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Cumul d'emplois, soupçons de conflit d'intérêts… Ce que l'on sait des accusations qui visent Caroline Magne, l'ex-femme d'Eric Ciotti

Le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire pour "vérifier le bien-fondé des éléments parus dans la presse". La justice enquête notamment sur une suspicion d'emplois fictifs, précise une source proche du dossier à France Télévisions.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Eric Ciotti et Caroline Magne au mariage princier d'Albert et Charlène à Monaco, le 2 juillet 2011. (MAXPPP)

La justice s'en mêle. Après la publication de plusieurs articles sur l'ex-épouse d'Eric Ciotti, Caroline Magne, une enquête préliminaire a été ouverte pour "détournement de fonds publics", "abus de confiance" et "recel de ces infractions", a annoncé le Parquet national financier (PNF), mardi 22 novembre, confirmant une information de BFMTV. Objectif : "Vérifier le bien-fondé des éléments parus dans la presse." L'ancienne femme du député LR, candidat à l'élection du président du parti des Républicains, prévue les 3 et 4 décembre, est soupçonnée d'avoir cumulé plusieurs emplois fictifs à l'Assemblée nationale et dans les Alpes-Maritimes. Voici ce que l'on sait des accusations portées à son encontre.

Des soupçons d'emplois fictifs

Dans son édition de mercredi dernier, Le Canard enchaîné s'intéresse à la carrière de Caroline Magne, qui a cumulé divers emplois auprès du député Eric Ciotti et de ses alliés politiques. Attachée de presse depuis 2005 de Christian Estrosi, alors président du conseil général des Alpes-Maritimes, elle devient sa cheffe de cabinet en 2007. La même année, son mari, fraîchement élu à l'Assemblée, la choisit comme attachée parlementaire, une fonction qu'elle va occuper pendant près de dix ans. Fin 2008, elle "étend ses compétences" au conseil départemental lorsque son époux en prend la présidence.

L'hebdomadaire satirique rappelle qu'à la même période, elle devient aussi directrice adjointe de Christian Estrosi à la mairie de Nice, chargée de la communication et l'événementiel, avant d'intégrer l'équipe de pilotage de la communauté urbaine, exerçant ces responsabilités jusqu'en 2011. A l'Assemblée, son contrat prend fin en 2016, mais elle exerce également, entre 2014 et 2016, des responsabilités dans la commune de La Colle-sur-Loup comme directrice générale des services (DGS), et occupe un emploi au diocèse de Nice entre 2012 et 2014.

La justice examine l'ensemble de ces activités et enquête sur une suspicion d'emplois fictifs, précise une source proche du dossier à France Télévisions. Comme le rapporte Libération, la plupart de ces occupations figurent aussi bien sur le compte LinkedIn de Caroline Magne que dans des articles de presse de la fin des années 2000. Mais aucune demande d'autorisation de cumul n'a jamais été accordée, comme la loi l'exige, précise le quotidien.

Dans un nouvel article publié mardi, il révèle que l'ancienne femme d'Eric Ciotti a fourni une "fausse attestation" aux médias pour démontrer que son cumul de fonctions entre l'Assemblée et La Colle-sur-Loup "était connu". Il y est mentionné une activité de "collaborateur de cabinet", poste qu'elle n'a jamais occupé dans cette mairie. L'intéressée dément dans les colonnes du journal et évoque un trou de mémoire : "Il m'était resté dans la tête que j'avais été collaboratrice de cabinet avant de devenir DGS."

Un éventuel conflit d'intérêts

Pourquoi Caroline Magne n'a pas sollicité d'autorisation de cumul d'emplois à l'époque ? Toujours selon Libération, le poste de DGS n'est pas compatible avec celui d'assistante parlementaire, alors que celui de "collaborateur de cabinet" du maire l'est. Selon un responsable local interrogé par le quotidien, cette discrétion pourrait également "s'expliquer par le fait qu'elle était dans une position de conflit d'intérêts, puisqu'elle était la DGS de la ville de La-Colle-sur-Loup, mais aussi l'assistante du député qui était président du conseil départemental, et qui, à ce titre, accordait les subventions aux communes, dont la ville de La-Colle-sur-Loup".

En 2021, Caroline Magne devient DGS de la mairie de Mandelieu, fief d'un des plus gros soutiens d'Eric Ciotti dans le département, rappelle le journal.

Des rémunérations très confortables, selon "Libération"

Ce cumul d'emplois a généré des émoluments conséquents et allant crescendo, détaille Libération, qui a publié les détails du relevé de carrière de Caroline Magne. En 2007, elle perçoit une rémunération brute de 51 500 euros pour le poste de cheffe de cabinet de Christian Estrosi au département et celui de collaboratrice parlementaire de son mari. L'année d'après, elle suit Christian Estrosi à la mairie de Nice, toujours comme cheffe de cabinet. Avec ces trois postes, elle perçoit "77 500 euros brut", détaille le journal. En 2009, son activité à la communauté urbaine Nice-Côte d'Azur fait bondir son revenu à 94 500 euros brut. "Etre cheffe de cabinet, c'est gérer le quotidien. Je le faisais pour Estrosi, qui était à la fois maire de Nice et président de communauté urbaine", se défend-elle auprès de Libération.

Se disant "bassement attaqué", Eric Ciotti a expliqué mardi avoir employé Caroline Magne comme collaboratrice parlementaire "à temps très partiel" et "dans le strict respect des lois et règlements". Son emploi "en circonscription" atteignait "5h25 par semaine", assure-t-il. Quant à celui à la mairie de La-Colle-sur-Loup, "la durée de travail hebdomadaire n'a jamais dépassé 9 heures par semaine, précise-t-il. Dans les deux cas, le cumul d'activité n'a jamais dépassé 44 heures par semaine." Dans un communiqué publié mardi après-midi, Eric Ciotti a tenu "à souligner que ces emplois ont toujours été pleinement exercés, qu’ils étaient connus de tous et en totale cohérence avec sa formation universitaire."

Reste que sa femme était payée 20 000 euros par an pour son travail de collaboratrice parlementaire, selon Libération, qui a fait le calcul : pour 5,5 heures par semaine, cela représente une rémunération de 70 euros brut de l'heure, soit huit fois le smic horaire de l'époque.

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