L’initiative d’Eric Cantona a suscité des réactions mitigées au sein de la classe politique
Placer la problématique du logement dans le débat. C'est l'objectif du parrain de la Fondation Abbé-Pierre, Eric Cantona. Les réactions se multiplient, alors que Libération a publié mardi 10 janvier une lettre du footballeur adressée aux élus.
Coup d'éclat de l'ex-star du football Eric Cantona. Le parrain de la Fondation Abbé-Pierre a annoncé mardi se lancer dans la course aux 500 signatures pour la présidentielle, non pour se présenter mais pour placer la question du mal-logement au coeur des débats. Alors que Libération a publié dans la matinée une lettre de l'ancien footballeur, adressée aux élus, les réactions se multiplient.
L'UMP sceptique
Le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a trouvé "très bien" que des "citoyens emblématiques" comme Eric Cantona "s'intéresse à la question du logement". "Dans le même temps, il n'a pas l'intention, il l'a dit lui même, d'être candidat, donc les signatures ne me paraissent pas vitales", a-t-il ajouté.
Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre chargée du logement entre autre, le mal-logement est une réalité en France malgré les efforts du gouvernement. "Au-delà du caractère un peu particulier de ce genre de candidature, il y a une vraie problématique sur laquelle Eric Cantona veut attirer l'attention", a-t-elle dit sur Europe 1. "Le logement est dans la campagne présidentielle, c'est l'un des principales préoccupations des Français."
Le ministre de l'Economie, François Baroin, a indiqué sur I-télé qu'il ne lui donnerait pas sa signature, la réservant pour Nicolas Sarkozy. Il a toutefois souligné qu'il préférait voir "le Cantona qui s'occupe du logement que le Cantona qui proposait aux Français de liquider leurs avoirs dans les banques pour proposer un désastre".
Sur France Info, le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, s'est dit lui "à 100% d'accord" avec Cantona. "Il faut que le logement soit un des sujets de la campagne présidentielle", a-t-il déclaré, précisant que le gouvernement avait construit "pendant le quinquennat 600.000 logements sociaux".
Le PS dans l'embarras
Arnaud Montebourg, député PS de Saône-et-Loire, a estimé mardi que l'ancien footballeur n'avait pas besoin de 500 signatures de maires pour parler du logement lors de la présidentielle, puisqu'il ne veut pas être candidat. Il a toutefois précisé qu'il "approuvait" un "certain nombre" de questions de société sur lesquelles "Eric Cantona s'est engagé".
Même réserve du côté de Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande. "Si, à chaque fois qu'on a une très belle cause à défendre, il faut être candidat à la présidence de la République, on risque de détourner la fonction et l'institution", a-t-il estimé mardi sur Europe 1. Pour autant, l'ancien ministre a affirmé qu'il y a aujourd'hui "un vrai déficit de construction de logements en France".
Seul Thierry Repentin, porte-parole Habitat du candidat socialiste François Hollande, s'est montré enthousiaste. "Cantona a évidemment raison sur le fond, est percutant et réaliste dans son analyse", a-t-il déclaré. "Il [Eric Cantona] se charge de tirer lui-même le pénalty consécutif à l'échec de la politique du logement telle qu'est est conduite et que récusent 80% de la population française", a conclu ce responsable.
"Alors, vous le prenez ?"
"Une élection c'est un grand moment de démocratie, pourquoi il n'aurait pas ses 500 signatures !", a jugé sur RTL Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), tandis que Cécile Duflot (EELV) a indiqué sur France Inter que cette vraie fausse candidature était "la démonstration que pour faire parler d'un sujet, il faut être candidat à la présidentielle".
L'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, s'est dit lui "heureux qu'il y ait des consciences qui portent de telles préoccupations, aussi importantes que celle du logement" sur France Info.
La Fondation Abbé-Pierre évalue à plus de huit millions les personnes concernées par les difficultés pour se loger.
Eric Cantona s'était déjà investi en 2010 dans la campagne de la Fondation baptisée "Carton rouge pour le mal-logement". Dans un clip, il faisait visiter un appartement insalubre, demandant : "alors, vous le prenez ?"
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