Livre blanc de la Défense : 24.000 postes en moins entre 2016 et 2019
Les observateurs
attendaient autour de 20.000 suppressions de postes à venir entre 2016 et 2019
dans l'armée française. Ce sont finalement quelque 24.000 postes qui seront
supprimés en plus dans l'armée sur cette période, selon les prévisions du livre
blanc de la Défense, remis ce lundi matin à François Hollande.
D'ici 2015, le livre blanc
préconise en revanche de maintenir l'objectif fixé par Nicolas Sarkozy pour la
période 2008-2015, qui prévoyait la suppression de 55.000 postes. En 2014 et
2015, quelque 10.000 hommes et femmes devraient donc quitter l'armée. Le nombre de militaires pouvant être mobilisés sur les opérations à l'extérieur devrait par ailleurs être réduit de 30.000 hommes et femmes à 15.000 ou 20.000. Les armées devront toutefois être capables d'intervenir simultanément sur deux ou trois théâtres distincts. Intervention et dissuasion, notamment nucléaire, restent donc les objectifs majeurs.
Le budget 2014 stable
En revanche, l'une des
principales inquiétudes des parlementaires est apaisée : le budget de la Défense
ne sera pas réduit, il reste stable en 2014, à 31,4 milliards d'euros, ce qui
correspond à 1,5% du PIB français. Au total, 179,2 milliards d'euros seront
réservés à la défense entre 2014 et 2019, et 364 milliards d'ici à 2025.
Devant les membres de la Commission du livre blanc, François Hollande a assuré que la qualité de l'armée ne pâtira pas de ces nouvelles orientations :
"S'il y a un fil rouge dans ce que nous avons voulu faire à travers le Livre Blanc, c'est d'assurer le meilleur entraînement, les meilleurs équipements et le meilleur renseignement pour nos armées, elles le méritent".
Pour être transposées dans la loi et dans le budget, ces orientations devront faire l'objet d'un projet de loi de programmation militaire, prévu pour cet automne.
Personne n'attend "que la France puisse tout faire en tous lieux "
Le président de la Commission du livre blanc, Jean-Marie Guéhenno, explique dans une interview accordée dans le Monde daté de mardi, que la France doit conserver "sa mobilité tactique et stratégique ", mais qu'elle n'a pas à intervenir "en tous lieux ". "La puissance de la France se marque beaucoup dans sa capacité en intervention extérieure, et à en entraîner d'autres ", développe-t-il, mais "elle a des alliés, dans l'Union Européenne et dans l'OTAN. Personne n'attend d'elle qu'elle puisse tout faire en tous lieux, mais elle doit toujours être capable de bien faire ce qu'elle fait ".
La première réaction est celle de Marine Le Pen : la présidente du Front national a proposé de sanctuariser le budget de la Défense, en interdisant que celui-ci soit inférieur à 2% du PIB. Selon elle, ce seuil "est le niveau tout juste suffisant pour assurer un outil militaire digne de ce nom ".
Invité ce lundi de France Info, le général Vincent Desportes, professeur associé à Sciences Po, a déclaré ne pas être vraiment déçus "parce que nous nous attendions à une déception ", mais constater un "décrochage stratégique inquiétant ". "Notre position forte au Conseil de sécurité des Nations unies, on la doit surtout à notre cette capacité d'intervention dans les crises. Et c'est cette capacité qui est réduite ", ajoute-t-il.
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