Les vérités de Nicolas Sarkozy
Un peu plus d'une heure passée dans les jardins de l'Elysée ; un président de la République offensif, combatif, comme à son habitude ; et un interviewer poli, sur la réserve... Mis à part le cadre bucolique, les interventions se suivent et se ressemblent, à la télévision.
_ Que restera-t-il de cette interview présidentielle ? Pas d'annonce tonitruante, juste un certain nombre de confirmations.
LA CALOMNIE. Sur le dossier du moment, qui agite la classe politique depuis des semaines - non, ce ne sont pas les retraites, mais l'affaire Woerth-Bettencourt - le chef de l'Etat a tenu à faire part de son entier soutien à Eric Woerth. “C'est un homme honnête et compétent ; il a toute ma confiance et celle du Premier ministre” .
Et Nicolas Sarkozy d'ajouter : “il vient de subir la calomnie et le mensonge”. La calomnie, il dit avoir également été touché. Lorsque l'ex-comptable de Liliane Bettencourt a, à un moment, déclaré que Sarkozy venait toucher des enveloppes.
Tout juste concède-t-il que ce serait peut-être bien qu'Eric Woerth laisse son poste de trésorier de l'UMP - non à cause d'une possible collusion, mais parce que la réforme des retraites va lui prendre tout son temps.
LE REMANIEMENT. C'est confirmé, il y aura bien un remaniement ministériel à l'automne, au mois d'octobre. Soit, donc, après la réforme des retraites.
Pas question de céder à l'agitation du moment : “si je devais écouter tous les conseils qui me sont donnés, j'aurais fait un premier remaniement après les régionales et j'aurais fait un deuxième remaniement maintenant. Et sans doute les mêmes auraient recommandé un troisième remaniement après la réforme des retraites.”
LES RETRAITES. C'est donc l'autre sujet du moment : la réforme des retraites. Après avoir réglé son compte une bonne fois pour toutes aux 35 heures, qui ont “conduit à une régression de la compétitivité”, le chef de l'Etat a redit que, pour financer les retraites, il se refusait à réduire les pensions et à augmenter les impôts.
La seule solution est bien d'allonger la durée de cotisations. Partant de là, le gouvernement sera très ouvert : “les 62 ans nous n'y toucherons pas ; sur le reste nous serons très à l'écoute.”
Sauf que, quand on l'interroge sur les manifestations qui s'annoncent à la rentrée, Sarkozy est très clair : “je m'attends à ce qu'il y ait des manifestations, je sais qu'il y a de la souffrance. (...) Mais si on doit retirer un projet utile pour le pays à chaque fois qu'il y a une manifestation, on ne ferait rien d'utile pour le
pays”. Sous-entendu : pas question de reculer.
LE DEFICIT et la politique économique de la France. “En Europe il y a deux pays qui tiennent l'économie : l'Allemagne et la France”. Autant dire que le pays doit montrer l'exemple...
_ Le déficit, aujourd'hui estimé à 8% du PIB, passera à 6% en 2011 et 3% en 2013 ; Nicolas Sarkozy en est convaincu. Tout le monde va se serrer la ceinture.
Pêle-mêle, un certain nombre d'autres sujets ont été évoqués : la gouvernance mondiale - la France va prendre à la fin de l'année la présidence du G20, et le président de la République espère bien en profiter pour faire bouger les lignes.
La sécurité - c'était l'un des thèmes récurrents de campagne : toujours beaucoup de fermeté, d'ailleurs. “Nous allons appliquer avec beaucoup de rigueur la suppression des allocations familiales” pour lutter contre l'absentéisme scolaire.
Les journalistes otages en Afghanistan. “Nous n'avons pas d'inquiétude brûlante. Nous discutons. J'ai en revanche une inquiétude beaucoup plus brûlante pour un autre de nos compatriotes retenu en otage quelque part dans le Sahel. C'est ça la vérité”.
REACTIONS POLITIQUES
Après l'intervention, les réactions politiques sont habituelles : le PS est déçu, l'UMP applaudit des deux mains.
Nicolas Sarkozy “a répondu à toutes les questions”, estime Xavier Bertrand, le secrétaire général de l'UMP.
“Il n'a pas répondu aux angoisses légitimes des Français”, dit au contraire le socialiste Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France.
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