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NKM est-elle une candidate crédible pour la présidentielle de 2017 ?

Après son éviction de la direction des Républicains, l'ancienne ministre se prépare à se lancer dans la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Morizet, le 10 octobre 2015 à Paris. (MAXPPP)

Si Nicolas Sarkozy avait voulu précipiter l'entrée de Nathalie Kosciusko-Morizet dans la course à la présidentielle, il ne s'y serait pas pris autrement. Evincée de la direction des Républicains sur décision du chef du parti, NKM, qui affirme avoir appris la nouvelle "par une dépêche AFP", commence à penser de plus en plus fort à une candidature à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017.

Libérée de ses responsabilités, l'ancienne ministre de l'Ecologie fait plus que jamais valoir la ligne qu'elle a toujours défendue : celle qui s'oppose au "ni-ni" prôné par Nicolas Sarkozy. Mardi 15 décembre, sur France Info, elle a ainsi répété sa volonté de "ne pas renvoyer dos à dos" le Parti socialiste et le Front national. "Les uns sont nos adversaires, les autres sont nos ennemis", a-t-elle détaillé.

Une posture de victime face à un Sarkozy indélicat

Cette ligne, NKM compte bien la marteler dans les semaines et les mois à venir. "Ce qui s'est passé en début de semaine lui donnera plus de liberté pour défendre ses idées", glisse l'un de ses proches, interrogé par francetv info. Mais pas question pour elle de s'enferrer dans un débat qui la cantonnerait dans un rôle d'icône anti-FN au sein des Républicains. "Nathalie développe des idées audacieuses sur le plan économique", vante l'un de ses soutiens. Elle-même résume sa pensée en une formule :

La France n'a pas besoin de réactionnaires, mais de visionnaires.

Nathalie Kosciusko-Morizet

"Le Parisien"

La pique vise clairement Laurent Wauquiez, passé de numéro trois à numéro deux dans l'organigramme du parti, récompensé après sa victoire aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes à l'issue d'une campagne très marquée à droite. Elle s'adresse aussi à Nicolas Sarkozy, qui a eu l'indélicatesse de faire fuiter la nouvelle de son éviction avant de lui annoncer personnellement.

Une décision au printemps ?

Dans cette posture de victime, va-t-elle en profiter pour se lancer dans la course à la primaire ? "Si elle va de média en média pour développer des positions notoirement inverses à la ligne du parti, c'est bien pour une raison. A quoi ça sert si c'est pour ne pas se présenter à la primaire ?", s'interroge un membre du groupe des Républicains au conseil de Paris, que NKM préside. "Elle a toujours dit que la primaire l'intéressait, convient l'un de ses soutiens. Mais il ne faut pas que la décision prise par Sarkozy interfère dans son calendrier. Cela ne doit la faire ni accélérer ni renoncer."

Nathalie Kosciusko-Morizet avait déjà expliqué par le passé qu'elle se prononcerait sur cette éventualité au cours de l'année 2016. Désormais, elle se fait un peu plus précise.

Rien n'est fait. Mais en général, le bon timing, c'est le printemps. Je crois beaucoup aux saisons, y compris en politique…

Nathalie Kosciusko-Morizet

"Le Parisien"

Si elle décide finalement de se porter candidate, "ce ne sera pas contre quelqu'un, mais pour des idées", assure-t-elle. Le critère déterminant ? Voir si elle peut être "utile au débat".

Si ses idées ne sont pas représentées par les autres candidats, elle se lancera.

Un proche de NKM

Francetv info

Pour elle, la primaire ne sera pas un moyen d'accéder à l'Elysée (elle ne dépasse guère actuellement les 3% d'intentions de vote), mais une façon d'attirer les projecteurs. Une stratégie qui, à gauche, avait réussi à un certain Manuel Valls.

Un manque criant de soutiens

Mais pour se lancer, Nathalie Kosciusko-Morizet va devoir batailler. Les conditions fixées pour être candidat – 20 parrainages de parlementaires, 2 500 adhérents sur un minimum de 15 départements et 250 élus répartis sur au moins 30 départements – ne lui sont pas favorables. Son club politique, "la France droite", créé en 2012, revendique quelque 3 000 adhérents. "Un réseau territorial est déjà en place dans les départements et un maillage par circonscriptions est en train de s'organiser, explique-t-on au sein du mouvement. Et depuis son éviction [de la direction du parti], nous recevons beaucoup de messages de soutien de la part de sympathisants, de gens de la société civile et d'élus."

Les élus, c'est justement ce qu'il manque pour le moment à NKM. La députée de l'Essonne dispose de peu de relais au sein de son groupe à l'Assemblée nationale. Contrairement à Alain Juppé, François Fillon, voire Bruno Le Maire, elle n'a reçu, à ce jour, le soutien d'aucun poids lourd de l'opposition. "C'est une candidate crédible sur le fond. Elle a beaucoup de talent, reconnaît un conseiller de Paris. Mais elle n'a pas beaucoup de soutiens au niveau national, ça va être son grand problème."

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