Logements sociaux : "Une petite loi" qui est "une remise en cause de la loi SRU", déplore l'ancienne ministre du Logement Emmanuel Cosse

La présidente de l'Union sociale pour l'Habitat dénonce le projet de loi présenté par le gouvernement sur le logement. Un texte qui "ne changera pas la donne" selon elle.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuelle Cosse, le 16 juin 2021. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"La crise du logement est extrêmement grave et on nous propose une petite loi extrêmement technique qui soi-disant va changer la donne", fustige vendredi 3 mai sur franceinfo l'ancienne ministre écologiste du Logement Emmanuelle Cosse. Celle qui dirige désormais l'Union sociale pour l'habitat, l'organisation représentative du secteur HLM, voit dans le projet de loi présenté ce vendredi en Conseil des ministres de "la démagogie".

Le texte défendu par le ministre Guillaume Kasbarian prévoit d'assouplir la loi SRU, imposant aux villes un taux de 20 ou 25% de logements sociaux. Désormais, seront pris en compte des logements intermédiaires, aux loyers plus élevés. Selon Emmanuelle Cosse, cette réforme est "une remise en cause incompréhensible de la loi SRU qui est un des socles de la République". Le logement intermédiaire "ne changera pas la donne" pour "des communes qui n'ont même pas 10% de logements sociaux 20 ans après l'application de la loi", regrette-t-elle.

"Ce qu'il faut, c'est surtout une défense sans faille de l'application de la loi SRU", a-t-elle plaidé. Sur un peu plus de 2 100 communes soumises à cette loi, environ 1 100 sont hors des clous sur la période 2020-2022, selon le ministère. Pour l'ancienne ministre du Logement de François Hollande, il faut que "toutes les semaines, les préfets voient avec les communes récalcitrantes pourquoi elles ne construisent pas, pourquoi tel foncier n'a pas été transformé en logement social plutôt que de faire de la promotion privée".

"Le plus bas chiffre de permis de construire"

Elle pose par ailleurs un regard sans concession sur le projet de loi. Face à une crise inédite du logement, "il faut développer une offre massive de logements", défend-elle. Or, "il y a le feu et on propose une goutte d'eau", pointe-t-elle. Parmi ces "gouttes d'eau", le gouvernement a introduit des dispositions pour mettre plus facilement fin au bail des locataires les plus aisés. "Qu'on mette des règles d'éthique de fonctionnement sur le parc HLM, il n'y a pas de problème" mais ça ne concerne que "quelques milliers de locataires" quand le nombre de ménages en attente d'un HLM a atteint le niveau record de 2,6 millions.

"Nous avons des propositions qui focalisent sur un sujet très démagogique", enfonce celle qui est à la tête de la confédération des bailleurs sociaux. "Aujourd'hui, le ministre fait le choix de focaliser sa communication sur des locataires HLM 'nantis' qui n'existent pas ou sont très minoritaires à un moment où on a le plus bas chiffre de permis de construire", a-t-elle dénoncé.

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