Matignon serre la vis sur le recours aux jets privés
En pleine crise économique, difficile de faire admettre à l'opinion que le déplacement d’un ministre puisse coûter 100 ou 200 fois le prix d’un billet sur un avion de ligne. Difficile de faire "avaler" une facture de plus de 100.000 euros pour un saut de puce ministériel en jet privé, quand la dette de l’Etat représente plus des trois-quarts des richesses produites par notre pays…
Désormais, "les membres du gouvernement" (devront) être exemplaires dans une période où chacun est amené à faire des efforts", écrit le directeur de cabinet de François Fillon, dans une note adressée à l’ensemble de l’équipe gouvernementale.
_ Lorsqu’un ministre ou un secrétaire d’Etat voudra se déplacer en jet privé, il devra d’abord demander "l’autorisation du cabinet du Premier ministre", poursuit Jean-Paul Fougère. Et, tout ministre qu’ils sont, ils sont priés de continuer à "privilégier le recours aux lignes ferroviaires et aux lignes aériennes régulières", souligne le document.
Fillon pas exemplaire non plus
Le secrétaire d’Etat à la Coopération Alain Joyandet avait loué un jet privé, du 22 au 24 mars dernier, pour se rendre aux Antilles à une Conférence internationale des villes et des régions du monde pour Haïti. La facture avait été réglée par le contribuable : 116.500 euros, selon les révélations du site Mediapart. Le secrétaire d’Etat avait justifié la dépense par des soucis d’agenda… Justification "maladroite", dit-on dans l'entourage de François Fillon. Alain Joyandet a été reçu hier à Matignon pour se faire remonter les bretelles.
Avant lui, d'autres ministres avaient déclenché la polémique pour leur utilisation abusive de jets privés. Christian Estrosi, du temps où il était secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, s'était fait épingler pour un déplacement à Washington en janvier 2008. Montant de la facture : 138.000 euros
Mais souvenons-nous que Matignon n’a pas toujours, non plus, montré l’exemple. Ainsi, fin septembre 2008, un dimanche soir, un petit avion de tourisme avait failli percuter en plein vol le Falcon 900 du Premier ministre François Fillon qui rentrait, avec femmes et enfants de… week-end, à… Angers (1h30 de TGV).
_ Le Falcon incriminé fait partie de la mini-flotte du gouvernement, héritée du Glam (Groupement de liaisons aériennes ministérielles), dissout par Jacques Chirac.
Gilles Halais, avec agences
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