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Marine Le Pen tente de séduire la classe moyenne en stoppant le "descenseur social"

Dimanche, 8 janvier, Marine Le Pen, lors d'un meeting à Saint-Denis s'est adressée aux classes moyennes. En bonne position dans les sondages, elle doit néanmoins enclencher une nouvelle dynamique et élargir son électorat pour être au 2 ème tour.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Marine Le Pen suscite moins la défiance (Joel Saget)

Dimanche, 8 janvier, Marine Le Pen, lors d'un meeting à Saint-Denis s'est adressée aux classes moyennes. En bonne position dans les sondages, elle doit néanmoins enclencher une nouvelle dynamique et élargir son électorat pour être au 2 ème tour.

Marine Le Pen fait partie des candidats qui ont vraiment coupé pendant les vacances. Au début du mois de décembre, elle confessait une légère fatigue. Car, elle est en campagne depuis le mois de janvier 2011 et son élection à la présidence du Front national. Cette coupure a donc été l'occasion de tirer un bilan de l'année écoulée.

"Socle électoral acquis"

Créditée entre 15 et 20% dans les sondages, sa candidature est sur orbite. Les instituts lui promettent au premier tour un score largement supérieur à son père en 2007. Elle est en embuscade pour créer peut-être la surprise d'un nouveau 21 avril dans un scénario dit du quatre quart qui agite l'imagination de beaucoup d'observateurs.

Il s'agirait d'un premier tour où François Hollande, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Mme Le Pen seraient tout quatre autour de 20% des voix.

Ce scénario n'existe pour l'instant qu'à l'état virtuel, voire fantasmatique. Il est en tout cas contredit par le sondage paru ce matin dans le JDD.

Il y a également un autre bémol. Marine Le Pen stagne dans les intentions de vote. Elle est même légèrement en retrait par rapport à une enquête du printemps dernier qui la plaçait en tête du premier tour. Il lui faudrait donc trouver une nouvelle dynamique.

Louis Aliot, son directeur de campagne en tire une analyse optimiste. "Cela veut dire que notre socle électoral est acquis. On peut commencer à s'adresser au-delà", déclare t-il.

Au delà, ce serait donc les classes moyennes, nouvelles cibles du FN, après avoir séduit l'électorat ouvrier.

"Stopper le descenseur social"

Et pour s'adresser à ces classes moyennes, Mme Le Pen reprend un concept tiré de la sociologie de ces dernières années: le descenseur social, plus connu sous l'appellation de déclassement. Mais les deux sociologues inventeurs de l'expression l'associent plus aux classes populaires.

"Comment ne pas entendre le cri sourd de la France qui descend", déclare la candidate du Front national.

"Le pacte social de l'après-guerre n'existe plus. Après les classes populaires c'est au tour des classes moyennes de comprendre que c'est une voie sans issue et un chemin piégé qui leur est proposé", poursuit-elle.

Mme Le Pen définit la classe moyenne, "comme ceux qui n'apparaissent ni dans les journaux, ni dans les courbes du CAC 40, ceux qui sont silencieux, donc oubliés et maintenant niés".

Elle souhaite donc les protéger pour leur donner à nouveau confiance dans l'avenir. Elle évoque une nouvelle fois ses propositions sur le protectionnisme économique. "Le signal sera très clair: vous vendez en France, vous produisez en France", martèle la candidate.

Priorité nationale pour le logement

Mais la présidente du FN ajoute un développement nouveau à son discours, autour de la question du logement. C'est la grande préoccupation de la classe moyenne comme l'a montré une étude de deux chercheurs de l'Université Paris-Dauphine récemment.

Les propositions apportées par Mme Le Pen sont en revanche traditionnelles. Elle préconise l'instauration de la priorité nationale (nouveau nom de la préférence nationale) pour l'attribution des logements sociaux.

"La priorité nationale n'est autre qu'un protectionnisme social", explique Mme Le Pen, pour qui la politique d'immigration est responsable de la pénurie de logements. Elle annonce un audit sur les conditions d'occupation des logements sociaux et une refonte des systèmes d'aides.

Cour de récréation

Un peu plus tôt, la candidate avait également défini la classe moyenne comme la plus touchée par les nouvelles taxes entrées en vigueur en janvier et celles à venir, comme la TVA sociale, présentée comme la" TVA patronale". Mais elle a été la plus applaudie quand elle a mis en cause les augmentations d'amendes pour les infractions routières. Elle promet la suppression du permis à point.

Après avoir cité Emile Zola, Mme Le Pen termine en appelant "classes populaires et classes moyennes à passer ensemble de la colère à l'espérance". Une façon de ne pas opposer ces deux électorats qui lui sont nécessaires comme à chacun de tous les candidats à l'élection présidentielle.

"Mais quand les autres se chamaillent dans une ambiance digne d'une cour de récréation, moi j'avance et je trace mon chemin", veut croire la candidate du FN.

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