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Les propos de Fillon sur le FN continuent de faire des vagues

Les réactions n'en finissent pas, depuis que François Fillon a réitéré ses propos sur le Front national, renvoyant PS et FN dos à dos en matière de "sectarisme", et rejetant tout "front républicain". Pour une partie de la droite, une ligne de fracture a été franchi, "alerte rouge" a indiqué samedi Jean-Pierre Raffarin sur son compte Twitter.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Eric Gaillard Reuters)

Très bon timing pour le Front national. Alors que le parti est réuni ce week-end pour son université d'été à Marseille, la polémique n'en finit pas autour des propos de François Fillon, plaçant le FN au coeur du débat politique ces jours-ci.

L'ancien Premier ministre a réaffirmé vendredi soir à Nice ce qu'il avait déjà dit plus tôt dans la semaine : l'équivalence de sectarisme entre certains PS et certains FN, qu'il refuse de départager. Il a aussi jeté aux orties le "ni, ni" (ni FN, ni PS) et le "front républicain" (vote pour le candidat non FN). Tout en affirmant quand même que le programme du FN est absurde et dangeureux.

Ces propos suscitent des réactions outrées, à droite, au centre, et à gauche. "Digue brisée", "ligne rouge", "frontière de dignité", "barrage qui tombe", chacun y va de son commentaire. 

"Alerte rouge" pour Raffarin

Certains analysent ce changement de cap comme une tentative de séduire la base UMP en vue de la présidentielle de 2017. Mais pas à n'importe quel prix, pour Jean-Pierre Raffarin. L'ancien Premier ministre, figure des centristes de l'UMP, s'est exprimé samedi sur son compte Twitter : 

Et si à l'UMP, Jean-François Copé ne s'est pas encore exprimé, ses partisans le font pour lui. "L'histoire retiendra que François Fillon aura ouvert les vannes  entre l'UMP et le FN ", s'emporte un cadre du parti interrogé par l'AFP.

"La mort de l'UMP" pour l'UDI de Borloo

"L'UMP en tant que prétention de l'incarnation de la droite et du centre  est morte cette semaine " a également lancé Jean-Louis Borloo samedi, devant un millier de militants et adhérents de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) au Palais de Congrès du Futuroscope de Poitiers. Un peu plus tôt, il avait déjà appelé l'UMP a plus de "clarté".

"Un vrai séisme " pour la vie politique française, a également dit samedi Hervé Morin, pour qui François Fillon a tout simplement "essayé de doubler Nicolas Sarkozy " sur le thème du FN. 

Une "vision choquante" pour Manuel Valls

"L'ancien Premier ministre François Fillon a une définition bien étrange du  sectarisme, une vision étrange et pour tout dire choquante, de la part d'un ancien Premier ministre qui se proclame héritier du gaullisme et qui a été le compagnon de Philippe Séguin, qui aurait trouvé ce mot, sectarisme, bien petit,  bien rabougri ", a lancé Manuel Valls samedi. "C'est un barrage qui tombe et ce barrage est pour moi et pour les  Républicains tout à fait insupportable. Je lui demande de se ressaisir ", a-t-il ajouté.

Le Premier secrétaire du PS Harlem Désir a également appelé François Fillon à renoncer à "une ligne  politique inacceptable ".

Une victoire pour la Droite forte

Mais pour d'autres, cette droitisation est une victoire, c'est le cas du co-fondateur de la Droite forte, Geoffroy Didier, aile droite de l'UMP. "Nous avons toujours dit qu'une part de notre mission était d'aller vers  les électeurs du Front national, de nous adresser à eux. Le tournant de François Fillon est véritablement une victoire idéologique de la Droite forte ", a-t-il déclaré.

Et les partisans de François Fillon, eux aussi, montent au front. Avec par exemple Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes : 

Un débat qui donne en tout cas beaucoup de place au FN ces jours-ci, et dont Marine Le Pen devrait savoir se saisir dimanche lors de son discours de clôture de l'université d'été du parti d'extrême droite. "On a beaucoup de VRP au FN ", a déjà résumé Florian Philippot, le vice-président du parti.

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