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Loi Travail : le gouvernement tente la tactique du tamis

Manuel Valls, le Premier ministre a commencé ce week-end une vaste opération déminage avec les différents syndicats, secteur par secteur, pour tenter de faire baisser la pression sur les négociations autour de la loi Travail.
Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le gouvernement serait ainsi prêt à appuyer en faveur des revendications sectorielles pour s’aménager une marge sur la loi Travail © Sipa)

 L’opération de déminage a commencé ce week-end avec un coup de fil de Manuel Valls à Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, le premier en douze mois, signe plutôt positif pour le leader de la CGT. Lors de leur entretien, les deux hommes ont finalement acté une nouvelle fois une divergence de fond : le Premier ministre a donc ciblé son opération déminage secteur par secteur, syndicat par syndicat. 

Clairsemer la rue par la tactique du tamis

 Le gouvernement serait ainsi prêt à appuyer en faveur des revendications sectorielles pour s’aménager une marge sur la loi Travail. D’une certaine manière, miser sur des réflexes corporatistes pour affaiblir le mouvement. La tactique du tamis, en somme : la somme des revendications catégorielles grossit les rangs des manifestations dans la rue. Si ces dernières sont satisfaites, la plupart des manifestants resteront chez eux, permettant au gouvernement de décrédibiliser l’adversaire avec l’argument-leitmotiv "La loi Travail ne mobilise qu’une petite minorité". Le coup est double : l'opinion publique tend alors à penser que ceux qui poursuivent les blocages poursuivent leurs propres intérêts, tandis que l'exécutif peut asséner la défense de l’intérêt général passera nécessairement par la voie de la réforme. 

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Le gouvernement est à l'œuvre dans les négociations en cours, notamment à la SNCF. En langage Matignon, cela se dit "appuyer l'entreprise dans la construction des évolutions nécessaires". Un conseiller reconnait que le Premier ministre suit de près les discussions, chose habituelle selon lui dans ce genre d'entreprise. En affirmant au passage qu'effectivement "dans ce moment, plus que dans d'autres, tous les conflits sectoriels s'inscrivent dans un paysage global".

 Sur d’autres dossiers, l’exécutif lâche du lest

 L’exécutif lâche par ailleurs du lest sur d'autres dossiers : nous l’avons vu ce lundi matin avec les chercheurs : François Hollande recevait ce matin cinq prix Nobel et un mathématicien lauréat de la médaille Fields. Le président de la République a annoncé qu’il renonçait finalement aux annulations de crédit sur le budget de la recherche. En creux, une manière de montrer qu'il sait être souple et qu'entre gens de bonne compagnie, la discussion est toujours possible.

 

Du côté de la Loi Travail, l’Elysée et Matignon affichent toujours une extrême fermeté. Avec pour mot d’ordre : tenir et ne pas lâcher. D’autant qu’à l’heure où la CGT joue sa place de première confédération aux prochaines élections professionnelles, le syndicat a tout intérêt à jouer son va-tout. Cette rivalité syndicale laisse en fait peu de marge au politique, selon un proche de Manuel Valls.

 Euro ou pas, ne céder à aucun chantage

 Ne céder à aucun chantage, malgré la perspective de l’Euro : "S'il doit y avoir un conflit pendant la compétition, il y aura un conflit", expliquait-on dimanche soir dans l’entourage présidentiel. Rassurons-nous à cet égard : lors du Mondial 1998, Lionel Jospin n'avait pas cédé face à la grève des pilotes d'Air France. Que tout le monde a oubliée.

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