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Les petites phrases ont ponctué la campagne abaissant le niveau du débat politique

Entre les petites phrases, les tacles et les bons mots, il ne s’est pas passé une journée sans qu’une déclaration d’un candidat n’ait fait l’actualité de cette campagne. Petit florilège des meilleures piques qui ont ponctué la campagne.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Philippe Poutou en meeting à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 26 mars (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Entre les petites phrases, les tacles et les bons mots, il ne s'est pas passé une journée sans qu'une déclaration d'un candidat n'ait fait l'actualité de cette campagne. Petit florilège des meilleures piques qui ont ponctué la campagne.

  • La préférée de la rédaction :

C'est sûrement la meilleure petite phrase de la campagne. Lors de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 le 11 avril dernier, Philippe Poutou a tenté de faire le parallèle avec ses luttes syndicales dans son usine Ford à Blanquefort en Gironde : "Moi d'habitude, on est chez le patron en groupe, on séquestre en groupe."

  • Les meilleures métaphores :

La palme de la meilleure métaphore est décernée à Luc Chatel qui, le 13 novembre, a comparé François Hollande à "Babar". "Il y a un personnage de bande dessinée qu'on connaît bien, qui s'appelle Babar, a-t-il lancé. Barar, il est sympathique, c'est le roi des éléphants. C'est l'histoire qu'on raconter aux enfants pour les endormir le soir."

En deuxième position, une autre pique encore destinée à François Hollande provient de Jean-Luc Mélenchon. Elle est datée du 13 novembre. "A présent, à gauche, pourquoi choisir pour entrer dans la saison des tempêtes, un capitaine de pédalo comme François Hollande ?", s'est-il interrogé.

  • La meilleure bourde :

Dans ce domaine, Hervé Morin a fait très fort fin janvier, en se voyant témoin du débarquement allié à la fin de la Seconde guerre mondiale, alors que l'ancien candidat du Nouveau centre est né en 1961. "Vous qui avez vu le débarquement de Provence, moi qui ai vu en Normandie le débarquement des Alliés, nous avons vécu des épreuves tellement plus difficiles que celles que nous avons à vivre aujourd'hui", a-t-il déclaré.

  • Les meilleurs dérapages :

On le sait, les paroles des politiques dépassent souvent leur pensée. Mais les meilleurs dérapages, eux, ont la vie dure.

"Le problème d'image d'Eva Joly ne vient pas que de son accent, c'est aussi physique", a déclaré Nadine Morano, le 8 février.

Un autre bon dérapage est à attribuer à Robert Hue qui, fin novembre a affirmé que Jean-Luc Mélenchon était "dans une dérive sectaire". "Avec quelques bons mots assassins, Jean-Luc Mélenchon veut alimenter le doute sur François Hollande, a-t-il dit. Jean-Luc Mélenchon est dans une dérive sectaire."

Ségolène Royal le 15 avril à Vincennes à Paris (MARTIN BUREAU / AFP)

  • Le meilleur coup bas :

Dans cette catégorie, les coups bas sont issus du camp même des candidats en question. La palme du coup bas revient à Ségolène Royal à propos de son ancien compagnon. "Le point faible de François Hollande, c'est l'inaction, a-t-elle estimé. Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ?"

  • Les meilleures piques en langage familier :

Dans une élection qui cristallise le vote du peuple au suffrage universel, rien ne vaut le langage familier pour faire populaire. Candidats et lieutenants ont donc tenté de nombreuses petites phrases issues de ce registre.

Ainsi, Nicolas Sarkozy a tenté de défendre son bilan, annonçant fin mars une "baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs". "Il n'y a pas de baisse tendancielle du foutage de gueule", a commenté en réponse Olivier Besancenot, fidèle à son franc-parler.

Pour François Bayrou, le "déconnomètre fonctionne à plein tube", au sujet de la proposition de François Hollande de taxer à 75 % les plus hauts revenus.

Les écologistes n'ont pas été en reste dans cette compétition. Régulièrement critiquée et moquée, Eva Joly s'est défendue tant bien que mal. "Ce n'est pas aux pisse-froid et casse-couilles, comme dirait ma copine Cécile Duflot, de décider qui doit être la candidate ou pas, a-t-elle déclaré le 13 février. Maintenant, je ne réponds plus aux questions sur ma légitimité."

Les affiches de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en avril à Paris (JOEL SAGET / AFP)

  • Le duel Marine Le Pen / Jean-Luc-Mélenchon :

Le candidat du Front de gauche et celle du Front national se sont régulièrement affrontés via des petites phrases pleines d'amabilités. Pas de pitié dans ce duel de bons mots, l'enjeu de ces attaques consistant à ridiculiser l'adversaire.

Pour Marine Le Pen, il s'agit de railler la volonté de Jean-Luc Mélenchon de se positionner du côté de la révolution. "Mélenchon aussi révolutionnaire que je suis danseuse au Crazy Horse", a déclaré la candidate frontiste fin avril.

Un peu plus tôt, elle l'avait accusé de "jouer le populaire". "Jean-Luc Mélenchon, c'est le nouveau Bernard Tapie, a-t-elle estimé le 5 avril dernier. Vous voyez, le gros bourgeois qui joue le populaire pour essayer de ramener au parti ‘bobo' qu'est le Parti socialiste les voix de ceux qui travaillent et de ceux qui souffrent de cette politique depuis 30 ans."

Jean-Luc Mélenchon n'est pas resté sans voix à ce sujet. Le tribun du Front de gauche s'est régulièrement moqué de Marine Le Pen. "C'est une semi-démente, qui propose des solutions auxquelles personne ne peut croire", a-t-il affirmé fin janvier.

"Mme Le Pen que vous êtes bête, a-t-il même lancé lors de son meeting à Montpellier en février. Vous ne comprenez rien à la France."

François Hollande et Nicolas Sarkozy (illustration) (THOMAS SAMSON / AFP)

  • Le duel Nicolas Sarkozy / François Hollande :

Nicolas Sarkozy n'était pas encore entré en campagne, mais il dénonçait déjà une "campagne de caniveau" fin janvier. Pour le candidat de l'UMP, la forme qu'a prise cette campagne présidentielle tournée vers les petites phrases des uns et des autres a conduit à "étouffer le débat".

De son côté, François Hollande s'est refusé pendant un temps à entrer dans la surenchère, utilisant même des périphrases pour ne pas nommer Nicolas Sarkozy. Mais au final, les deux candidats ont fini par s'envoyer quelques politesses par médias et lieutenants interposés.

"Nicolas Sarkozy se bat pour continuer à bénéficier de son immunité", a accusé Arnaud Montebourg, le 19 avril.

"François Hollande fait un pas en avant, puis deux pas à gauche, puis trois pas en arrière, puis un pas à droite, a déclaré François Baroin, le 9 mars. C'est le roi du Madison !"

François Hollande est finalement entré dans la course aux petites phrases avec un off rapporté le 3 janvier où le candidat socialiste se glisse dans la peau de Nicolas Sarkozy. "Il va se présenter comme le capitaine courage recherchant l'impopularité, et leur dire : ‘je suis le président de l'échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j'ai le courage'."

En réaction aux propos tenus par le candidat socialiste à Londres, Nicolas Sarkozy a raillé son adversaire le 19 février, affirmant que François Hollande faisait "semblant d'être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris".

Qu'à cela ne tienne, François Hollande peut compter sur ses lieutenants pour mouiller le maillot. "Le Nicolas Sarkozy qu'on cherche à vendre aux Français est un faux, une contrefaçon, un produit de contrebande imaginé par des cerveaux d'extrême-droite, et revendu par des valets sans morale comme Xavier Bertrand qui ne prennent même plus la peine de justifier l'injustifiable en préférant insulter l'adversaire", a écrit Najat Vallaud-Belkacem, le 26 février dans un communiqué.

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