Alain Juppé au Conseil constitutionnel : une nomination "utile" "au moment où la République est fragilisée par les "gilets jaunes""
Selon la sénatrice Agir du Bas-Rhin Fabienne Keller, Alain Juppé, nommé au Conseil constitutionnel saura donner à la Ve République "toute sa puissance", comme elle a été travaillée initialement par le général de Gaulle.
La nomination d'Alain Juppé, le maire de Bordeaux, au Conseil constitutionnel par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand est "la prise en compte de son formidable parcours", selon la sénatrice Agir du Bas-Rhin Fabienne Keller, invitée jeudi 14 février sur franceinfo et persuadée qu'il sera "formidable" et "sur l'essentiel".
Que représente cette nomination d'Alain Juppé au Conseil constitutionnel selon vous ?
C'est la prise en compte de son formidable parcours, son expérience à la fois nationale, internationale et des collectivités locales au moment où la République est fragilisée par les "gilets jaunes", par la remise en cause de la constitution et de ses fondements. Son expérience, son statut d'homme d'État lui donnent une pertinence, une force particulière. Le terme "sage" je crois est très fort, mais c'est plus que ça. C'est un gaulliste convaincu, il saura donner à cette Ve République toute sa puissance comme elle a été travaillée initialement par le général de Gaulle et c'est toujours cette inspiration qui est très présente. Je crois que c'est l'homme utile, précieux, dans cette fonction-là, à ce moment pour la République française. Je ne doute pas que pour lui le choix ait été très douloureux d'être moins présent à Bordeaux, de ne plus en être le maire.
Pensez-vous qu'Alain Juppé a vécu difficilement les débordements lors des manifestations des "gilets jaunes" à Bordeaux ?
Il se battait, il avait eu des paroles très fortes pour dire qu'il fallait que ça cesse, mais je n'ai pas de doute sur le fait qu'il n'y ait aucun renoncement. Il se battait aux côtés de Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, qui subit des dégradations de même nature, pour que ça s'arrête, pour qu'on trouve des voies et moyens pour que cette violence inadmissible et qui pour un maire est douloureuse parce que c'est la plus belle ville, le cœur de sa ville qui a été démoli, abimé chaque samedi, alors que normalement c'est le lieu où on se balade, on profite de l'esthétique de la ville, de sa convivialité et de son rayonnement.
Est-il possible à vos yeux d'être un Sage quand on a été condamné par la justice ?
Alain Juppé a subi très fortement il y a maintenant 15 ans une procédure judiciaire [dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris]. Il a payé et payé chèrement, payé pour d'autres aussi. C'est la règle de notre République. Donc je crois qu'il a cette expérience et aussi ce vécu qui l'a beaucoup humanisé, cette expérience, cette souffrance, ce choix de vivre pendant une année au Canada pour se ressourcer, pour se reconstruire. Je pense que toute cette expérience façonne la personnalité d'Alain Juppé et cela lui donne un rôle à la fois très expérimenté mais aussi profondément humain au Conseil constitutionnel.
Quel Sage sera-t-il ?
Je n'ai pas de doute qu'il sera formidable mais qu'il sera surtout sur l'essentiel. Quand j'ai travaillé avec lui très étroitement pour la primaire de la droite et du centre [avant l'élection présidentielle de 2017], j'ai été frappé par son sens de l'État et par son sens de l'intérêt général. C'est la France qui est son moteur, ce sont les Français, le vivre-ensemble, la volonté de faire rayonner notre pays et de faire respecter ces règles. J'ai beaucoup d'admiration pour son parcours, pour ses choix, pour ses convictions, pour ses valeurs qu'il défend plus que tout, quel que soit l'intérêt à court terme. (…) Il tient à l'Europe, il souhaite qu'elle rayonne. Il pourra un peu moins le dire à cause de l'obligation de réserve liée au Conseil constitutionnel mais ses idées sont très présentes et ses convictions resteront là dans le débat politique.
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