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Loi NOTRe : les maires ruraux ont manifesté cet après-midi devant l’Assemblée Nationale

Des dizaines de maires de petites communes ont manifesté ce mercredi devant l’Assemblée Nationale. Ils dénoncent plusieurs mesures de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation territoriale de la République).
Article rédigé par Leticia Farine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Des centaines de maires ruraux ont protesté ce mercredi après-midi à l'Assemblée Nationale contre la loi NOTRe. / Crédit: France Info,  Nathanaël Charbonnier)

L'Association des maires ruraux de France avait appellé à fermer les mairies aujourd'hui et à manifester dès 15h devant l'Assemblée nationale. Des centaines d'élus venant de toute la France se sont rassemblés cet après-midi pour dénoncer l'adoption, en deuxième lecture à l'Assemblée, de la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République). 

Pour Philippe Thiry, maire de Lenoncourt, un village de 600 habitants près de Nancy, le problème avec cette réforme "c’est le gigantisme qu’elle veut apporter à l’organisation des territoires et notamment à promouvoir l’intercommunalité. On y voit une perte des démocraties locales : on déshabille les communes, on leur enlève leurs compétences au profit des intercommunalités alors que finalement la commune c’est quand même le lien le plus utile (...) Les communes, c'est le premier service publique".

Phillipe Thiry, maire de Lenoncourt : "Les communes, c'est le premier service publique"

En effet, si la réforme inquiète, c'est que la loi fixera notamment, la taille minimale des communautés de commune à 20.000 habitants. Ce qui équivaudrait  pour beaucoup d'élus, à priver les villages de certaines de leurs compétences et de conduire à leur destruction. 

90 % des 36.000 communes françaises sont rurales 

Phillipe Thiry souligne le rôle primordial que joue un maire rural au sein de sa commune: "Le quotidien du maire c’est créer le lien social, le vivre ensemble, s’inquiéter des personnes âgées, trouver des solutions à tout, le maire est polyvalent. Et puis...il n’y a pas que le maire, il y a ses adjoints mais il y a surtout les conseillers municipaux qui sont bénévoles. Sur le territoire national vous avez 480.000 bénévoles. Qui va faire le boulot à leur place ?"

Toutefois, l'élu souligne qu' "il ne s’agit pas non plus d’opposer urbains et ruraux"  . Pour lui, les intercommunalités sont quand même "utiles " et notamment sur "certaines problématiques comme l’assainissement de l’eau, ou les ordures ménagères".

  (© Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France et maire de la commune d'Yerres dans l'Essonne,s'est rendu à la manifestation. /Crédit: France Info, Nathanael Charbonnier)

Il faut noter que 90% des communes françaises sont rurales sur les 36.000 que compte l'hexagone. Par ailleurs, 32.000 communes ont moins de 2.000 habitants, et occupent 90% du territoire.

En octobre dernier, la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, avait déjà reçu les maires ruraux. Aujourd'hui, elle a affirmé sur son compte Twitter : "Nous avons tous le même objectif: proposer des services publics efficaces à nos concitoyens". 

La ministre a reçu cet après-midi une délégation de maires membres de l'Association des Maires Ruraux de France.

Pour Jacques Drouhin, maire de Flagy et président de l'Association des Maires de Meurthe-et-Moselle, depuis la dernière rencontre avec la ministre, il n'y a pas eu de véritable changement depuis.

Jacques Drouhin (président de l'association des maires ruraux de Meurthe-et-Moselle)

" On se fiche un peu de nous, il y a des navettes entre l’Assemblée Nationale et le Sénat. On nous fait croire que la démocratie est réelle, mais on s’aperçoit qu'au final, c'est l'Assemblée Nationale qui a le dernier mot ", selon Jacques Drouhain. Il se dit "e n colère" , "méprisé" , mais aussi "très déterminé ".

Un des objectifs visés par le gouvernement avec cette la Loi NOTRe est de réduire le déficit publique. Cependant, pour Phillipe Tiry, ce n'est pas du tout " un bon gage d'équilibre financie r."

" Les intercommunalités s’engagent dans des réorganisations des territoires que les communes ne feraient peut-être pas. Si vous avez un territoire avec 50 ou 60 communes, combien allez-vous devoir créer de crèches ou de centre de recrutement scolaires par exemple", demande-t-il.

Alors que les manifestants étaient plus nombreux que prévus à protester cet après-midi devant l'Assemblée Nationale, la ministre de la Décentralisation et de la Fonction Publique a réaffirmé que "le gouvernement soutient les communes rurales ".

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