Victoire de François Fillon : "les électeurs de la droite sont déjà dans la présidentielle" estime le politologue Bruno Cautrès

François Fillon a remporté la primaire de la droite, dimanche 27 novembre, avec beaucoup d'avance, face à Alain Juppé. D'après les résultats partiels, l'ancien Premier ministre a récolté 66,5 % des suffrages contre 33,5% pour le maire de Bordeaux.

Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CEVIPOF, a estimé lundi sur franceinfo, que le score de François Fillon et la participation massive ont confirmé le soutien que les électeurs comptent apporter à leur candidat en 2017.

franceinfo : Que nous dit cette large victoire de François Fillon sur le comportement des électeurs ?

Bruno Cautrès : Dans les résultats du deuxième tour, on retrouve ce que les résultats du premier tour nous laissaient envisager. Quand on analyse le score de François Fillon, au fond c’est l'addition du score de Nicolas Sarkozy au premier tour et de celui de Bruno Le Maire en plus du sien.

Pour Alain Juppé, c'est l'addition de son score au premier tour, de ceux de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Jean-François Copé sans aucun doute. Cela veut dire que les électeurs sont dans les starting-blocks. Il n’y a pas eu d’affaiblissement de la participation entre le premier et le deuxième tour. Cela confirme à quel point cet électorat est déjà dans la perspective de soutenir fortement son candidat.

François Fillon va-t-il devoir adoucir son programme ou revenir peut-être sur certaines promesses pour rassembler à droite et au centre ?

Pour l’instant, je n’imagine pas François Fillon changeat de route. Il est sur une trajectoire porteuse à l’intérieur de son camp, celui de la droite. Son objectif, pendant toute sa campagne, était d’affirmer très fortement un programme de droite au plan économique, sur les questions de valeurs et d’identité.

Au centre, je n’imagine pas non plus François Bayrou laissant le champ libre à Emmanuel Macron pour récupérer l’héritage des électeurs centristes. On commence à avoir toute une partie du paysage de la présidentielle qui est maintenant clarifié. Il nous reste maintenant une énorme inconnue : qui sera le candidat de la gauche.

Que pensez-vous de l'idée de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, qui veut un projet commun pour les législatives ?

Pour l’instant l'homme fort, c’est François Fillon. On ne voit pas très bien la marge de manœuvre de Jean-Christophe Lagarde et de son parti pour peser fortement sur le programme du candidat des Républicains. C'est le plus fort qui va imposer ses règles.