Les cinq priorités de François Fillon pour gagner en 2017

"On n'a pas du tout abordé les questions postérieures au second tour... Vous n'imaginez pas d'où on vient ! Rappelez-vous qu'en juillet, on était à 8% ! Rien ne décollait." Voilà le cri du cœur d'un proche de François Fillon, trois jours avant le second tour. Maintenant que François Fillon a gagné la primaire, il se retrouve dans la situation de favori en vue de l'élection présidentielle, en mai 2017. S'il n'a pas eu le temps de réfléchir à sa future campagne, franceinfo liste ses cinq priorités pour préparer mai 2017.

1Rassembler son parti et son camp

C'est la première mission de François Fillon : rassembler son camp après une primaire où le ton est monté entre les candidats. Comment se réconcilier avec les juppéistes ? Comment intégrer les sarkozystes ? Les statuts des Républicains prévoient que le vainqueur de la primaire choisisse la nouvelle direction du parti. François Fillon va-t-il maintenir Laurent Wauquiez, qui a soutenu Nicolas Sarkozy dans la primaire ?

Au vu de son score, et de son positionnement, François Fillon a les mains libres. "Avec son score écrasant, et le fait que sa ligne est au centre de gravité du parti (ce qui n'était pas le cas d'Alain Juppé), il fera ce qu'il veut du parti", analyse un sarkozyste, interrogé par franceinfo. François Fillon peut aussi avoir son mot à dire à propos des investitures aux législatives, dont aucune n'est officiellement bouclée. Un très proche de François Fillon résume : "Si vous voulez opérer un large rassemblement, il ne faut pas être rancunier. Mais il ne faut rien oublier." Ambiance.

2Laisser la gauche se diviser

Pendant la campagne de la primaire de la gauche, prévue les 22 et 29 janvier, François Fillon peut compter sur le talent de la majorité pour se déchirer. La multiplication des candidats, le droit d'inventaire exercé sur le quinquennat de François Hollande alors qu'il lui reste encore cinq mois de mandat, la perspective de la défaite, promettent de violentes passes d'armes à gauche.

Un relatif temps mort pour François Fillon, dont il compte tirer profit : "C'est parfait, personne ne se rendra compte du vide grâce à la primaire socialiste, on va pouvoir travailler tranquillement, on ne sera pas embêté", estime un soutien du candidat de la droite. Attention tout de même à ne pas disparaître complètement des écrans : pendant cette période, Fillon sera une cible récurrente des candidats de la primaire de la gauche.

3Organiser sa campagne

Si l'équipe de François Fillon estime qu'au niveau du projet, l'essentiel du travail est réalisé, il reste à organiser la campagne. L'organigramme, d'abord : Patrick Stefanini, qui a dirigé la campagne de la primaire de la droite, devrait conserver son titre. Il avait déjà mené Chirac à la victoire en 1995, c'est dire s'il a de l'expérience. Mais d'autres postes clefs sont à pourvoir : le trésorier, le responsable du projet, celui de la cellule riposte, etc. Des désignations qui devraient intervenir dans les prochaines semaines.

Il faut aussi trouver un siège de campagne. François Fillon a promis de révéler son gouvernement potentiel avant l'élection présidentielle. Il va rapidement définir une quinzaine de "fonctions majeures", sorte de préfiguration d'un gouvernement, et mettre en place des groupes de travail correspondants. Matignon, place Beauvau, Bercy... Les prétendants sont nombreux. A charge pour le candidat de la droite d'annoncer son équipe sans décourager trop de monde.

4S'accorder avec le centre

Le rassemblement avec l'UDI, qui s'était rangé derrière Alain Juppé, semble possible. Selon les informations de franceinfo, Jean-Christophe Lagarde a fait savoir à François Fillon, entre les deux tours, qu'il souhaitait le voir rapidement après le second tour s'il sortait vainqueur du scrutin. Le patron de l'UDI devrait s'accorder avec le gagnant de la primaire, à condition d'élaborer un "projet législatif commun", qui sera soumis au vote d'un conseil national début 2017.

Certains à l'UDI pourraient aussi être tentés de rallier Emmanuel Macron. Mais que va faire François Bayrou ? Le président du MoDem a toujours dit qu'il ne se présenterait pas si Alain Juppé était le candidat de la droite. Qu'en est-il, maintenant que François Fillon a été désigné par les électeurs de droite ?

5Contenir le Front national

Tous les sondages placent Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Pendant sa campagne, François Fillon devra donc tout faire pour contenir le plus possible le Front national. Son positionnement très droitier devrait l'aider. Marion Maréchal-Le Pen l'a elle-même reconnu devant des journalistes le 23 novembre : "Fillon nous pose un problème stratégique." Et d'ajouter : "Il est le plus dangereux pour le FN."