"Les Républicains dérivent vers un nationalisme et un conservatisme" : Dominique Bussereau explique pourquoi il se met "en congé" de son parti
Le président du conseil département de Charente-Maritime Dominique Bussereau a expliqué, dimanche sur franceinfo, ne plus se sentir "à l'aise" chez Les Républicains et prend la décision de se mettre "en congé" de son parti.
L'ancien ministre et actuel président du conseil départemental de Charente-Maritime Dominique Bussereau annonce, dimanche 14 janvier, dans le Journal du Dimanche, se mettre "en congé" du parti Les Républicains. Sur franceinfo, il explique cette décision par la "dérive" du parti "vers un nationalisme, un repli, un conservatisme" et ne plus s'y sentir "à l'aise".
franceinfo : Pourquoi annoncez-vous cette prise de distance avec le parti les Républicains ?
Dominique Bussereau : Je ne m'y sens plus à l'aise. Je me suis engagé en politique lorsque j'avais 20 ans, grosso modo pour l'engagement européen. Mon grand-père avait combattu à Verdun, mon père avait été en Allemagne pendant la guerre, je trouvais que l'Europe était le plus beau combat. J'ai trouvé à mener ce combat avec Giscard, dans l'UDF, ensuite dans l'UMP quand nous avons pu, en 2002, faire que les gaullistes, les radicaux, les centristes, les libéraux, se rejoignent sur un certain nombre de sujets et donc sur l'Europe. Je vois la formation politique Les Républicains dériver vers un nationalisme, un repli et un conservatisme. Je ne m'y sens plus à l'aise, d'où ma décision de m'en mettre en congé jusqu'au moment des élections européennes. À ce moment, je verrai bien ce qu'ils racontent, ce qu'ils font, ce qu'ils disent, ce qu'ils pensent, sur l'engagement européen.
N'existe-t-il pas une entente possible, pour l'heure, avec Laurent Wauquiez ou Guillaume Peltier ?
Ce n'est pas Laurent Wauquiez qui est en cause. J'ai le plus grand respect pour Laurent Wauquiez et je n'ai aucune animosité à son égard. Il est clair que les positions nationalistes, y compris anti-libérales de Guillaume Peltier, sont aux antipodes de mon engagement politique. Sur le Front national, ce n'est pas Laurent Wauquiez que j'entends, mais j'entends certaines prises de parole. Il y avait, récemment, un comparatif, dans Libé je crois, sur des propos, en demandant s'ils ont été tenus par quelqu'un des Républicains ou du Front national, sur l'immigration, l'opposition au gouvernement. C'est vrai qu'à certains moments, pour certains porte-parole, j'ai trouvé les propos rigoureusement ou quasiment identiques. Pour moi, c'est, naturellement, tout à fait inadmissible.
Vous prenez vos distances, mais vous ne claquez pas la porte pour autant. Pourquoi ?
J'ai créé cette maison. Jacques Chirac, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin ont demandé, en 2001, à Hervé Gaymard, Renaud Dutreil et moi de créer l'Union en mouvement, qui a permis la création de l'UMP en 2002. Cela a permis de résister au Front national lors des élections présidentielles et législatives. Quand vous avez été maçon, vous avez du mal à donner un coup de bulldozer dans votre maison. J'ai donc choisi la position de la mise en congé. Cela veut dire que je ne participe plus à aucune instance, que je ne suis plus encarté, cela me permet donc d'observer. Puis, très franchement, je pense que la vie politique va changer. Le Parti socialiste est dans un état pitoyable. Je ne suis pas sûre que En Marche fonctionne encore très bien. Donc, je pense que cette période précédant les élections européennes va être une grande période de recomposition politique et qu'il se passera très certainement des choses pendant cette période et à l'issue des élections européennes, qui permettront, à ce moment-là, d'avoir un positionnement compréhensible et de se sentir à l'aise dans la vie politique.
Dans le Journal du Dimanche, vous dites que vous ne voulez pas continuer à jouer la même partition dans l'orchestre du Titanic, alors que le naufrage a déjà eu lieu. Pour vous, le parti LR est en train de couler ?
Je pense que tous les grands partis sont aujourd'hui très mal. L'irruption d'Emmanuel Macron, la très forte majorité En marche à l'Assemblée nationale, tout ça a complètement modifié la vie politique. Je pense que le PS, on le voit bien avec la profusion un peu ridicule de candidatures pour diriger un bateau qui, lui aussi, est proche du Titanic, et les Républicains, je ne trouve pas qu'ils aillent mieux non plus. Tous les partis traditionnels sont malades, parce que la vie politique a changé. Il y a une nouvelle donne. En France, c'est toujours l'élection présidentielle qui organise la vie publique. Là, elle a réorganisé la vie publique. Certains partis sont restés dans l'ancien temps. Même si je suis aujourd'hui sexagénaire, j'ai envie de vivre dans le nouveau temps et pas dans l'ancien temps.
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