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Création du parti politique "Agir" : "Cela devient compliqué pour les sympathisants" de droite de s'y retrouver

Pour le politologue Bruno Cautrès, la création du parti "Agir" par Les Construcifs participe à l'éclatement actuel de la droite française. Selon lui, elle est encore "traversée par le désastre de la candidature Fillon" à l'élection présidentielle.

Article rédigé par franceinfo
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Le politologue Bruno Cautrès, le 28 novembre 2016 (FRANCEINFO)

Dix-neuf élus français membres des Constructifs, issus de la droite, lancent un nouveau parti, "Agir : la droite constructive", comme ils l'expliquent dans une tribune publiée dimanche 26 novembre sur le site du Figaro. Invité de franceinfo lundi, Bruno Cautrès estime que "cela devient compliqué pour les sympathisants" de droite de s'y retrouver dans le paysage politique français. Selon le chercheur du CNRS au Cevipof, "cela fait effectivement un tableau très éclaté, qui traduit à quel point la droite française est traversée par le désastre de la candidature Fillon" lors de la dernière élection présidentielle.

franceinfo : Les sympathisants vont-ils encore se retrouver dans cette droite qui se déchire et se morcelle ?

Bruno Cautrès : Cela devient compliqué pour les sympathisants. Entre l'élection à venir à la tête des Républicains (LR), le fait que plusieurs membres [Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, Bruno Le Maire ayant adhéré en septembre], plus Thierry Solère rejoignent LREM, plus la création d'"Agir", plus ce qui va sans doute se passer au niveau du centre avec l'UDI et le Modem... Cela fait effectivement un tableau très éclaté, qui traduit à quel point la droite française est traversée par le désastre de la candidature Fillon et l'échec de ce candidat à se qualifier pour le second tour de l'élection présidentielle.

La figure de Laurent Wauquiez, favori pour prendre la tête de LR et dont les positions sont décriées jusque dans son parti, a-t-elle pu jouer un rôle dans ce morcellement ?

Bien sûr, cela joue un rôle. Malgré le fait que Laurent Wauquiez ne cesse de dire qu'il n'y aura pas de rapprochement avec le Front national s'il est élu à la tête de LR et qu'il veut être un candidat de rassemblement, ses camarades ont un doute, compte tenu des thématiques sur lesquelles il se sent le plus à l'aise. Ce sont des thématiques de l'affirmation d'une droite sur les questions identitaires, sur la question de l'Europe, sur la question nationale. Ceux qui viennent de créer "Agir" indiquent vouloir une droite libérale, humaniste, européenne et sociale.

Et pourquoi partir plutôt que de changer les choses à l'intérieur du parti Les Républicains ? La ligne de Laurent Wauquiez est-elle trop dominante ?

Oui et Laurent Wauquiez s'apprête sans doute à être élu assez largement. S'il gagne cette élection, même avec une très forte majorité, il aura un enjeu : qui montera avec lui sur le pont ? Quelles têtes fera-t-il apparaître pour montrer qu'effectivement il est dans le rassemblement ? Le jeu de poker menteur n'est pas encore terminé à l'intérieur de la droite ; lequel est le plus rassembleur, lequel est le moins prêt à s'allier avec le Front national ? Cela n'a pas encore fini de faire des vagues.

Il n'a donc pas forcément intérêt à exclure du parti LR ceux qui auront rejoint "Agir" ?

Non, ce sera vraiment la question de la double appartenance. Effectivement, cela ne semble pas être dans l'intérêt immédiat de Laurent Wauquiez d'apparaître comme celui qui exclut. Il lui faudra sans doute apparaître comme celui qui peut convaincre cette diversité de la droite qu'il y a un horizon pour elle dans la perspective de 2022. En toile de fond, c'est de cela qu'il s'agit : qui va être le candidat de la droite en 2022 ? Et est-ce qu'une partie de la droite, la partie la plus centriste, ne commence-t-elle pas à se dire que son candidat pour 2022 s'appelle plutôt Emmanuel Macron ?

"Agir" a une chance de peser dans le paysage politique français, notamment face à LREM ?

C'est très difficile pour une formation politique nouvelle de trouver sa vitesse de croisière, d'exister aux yeux des Français, de passer ce cap de la notoriété. Cela demande beaucoup de temps de faire apparaître des thématiques un peu originales : montrer ce qu'"Agir" représente que ne représente pas déjà Emmanuel Macron, LREM et une partie de LR. Cette droite qui se retrouve dans "Agir" c'est beaucoup la question de l'Europe, de l'ouverture, de la tolérance culturelle. Ce ne sont pas des questions précises mais ce sont des marqueurs extrêmement importants. La droite française est morcelée sur ces questions-là. Elle se retrouve sur des questions d'économie, mais se déchire sur des questions sociétales. C'est plutôt l'inverse pour la gauche.

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