Loi famille : le gouvernement, critiqué, démine
Plusieurs ministres sont
montés au créneau depuis lundi pour justifier le report du projet de loi
famille. Ainsi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a
expliqué mardi que le projet n'était pas "prêt ". Rien à voir, donc, avec la forte mobilisation de la
Manif pour tous dimanche.
"Que les choses soient claires : nous ne repoussons
aucunement le projet de loi à l'aune de la manifestation. Nous repoussons
l'examen de ce projet de loi parce que de fait, il n'est pas prêt ", a détaillé
la ministre expliquant par ailleurs que l'examen du texte était repoussé en
raison de "l'hystérisation "
autour de ce projet de loi.
De son côté, la ministre
de la Justice, Christiane Taubira, a expliqué que le texte allait "bien sûr revenir " tandis que son
homologue du Redressement productif – Arnaud Montebourg – a lui estimé qu'il fallait
mieux "s'unir " pour "redresser le pays " que se diviser
sur "les sempiternelles querelles ".
Une majorité divisée
Si le gouvernement semble
faire front, alors que le texte devait initialement être présenté au mois
d'avril par la ministre de la Famille Dominique Bertinotti, la majorité, elle,
se divise. Les écologistes parlent ainsi d'un "renoncement consternant " (comme l'a expliqué la numéro un
d'EELV Emmanuelle Cosse) d'une "trahison "
(Noël Mamère). Sur Twitter, le député Sergio Coronado, a de son côté évoqué une
"pantalonnade ".
Les socialistes, eux, sont
plutôt silencieux sur le sujet voire saluent la décision du gouvernement.
Pour Harlem Désir, le gouvernement "a
eu raison de prendre du temps sur ce sujet de la famille, que moi je souhaite consensuel ".
Mais en privé, certains déplorent "une reculade" qui s'explique par la peur d'alimenter les
mobilisations dans la rue telles que celles du week-end passé, qui ont réuni au
moins 100.000 personnes à Paris et à Lyon. Seule voix véritablement discordante,
celle du sénateur PS Jean-Pierre Michel, ex-rapporteur du projet de
loi sur le mariage homosexuel, qui a dénoncé "une victoire de la réaction ".
"Si le gouvernement
est effrayé par quelques dizaines de milliers de manifestants qui battent le
pavé, il ne faut plus gouverner." (Jean-Pierre Michel)
Par ailleurs, les députés PS vont déposer des propositions de loi sur plusieurs points qui auraient dû être abordés dans le projet de loi sur la famille, comme le statut des beaux-parents ou l'adoption. Ces propositions ne concerneront pas la PMA, la procréation médicalement assistée.
De son côté, Jean-Luc
Mélenchon (Parti de gauche) a estimé que la gauche était trompée appelant à des
"élections punition ", lors
des prochains scrutins, notamment lors des municipales et des européennes
évoquant même "un coup de poignard
dans le dos ".
"Du cafouillage à la panique "
La droite, elle, applaudit
ce retrait tout en s'inquiétant, comme Jean-François Copé, le président de l'UMP, des "ambiguïtés " qui
demeurent. Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a lui estimé que le gouvernement était passé "du cafouillage à la panique ". Pour Nadine Morano, le
gouvernement "n'avait pas le choix "
face à une France "excédée ".
Le président du Modem
François Bayou a estimé mardi que le gouvernement "a eu peur" de sa propre majorité sur le projet de loi sur la
famille, et que le chef de l'Etat, percevant dans le pays une radicalisation
sur ces sujets, a "dit stop à sa
majorité ".
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