-malgre-eux-1342265-2014-03-06). A Grand-Quevilly, la préfecture de Seine-Maritime a retiré la liste FN après que 22 candidats sur 35 ont décidé de se retirer. En réaction, Marine Le Pen assure d'abord ne pas comprendre comment "*on peut signer un document officiel sans s'en rendre compte* " et annonce ce vendredi qu'elle va déposer des plaintes contre des équipes municipales qui auraient exercé des pressions sur les colistiers du Front national pour qu'ils se retirent. "*Nous réclamerons l'annulation de ces élections puisqu'on nous a empêché de concourir* ", assure la présidente du Front national.
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